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03/10/2020

Tous ces grands faiseurs de protestations

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« Non, je ne puis souffrir cette lâche méthode
Qu’affectent la plupart de vos gens à la mode ;
Et je ne hais rien tant que les contorsions
De tous ces grands faiseurs de protestations,
Ces affables donneurs d’embrassades frivoles,
Ces obligeants diseurs d’inutiles paroles,
Qui de civilités avec tous font combat,
Et traitent du même air l’honnête homme et le fat.
Quel avantage a-t-on qu’un homme vous caresse,
Vous jure amitié, foi, zèle, estime, tendresse,
Et vous fasse de vous un éloge éclatant,
Lorsque au premier faquin il court en faire autant ?
Non, non, il n’est point d’âme un peu bien située
Qui veuille d’une estime ainsi prostituée ;
Et la plus glorieuse a des régals peu chers
Dès qu’on voit qu’on nous mêle avec tout l’univers :
Sur quelque préférence une estime se fonde,
Et c’est n’estimer rien qu’estimer tout le monde.
Puisque vous y donnez dans ces vices du temps,
Morbleu ! vous n’êtes pas pour être de mes gens ;
Je refuse d’un cœur la vaste complaisance
Qui ne fait de mérite aucune différence ;
Je veux qu’on me distingue ; et, pour le trancher net,
L’ami du genre humain n’est point du tout mon fait. »

Molière, Le Misanthrope

 

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Le Kosovo est serbe, l'Artsakh est arménien

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Grand Diseux

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Emmanuel Macron a présenté les grandes lignes de sa stratégie visant à défendre la République et ses valeurs et à lui faire respecter ses promesses d'égalité et d'émancipation. La réaction de Michel Onfray.

On allait voir ce qu’on allait voir : le président Macron allait prendre la parole, on sait qu’il y excelle, mais guère au-delà, sur la question du séparatisme. 

   Les orwelliens qui l’entourent ont dû cogiter sur l’effet sémantique : séparatisme permet d’éviter communautarisme. C’est une entourloupe à destination de la « gauche » qui, avant même de l’avoir entendue, n’allait pas manquer de stigmatiser une prise de parole islamophobe. Les éléments de langage au parfum islamo-gauchiste attendaient le média comme la tique guette les poils du chien. 

   Ce qui n’a pas manqué.  Sur un plateau, dans le quart d’heure qui a suivi la fin de l’intervention présidentielle, un certain Michel Soudais de Politis estimait que le séparatisme était surtout le fait des riches qui ne se comportaient pas de façon républicaine avec leurs évasions fiscales dans des paradis que l’on sait. A la France Insoumise on embouchait le même clairon. Manon Aubry, députée européenne de LFI, a chanté la ritournelle des communicants : « Macron n’a pas parlé de séparatisme et de cohésion républicaine : il n’a parlé que d’Islam, de manière obsessionnelle. Stigmatiser (sic) les musulmans, voici son unique solution pour tenter de masquer sa gestion calamiteuse de la crise sanitaire et sociale ». Etc. 

    Chacun constatera que les patrons véreux, qu’on quoi puisse penser d’eux, n’ont commis aucun attentat sanglant, qu’ils n’égorgent pas des citoyens innocents dans la rue, qu’ils ne commettent pas de massacres de masse à la kalachnikov, qu’ils ne scandent pas dans la rue des propos antisémites, qu’ils n’égorgent aucun prêtre octogénaire pendant qu’il célèbre la messe. Il faut raison garder. 

   De même avec la scie musicale anticléricale qui estime que le danger séparatiste viendrait de catholiques assimilés à des sectaires qui mettraient en danger l’existence même de la République. De quand date le dernier mort occasionné par un chrétien au nom de sa religion en France où les églises et les cimetières sont vandalisés ? Soyons sérieux. 

   Les mêmes orwelliens ont activé le logiciel macronien du « en même temps ». Pour aborder la question du séparatisme islamiste, avec cette expression je veux bien consentir au grand remplacement sémantique destiné à effacer le mot communautarisme bien que la chose reste, pour aborder cette question, donc, EM a flatté la droite, puis la gauche ; ce faisant, avec sa flatterie dextre il a fâché sénestre, avec ses œillades sénestres, il a fâché la dextre ! A vouloir plaire à tous, on déplaît à tout le monde. 

