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25/05/2015

Ne désespère pas au milieu de la lie du siècle !

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

 

« Je préfère m’entretenir avec toi, berger de ton troupeau, père, mère dans la pauvre chaumière ! À toi aussi mille stimulants et attraits sont enlevés, qui jadis faisaient de ton rôle de père le ciel pour toi. Tu ne peux décider de la destinée de ton enfant ! On te le marque de bonne heure, peut-être dès le berceau, d’un lien d’honneur mis à sa liberté — le suprême idéal selon nos philosophes ! — tu ne peux l’élever pour le foyer paternel, les moeurs paternelles, la vertu et l’existence — il te manque donc toujours une sphère d’action, et comme tout est confus et marche confusément, il te manque le ressort qui facilite le plus d’éducation : l’intention. Il te faut appréhender qu’une fois arraché à tes mains il ne tombe brusquement dans le grand océan de lumière du siècle, cet abîme ! et ne s’y enfonce — bijou englouti ! irremplaçable existence d’une âme humaine ! L’arbre tout en flets, arraché trop tôt à la terre maternelle, transplanté dans un monde de tempêtes auquel souvent le tronc le plus dur résiste à peine, peut-être même transplanté à l’envers, la cime à la place des racines, et la triste racine en l’air — il menace de se dresser bientôt devant toi tout desséché, affreux, ses fleurs et ses fruits à terre ! — Ne désespère pas au milieu de la lie du siècle ! quels que soient menaces et obstacles — fais oeuvre d’éducateur. Donne une éducation d’autant meilleur, d’autant plus sûre et ferme — pour toutes les conditions sociales et toutes les tribulations au milieu desquelles il sera jeté ! pour les tempêtes qui l’attendent ! Tu ne peux rester sans rien faire; bonne ou mauvaise, il te faut donner une éducation : qu’elle soit bonne — et quelle vertu plus grande ! quelle récompense plus grand que dans chaque paradis aux buts plus faciles et à la formation plus uniforme. Combien un seul être formé à la vertu toute simple est plus nécessaire que jamais au monde actuel ! Là où les moeurs de tous sont identiques et toutes identiquement convenables, droites et bonnes, qu’est-il besoin de peine ! L’habitude sert d’éducation et la vertu se confond en une simple habitude. Mais ici! C’est une étoile brillant dans la nuit ! un diamant sous un tas de cailloux et de calcaire ! Élever un homme au milieu de bandes de singes et de masques politiques — comme il peut à son tour former son entourage dans un vaste rayon autour de lui par la divine vertu silencieuse de l’exemple ! Répandre des ondes autour de lui et après lui jusque dans l’avenir peut-être ! Pense en outre combien ta vertu est plus pure et plus noble ! Des moyens d’éducation plus nombreux et plus grands par certains côtés, plus toi-même et ton jeune homme vous manquez par ailleurs de ressorts extérieures ! — pense à quelle vertu tu t’élèves, supérieure à celle à laquelle Lycurgue et Platon aient le pouvoir et le droit d’élever ! — le plus beau siècle pour la vertu silencieuse, muette, généralement méconnue, mais si haute et en train de se répandre si loin. »

Johann Gottfried von Herder, Histoire et cultures

 

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Minces rameaux branlants

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« N’avons-nous "pas de guerres civiles", parce que nous sommes tous des sujets tellement satisfaits, rassasiés, heureux ? ou bien n’est-ce pas justement pour des raisons qui souvent accompagnent précisément le contraire ? — "Pas de vices" — parce que nous avions tous tant de vertu qui nous entraîne, liberté grecque, patriotisme romain, piété orientale, honneur chevaleresque, et toutes au suprême degré — ou bien n’est-ce pas justement parce que nous n’en avons aucune, et que malheureusement nous ne pouvons pas non plus avoir les vices assortis ? Minces rameaux branlants ! »

Johann Gottfried von Herder, Histoire et cultures

 

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