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09/05/2017

La perception verticale

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« Le petit homme contemporain sait comment il se nomme et de qui il est directement issu. Là se borne sa certitude. Et encore… De la notion du temps, il ne reçoit qu’une perception horizontale, quelque chose de dérisoirement limité. Dans l’éruption continue à la surface de la terre, il se retrouve aggloméré à des milliards d’autres hommes… De la perception verticale, celle qui se hausse par l’échelle du passé, et qui lui rendrait sa noblesse, quelle que soit la modestie de son lignage, il n’a pas conscience. Souvent il la refuse. Débarrassé de ce bagage, il s’imagine courir plus vite ! Il galope en rond, le petit homme, comme une carne au bout d’une longe, avec son anonymat pour piquet. Il n’en sortira jamais. Alors ? […]

Il ne sait rien. En quoi cela le concerne-t-il ? Il se tient seul, au centre de sa vie passagère, entre son père et son fils, bornes extrêmes de son existence […] Alors vous mesurez combien immense et proche est le désert… Je trouve cela inadmissible, révoltant, incroyable, navrant. Je demeure persuadé que la chaîne resta longtemps solide et qu’elle commença à se perdre à l’aube du monde moderne, quand les hommes s’éloignèrent du vrai pour s’occuper de balivernes. »

Jean Raspail, La hache des steppes

 

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"Pétain au poteau !"

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« Une mégère coiffée d'un casque allemand brandit un fusil au coin de la rue. Elle braille des slogans des sa bouche édentée. “Pétain au poteau !” Cette fois c'est bien fini les amours du Maréchal avec ses populations. On glaviote son effigie sur la chaussée… on la piétine… “Pétain à mort !” C'est pas si loin le mois d'avril, les acclamations places de l'Hotel de Ville. Pour peu qu'on n'ait pas la mémoire si courte, ça vous donne à gamberger sur la fragilité du pouvoir, la versatilité des masses. »

Alphonse Boudard, Les combattants du petit bonheur

 

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Ces populations des trains de banlieues

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« Je ne comprends plus ces populations des trains de banlieues, ces hommes qui se croient des hommes, et qui cependant sont réduits, par une pression qu'ils ne sentent pas, comme les fourmis, à l'usage qui en est fait. De quoi remplissent-ils, quand ils sont libres, leurs absurdes petits dimanches ? »

Antoine de Saint-Exupéry, Terre des hommes

 

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C'est l'amère tragédie des plus hautes valeurs humaines que d'être aisément falsifiables

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« En soi, certes, les choses de l'esprit l'emportent en réalité et en profondeur sur les choses de la vie : il est plus grand et plus vrai d'être un grand poète qu'un bon ouvrier, et la vocation d'une vierge consacrée à Dieu se situe au-dessus de celle de la meilleure mère de famille. Mais les valeurs vitales ont cet avantage qu'elles sont sincères : il n'est guère possible, par exemple, à un homme normal de se faire des illusions (et d'en donner aux autres) sur son degré de force et d'adresse physiques : dans ce domaine, les critères d'estimation sont trop faciles et trop précis ! Il n'en est pas de même pour les valeurs spirituelles : parce qu'elles sont immatérielles et se déploient pour une grande part dans l'invisible, elles échappent à tout contrôle précis et souvent même à tout contrôle objectif. Un mauvais poète peut se croire un génie méconnu, mais nul gringalet ne se prend pour un colosse ignoré !

Plus une activité humaine est élevée, plus il est difficile de la "connaître à ses fruits", tant ceux-ci sont mystérieux et lointains... Mais qui dit difficulté de contrôle, dit aussi invitation à la fraude. C'est l'amère tragédie des plus hautes valeurs humaines que d'être aisément falsifiables. Comment juger - si ce n'est avec le secours d'une rare et pénétrante sagesse, le recul du temps et d'une façon toujours contestable - de l'authenticité d'une vocation politique, artistique ou, à la limite, religieuse ? Aussi est-ce une démarche naturelle à beaucoup dont l'impuissance ou la médiocrité éclateraient dans une activité sociale ordinaire que de se vouer, par compensation, au service d'idéals supérieurs : là, leur infériorité n'est plus susceptible de vérification immédiate et ils peuvent même, s'ils possèdent le don d'exprimer les réalités qu'ils ne vivent pas, obtenir de brillants succès passagers.

Un mauvais menuisier ne réussira jamais dans son métier, mais un mauvais politique, un faux mystique peuvent illusionner les hommes sur leur compte et magnifiquement triompher, comme on ne le voit que trop tous les jours. »

Gustave Thibon, Ce que Dieu a uni

 

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