   Un coup à droite : il nomme « l’islamisme séparatiste » ; il en appelle à la reconquête des territoires perdus de la républiques ; il avance les acquis d’une politique sécuritaire ; il établit le bilan de ce qui aurait été fait :  fermeture de mosquées salafistes, de salles de sport radicalisées, d’ écoles coraniques clandestines, renvois des imams et des psalmodistes  intégristes, interdiction d’une scolarité hors de l’éducation nationale, sauf en cas motivé par la santé des enfants, scolarisation dès l’âge de trois ans. A droite, on applaudit.   

   Un coup à gauche : il en appelle à la chimère sympathique d’un islam des Lumières ; il propose que soit enseigné l’Arabe de façon plus importante ; il veut que l’islam devienne une discipline universitaire ; il souhaite apurer les comptes idéologiques de la Guerre d’Algérie en faisant porter le projet par… Benjamin Stora ! A gauche on frappe dans ses mains.

   Mais à droite on n’aime pas ce qu’il dit pour flatter la gauche qui, elle, n’aime pas ce qui a été proclamé pour séduire la droite. L’ensemble sera comme d’habitude un jeu à somme nulle : car ce que donne sa main droite, la main gauche le reprend et vice versa… Abracadabra, il a parlé, il a remis les compteurs à zéro, match nul, la gauche et la droite se retrouvent dos à dos !

   Macron c’est, en même temps, Mitterrand & Chirac, Sarkozy & Hollande, autrement dit une même vision du monde, maastrichienne, avec juste des effets de style. Style raide et pharaonique avec Mitterrand, style élastique et faussement corrézien avec Chirac, style énervé et décapsulé avec Sarkozy, style mou et ahuri avec Hollande : Macron est en même temps raide et élastique, pharaonique et faussement corrézien, énervé et mou, décapsulé et ahuri : difficile dans ces cas-là de gouverner ce qui reste de France ! 

   Ses propos de droite sont cautère sur une jambe de bois, traitement homéopathique d’un cancer métastasé, reconstruction de la charpente de Notre-Dame avec des allumettes ; quant à ses clins d’œil appuyés à la gauche, ils proposent ni plus ni moins d’éteindre l’incendie avec le lance-flammes qui a contribué à l’allumer. 

   Car, fermer ici ou là deux ou trois endroits salafistes ne fait rien contre la progression du salafisme en France : ces lieux clandestins renaissent ailleurs dans la journée qui suit ! Ceux qui animent idéologiquement ces endroits sont tout juste contraints à déplacer leur toile de tente dans le même camping. Il leur suffit ensuite de recommencer ailleurs. Le président de la République annonce comme un remède de cheval le fait que la France va continuer à jouer à ce jeu de cache-cache ! Comment peut-on sottement penser qu’obliger une salle de sport où s’effectue un travail de radicalisation à cesser ses activités d’endoctrinement suffirait à obtenir des salafistes qu’ils cessent de faire leur travail, autrement dit : de contribuer au djihad, de le préparer, de l’activer sur notre territoire ?   

   Les communicants d’Emmanuel Macron et lui-même pensent avec le vieux schéma marxiste-léniniste qui, en URSS, supposait qu’en abattant les églises, en interdisant les cultes, en transformant une basilique en piscine, en brûlant des icônes et des iconostases, en déportant les popes dans des goulags, on en finirait avec la foi orthodoxe des fidèles, la croyance des hommes. C’est bien plutôt le contraire qui a eu lieu : à la chute de l’Empire soviétique, au moment du dégel idéologique, on a découvert que la foi était restée intacte, peut-être même plus forte qu’avant qu’elle ne fut persécutée. 

   Fermer des lieux salafistes, mosquées ou salle de sport, c’est les déplacer, pas les abolir. Ça n’est en aucun cas travailler à la liquidation du salafisme. C’est aussi radicaliser plus encore les radicaux par cette persécution sans effet.

