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01/12/2014

Tout ce qui en moi était bon s’est mis à vibrer dans mon cœur à ce moment précis

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Sans échanger un mot on est arrivé à Pacific Palissades, ou les falaises surplombent le mer de très haut. Le vent froid nous faisait dévier, la guimbarde en chancelait. D’en bas montait la fureur de la mer. Au large on voyait des bancs de brouillard ramper lentement vers le littoral comme une armée de fantômes. En dessous de nous les brisants cognaient à poings blancs contre le rivage. Ensuite ils battaient en retraite et revenaient cogner. A chaque retrait la plage se fendait d’un sourire de plus en plus large. On a descendu la route en spirale ; on l’a descendu en seconde. On aurait dit que la chaussée noire transpirait, avec toutes ces langues de brouillard qui la léchaient. L’air était si propre. On respirait ça à pleins poumons et cela faisait rudement du bien. »

« Il était trois heures du matin à peu près. Un matin incomparable : Le bleu et le blanc des étoiles et du ciel étaient comme les couleurs du désert et je me suis arrêté pour les regarder tellement elles étaient douces et émouvantes ; à se demander comment s’était possible, pareille beauté. Pas une seule fronde ne bougeait dans les palmiers sales. On n’entendait pas un bruit.
Tout ce qui en moi était bon s’est mis à vibrer dans mon cœur à ce moment précis. Tout ce que j’avais jamais espéré de l’existence et de son sens profond, obscur. C’était ça, le mutisme absolu, la placidité opaque de la nature complètement indifférente à la grande ville, le désert sous les rues et la chaussée ; et, encerclant ces rues, le désert a qui n’attendait que la mort de la ville pour la recouvrir de ses sables éternels. J’étais soudain investit d’une terrible compréhension, celle du pourquoi des hommes et de leur destin pathétique. Le désert serait toujours là, blanc, patient, comme un animal à attendre que les hommes meurent, que les civilisations s’éteignent et retournent à l’obscurité. Les hommes étaient bien braves, si c’était ça, et j’étais fier d’en faire partie. »

John Fante, Demande à la poussière

 

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Mourir, c’était la tâche suprême

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« Tout ce qui en moi était bon s’est mis à vibrer dans mon coeur à ce moment précis, tout ce que j’avais jamais espéré de l’existence et de son sens profond, obscur. C’était ça, le mutisme absolu, la placidité opaque de la nature complètement indifférente à la grande ville, le désert sous les rues et la chaussée ; et, encerclant ces rues, le désert qui n’attendait que la mort de la ville pour la recouvrir de ses sables éternels. J’étais soudain investi d’une terrible compréhension, celle du pourquoi des hommes et de leur destin pathétique. Le désert serait toujours là, blanc, patient, comme un animal à attendre que les hommes meurent, que les civilisations, s’éteignent et retournent à l’obscurité. Les hommes étaient bien braves, si c’était ça, et j’étais fier d’en faire partie. Tout le mal de par le monde n’était donc pas mauvais en soi, mais inévitable et bénéfique ; il faisait partie de cette lutte éternelle pour contenir le désert. [...] et ce soir dans cette cité de fenêtres éteintes il s’en trouvait des millions comme lui et comme moi, aussi impossibles à différencier que des brin d’herbe mourante. C’était déjà assez dur comme ça de vivre, mais mourir, c’était la tâche suprême. »

John Fante, Demande à la poussière

 

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Le premier poème et la première peinture

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« De même, voulez-vous savoir quels ont été le premier poème et la première peinture ? Il est facile de le dire. Ce furent le premier lever du soleil au sortir du chaos, le premier murmure de la mer en s’informant de ses rivages, le premier frémissement des forêts au toucher de la lumière immaculée ; ce fut aussi l’écho de la parole encore vibrante de la création. Voilà la première poésie, le premier tableau dans lesquels a été peint l’Éternel. Nul peuple n’était encore dans le monde, l’idée d’art était déjà complète. »

Edgar Quinet, Génie dans l’Art

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J’ai vu, dans le fond de mon âme, le désespoir naître et croître et déborder

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« Partout, j’ai vu, dans le fond de mon âme, le désespoir naître et croître et déborder jusqu’à enfermer le limon de mes jours et l’algue de mes rives de sa rive infinie. Où es-tu donc, roi des morts ? Pour te chercher, j’use la plante de mes pieds ; j’ai fouillé, comme le vautour, dans la cendre des villes et sous le manteau des morts. La mer ressemble au bleu de ta tunique ; je t’ai cherché dans le creux de la mer. Rome, qui sue le sang, ressemble, avec ses murs, à ta couronne d’épines ; je t’ai cherché dans Rome. Le désert qui blanchit ressemble à ton suaire ; je t’ai cherché dans le désert. J’ai demandé aux femmes qui filent leurs quenouilles, aux enfants qui mangeaient leur pain d’orge sur la porte, aux gardeurs de cavales qui cordaient leur chanvre dans les bois : "l’avez-vous vu passer ?" où es-tu donc, roi des morts ? »

Edgar Quinet, Ahasvérus

 

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La soif infinie qui me dévore

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« J’aurais besoin de quelque chose de plus réel. Un vague désolant m’entoure ; je suis devenu l’écho de toutes les mélancolies des lieux où je passe. L’herbe fauve, le vent d’hiver, la feuille tombée, tout retentit, tout crie avec désespoir dans mon cœur.
(...) Laissez là, de grâce, ces mots vides. Pour me rendre le repos, c’est une religion nouvelle qu’il me faudrait, où personne n’aurait encore puisé. C’est elle que je cherche. C’est là seulement que je pourrai abreuver la soif infinie qui me dévore. »

Edgar Quinet, Ahasvérus

 

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