   Ajoutons à cela que l’islamo-gauchisme adore ce genre de décision (inutile) pour crier à l’islamophobie, à la stigmatisation, à la persécution, et, tel Edwy Plenel, ou Esther Benbassa, ou Jean-Luc Mélenchon, estimer que les (sic) musulmans d’aujourd’hui ce sont les juifs dans les années qui précèdent la Solution Finale.   

   Pour séduire l’électorat de gauche, EM réactive le projet d’un « Islam des Lumières ». L’expression est un oxymore, autrement dit, une contradiction dans les termes : car l’étymologie d’islam témoigne, islam veut dire soumission. Et les Lumières travaillent très exactement à l’inverse. Il est de tradition de renvoyer à Qu’est-ce que les Lumières ? d’Emmanuel Kant pour résoudre cette question. Le philosophe allemand répond avec une formule latine d’Horace : « sapere aude », autrement dit : « Ose savoir », mais plus couramment traduite depuis par : « Aie le courage de te servir de ton propre entendement », « Ose penser par toi-même ».   Comment peut-on, en même temps, se soumettre à une religion et penser par soi-même sur ladite religion ? C’est soi l’un : « soumets-toi », soit l’autre : « pense par toi-même ». Mais pas les deux. Seul Macron, peut-être, pourrait nous expliquer ce que voudrait dire : « se soumettre c’est penser par soi-même » ! Le macronisme, dont le en même temps est le noyau dur, ne saurait constituer une philosophie politique : c’est même le contraire d’une philosophie et c’est en même temps le contraire d’une politique.  

   Le regretté Malek Chebel s’était essayé à fabriquer cette chimère, carpe et lapin, d’un islam des Lumières. Mais il lui fallait pour cela passer par-dessus bord tout ce qui fait la philosophie occidentale :  le principe de non-contradiction par exemple qui fait qu’une chose ne peut être vraie en même temps que son contraire – s’il pleut, il ne peut pas ne pas pleuvoir en même temps. 

  Par exemple : pour l’islam, le Coran est dicté par Dieu, au contraire de la Bible dont même les théologiens chrétiens conviennent qu’elle a été écrite par des hommes inspirés par Dieu. Dès lors, pour un musulman, les hommes ne sauraient corriger le texte de Dieu sans l’offenser puissamment. Sans blasphémer même.  On trouve dans ce livre saint et sacré pour les musulmans des versets misogynes, phallocrates, machistes, antisémites, bellicistes, homophobes. Qui, au nom de quoi, avec quelle légitimité, pourrait affirmer qu’il faut tenir pour nuls et non avenus ces versets-là, qui gênent le politiquement correct occidental, sans ouvrir la porte à une religion à la carte où l’on prend de Dieu ce qui nous va et où l’on rejette de Lui ce qui nous déplait ?  On ne peut se soumettre à ce que dit le Coran et, en même temps, apprécier librement ce que dit ce même Coran. Car, tout bêtement, se soumettre ça n’est pas apprécier librement ; apprécier librement, ça n’est pas se soumettre. La soumission relève du domaine de la religion pendant que la libre appréciation, ce que nos amis belges appellent le « libre examen », définit la philosophie. Et c’est soit l’une, la religion et la théologie, soit l’autre, la pensée et la philosophie. Ici la Foi, là, la Raison. J’ai pour ma part choisi mon camp depuis bien longtemps. 

 

   Autre trouvaille : enseigner l’Arabe à l’école ! Mais quel rapport avec l’Islam ? Parce que c’est la langue du Coran ? Mais que faire des millions d’Asiatiques musulmans qui, en Indonésie, au Pakistan, en Inde, ne parlent pas l’Arabe, des millions de Turcs musulmans qui ne parlent par l’Arabe, des millions d’Iraniens musulmans qui ne parlent pas l’Arabe ?  Et les Afghans ? Les Bengalis ? 

   Le problème, et EM en est victime lui aussi, la preuve, c’est que l’islam est moins pensé par lui dans sa globalité, sa généralité, son identité, que dans l’écho franco-algérien qui perdure de la guerre d’Algérie. Il faut en finir avec la posture victimaire pour faire enfin de l’Histoire qui ne soit pas idéologique. Voilà pourquoi faire référence à Benjamin Stora, nommément  cité,  pour traiter le problème c’est reprendre en main le lance-flammes pour éteindre l’incendie ! Cette personne qui dispose du monopole de la Guerre d’Algérie en France, ou presque, défend une histoire idéologique avec laquelle il faut rompre.  

   Lors d’un séjour en Algérie, il m’a été donné de voir la propagande diffusée au journal du soir par le FLN qui est au pouvoir ! C’était un journal de type soviétique où la France servait de bouc-émissaire aux malheurs du pays, comme si un demi-siècle d’indépendance n’obligeait pas le pays à s’interroger sur ce qu’il avait fait de cette liberté ! Le président Bouteflika tapait sur la France comme avant 1962, la date de la fin de la Guerre et des accords d’Évian, tout en venant se faire soigner… en France ! 

   Si la France consent à cette propagande quotidienne contre elle sur les médias algériens et ne la dénonce pas, si cette propagande est enseignée presque partout dans le pays, si elle triomphe dans les médias français et dans l’édition, mais aussi à l’université, si elle l’entretient en donnant les pleins pouvoirs à ceux qui, dans le pays, défendent cette idéologie, alors il est normal que, dans les banlieues où les informations sont données par les médias algériens dont les médias français se font les ventriloques, on puisse tant haïr la France !  

 

   EM souhaite faire de l’islam une discipline universitaire : croit-il vraiment que cela empêchera des successeurs aux frères Kouachi, à Coulibaly ? Qu’une chaire doctorale où l’on enseignerait les subtilités du soufisme interdirait de nouveaux Abdel Kermiche et Abdel Malik Nabil-Petitjean, les égorgeurs du père Hamel en Normandie ? 

   Il faut vraiment ne plus avoir les pieds sur terre pour imaginer que l’islamologie, subventionnée par les contribuables français, enseignée dans un cadre universitaire, puisse détourner la clientèle terroriste potentielle de commettre ses forfaits !

    C’est toujours le logiciel marxiste-léniniste qui sous-tend cette façon de penser – de ne pas penser plutôt… Un haut niveau intellectuel dans une communauté n’empêche pas les passions tristes, la violence et la sauvagerie. Qu’on se souvienne de Martin Heidegger qui était cultivé, intelligent et nazi en même temps. 

   L’Allemagne devenue nazie disposait au début du XX° siècle de philosophes, de chercheurs, de scientifiques, de poètes, d’artistes, de musiciens haut-de-gamme, elle avait des psychologues et des psychanalystes, des cinéastes et des architectes, des designers et des ingénieurs de qualité : l’augmentation de la culture ne fait pas naturellement baisser la haine avec laquelle on fabrique des barbares en quantité.  On ne fait pas des terroristes avec leurs cortex mais avec leurs cerveaux reptiliens.

   

   EM a parlé de l’islamisme sans poser la question de sa généalogie. Il a dit que ça n’était pas bien, entendu, il fait triompher la moraline en la matière, c’est à la portée du premier venu, la moraline est ce qui a remplacé la morale, elle est la morale des temps sortis de la morale, une contre-morale, une antimorale, un nihilisme.     

   Chacun connait l’histoire orientale du sage qui montre la lune et de l’imbécile qui regarde le doigt : EM adore regarder les doigts… 

   Réfléchir sur ce qui nous a conduits là pour attaquer le problème à la racine n’a pas été fait par le président de la république française : nous n’avons plus les moyens d’opposer des bougies et des peluches à ceux qui veulent abolir une civilisation qu’ils méprisent, attaquent et conchient ; nous ne pouvons-nous permettre le luxe de croire que fermer une mosquée ou une salle de sport salafistes ce soit en finir avec le salafisme alors qu’il va s’installer dans la rue d’à côté ; nous ne pouvons continuer à croire qu’enseigner l’Arabe avec l’argent du contribuable suffira à faire renoncer le djihadiste à son projet – alors que le français devient une langue morte ; nous ne pouvons décemment pas croire que créer des chaires universitaires d’islamologie, alors que l’université française est exsangue,  contribuera à détourner l’apprenti terroriste  de son projet mortifère ;  nous ne pouvons espérer créer un islam des Lumières quand l’islam veut explicitement le contraire des Lumières et vice-versa ; nous ne pouvons continuer à laisser le monopole de l’Histoire à des idéologues qui trustent tous les postes et mettent de l’huile sur le feu en propageant leurs catéchismes doctrinaires ; nous ne pouvons laisser l’Algérie continuer à diffuser à jet continu une version partisane de la Guerre qui l’a opposée à la France , une version à charge pour le pays qui se moque de la vérité  tout en prétendant l’honorer. 

    Cette prise de parole sur le « séparatisme » était annoncée depuis des mois comme majeure. Voilà, elle a eu lieu. 

   J’imagine le grand rire des salafistes et des terroristes en devenir s’ils ont écouté ce long pensum inutile.  Je songe également au grand rire d’Erdogan, au sourire des mollahs iraniens, à l’hilarité des responsables du Hezbollah, à la poilade des émirs de l’Arabie Saoudite et du Qatar, on doit se marrer au Pakistan, au Mali, en Afghanistan ! J’arrête là. Avec un pareil chef d’État, la France fait honte…

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SOURCE : Front Populaire

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Les options peu engageantes de l'Europe, par Daniel Pipes

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Un article datant de 2007... mais toujours pertinent...

 



 

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À long terme, l'évolution la plus décisive du continent européen, celle de ses relations avec sa minorité musulmane croissante, suivra l'une de ces trois voies: intégration harmonieuse, expulsion des Musulmans ou prise de pouvoir islamique. Lequel de ces scénarios est le plus vraisemblable?

L'avenir de l'Europe revêt une grande importance non seulement pour ses résidents. Pendant un demi-millénaire, de 1450 à 1950, les 7% de la surface des terres émergées qu'elle représente ont décidé de l'histoire du monde; sa créativité et sa vigueur ont inventé la modernité. La région a perdu cette position cruciale il y a 60 ans, mais elle reste d'une importance vitale en termes économiques, politiques et intellectuels. Ainsi, la direction qu'elle prendra aura des incidences majeures pour le reste de l'humanité, et tout particulièrement pour ses nations sœurs telles que les États-Unis qui, historiquement, ont toujours considéré l'Europe comme une source d'inspiration, de peuplement et de biens.

Voici une appréciation de la vraisemblance des trois scénarios.

I. Règne musulman

Feu Oriana Fallaci observa qu'avec le passage du temps, «L'Europe se transforme toujours davantage en une province de l'Islam, une colonie de l'Islam». L'historienne Bat Ye'or a donné un nom à cette colonie – «Eurabia». Walter Laqueur prédit dans son prochain ouvrage Last Days of Europe (Les derniers jours de l'Europe) que l'Europe telle que nous la connaissons sera contrainte de changer. Mark Steyn, dans America Alone: The End of the World as We Know It (L'Amérique seule: la fin du monde tel que nous le connaissons) va plus loin encore et affirme qu'une grande partie du monde occidental «ne survivra pas au XXIe siècle et une grande partie, dont la plupart sinon la totalité des pays européens, disparaîtra pendant notre génération». Trois facteurs – la foi, la démographie et le patrimoine culturel – indiquent que l'Europe s'islamise.

Foi. Une laïcité extrême prédomine en Europe, surtout parmi ses élites, au point que les Chrétiens croyants (tels que George W. Bush) y sont considérés comme mentalement déséquilibrés et incapables d'assumer des tâches publiques. En 2005, Rocco Buttiglione, un politicien italien distingué et un Catholique croyant, a été empêché d'accéder au poste de membre de la Commission européenne pour l'Italie en raison de ses opinions sur l'homosexualité. Une laïcité inflexible va de pair avec des églises vides: à Londres, des chercheurs estiment que les mosquées reçoivent plus de Musulmans le vendredi que les églises chrétiennes le dimanche, bien que la ville compte près de sept fois plus de Chrétiens de naissance que de Musulmans de naissance. Plus le Christianisme pâlit, plus l'Islam attire – le Prince Charles fournit un bon exemple de la fascination exercée par l'Islam sur de nombreux Européens. L'Europe pourrait connaître un grand nombre de conversions à l'avenir, car comme le dit ce mot attribué à G.K. Chesterton, «lorsque les gens cessent de croire en Dieu, ils ne croient pas en rien – ils croient en n'importe quoi».

La laïcité de l'Europe donne à son discours des formes tout à fait inhabituelles pour les Américains. Hugh Fitzgerald, ex-vice-président de JihadWatch.org, illustre ici une dimension de cette différence:

Les déclarations les plus mémorables des présidents américains comprennent presque toujours des passages bibliques aisément reconnaissables. […] Cette source de vigueur rhétorique a été mise à contribution en février dernier (2003), lors de l'explosion de la navette Columbia. Si la navette détruite avait été non pas américaine, mais française, et si Jacques Chirac avait dû prononcer un discours à ce sujet, il aurait peut-être usé du fait que l'engin transportait sept astronautes et aurait tiré un parallèle avec les sept poètes de la Pléiade, soit avec l'Antiquité païenne. Le président américain, intervenant dans le cadre d'une cérémonie solennelle qui débutait et s'achevait par des passages en hébreu biblique, fit les choses différemment. Il prit son texte dans Isaïe 40:26, ce qui permettait de créer une transition harmonieuse entre d'une part le mélange d'émerveillement et d'effroi devant les hôtes des cieux générés par le Créateur et d'autre part la consolation pour la perte de l'équipage.

La foi des Musulmans, avec son tempérament djihadiste et son suprématisme islamique, tranche autant qu'il est possible avec celle des Chrétiens européens non pratiquants. Ce contraste amène de nombreux Musulmans à considérer l'Europe comme un continent mûr pour la conversion et la domination. Il en résulte des revendications suprématistes extravagantes telles que cette déclaration d'Omar Bakri Mohammed, «Je veux que la Grande-Bretagne devienne un État islamique, Je veux voir les couleurs de l'Islam flotter au 10, Downing Street.» Ou encore cette prédiction d'un imam installé en Belgique: «Nous prendrons bientôt le pouvoir dans ce pays. Ceux qui nous critiquent aujourd'hui le regretteront. Ils devront nous servir. Préparez-vous, car l'heure est proche[1]

Population. L'effondrement démographique indique également que l'Europe s'islamise. Actuellement, le taux global de fertilité européen oscille autour de 1,4 par femme, alors que le maintien d'une population exige un taux légèrement supérieur à deux enfants par couple, ou 2,1 enfants par femme. Le taux réel n'en représente que les deux tiers – un tiers de la population nécessaire ne vient tout simplement pas au monde.

Pour éviter une chute démographique critique, avec tous les malheurs que cela implique – notamment l'absence de travailleurs pour financer de généreux plans de retraite –, l'Europe a besoin d'immigrants, de beaucoup d'immigrants. Ce tiers importé tend à être musulman, en partie parce que les Musulmans sont proches (13 kilomètres seulement séparent le Marc et l'Espagne, quelques centaines relient l'Italie à l'Albanie ou à la Libye); en partie parce que des liens coloniaux continuent d'unir l'Asie du Sud à la Grande-Bretagne ou le Maghreb à la France; et en partie à cause de la violence, de la tyrannie et de la pauvreté si répandues dans le monde musulman actuel et qui génèrent d'incessantes vagues migratoires.

De même, le taux de fertilité élevé des Musulmans compense le manque d'enfants parmi les Chrétiens indigènes. Bien que les taux de fertilité musulmans soient en baisse, ils restent sensiblement supérieurs à ceux de la population chrétienne indigène. Il est certain que les taux de natalité élevés sont liés aux conditions de vie pré-modernes dans lesquelles vivent de nombreuses femmes musulmanes en Europe. À Bruxelles, «Mahomet» est le nom de garçon nouveau-né le plus populaire depuis quelques années. Amsterdam et Rotterdam pourraient devenir, d'ici 2015, les premières grandes villes européennes à majorité musulmane. L'analyste français Michel Gurfinkiel estime qu'une guerre des rues en France verrait s'affronter les enfants des indigènes (en français dans le texte) et ceux des immigrants quasiment à égalité. Les pronostics actuels prévoient une majorité musulmane dans l'armée russe dès 2015 et dans l'ensemble du pays vers 2050.

Patrimoine culturel. Ce qui est souvent décrit comme la rectitude politique de l'Europe reflète à mon avis un phénomène plus profond, à savoir l'aliénation de leur civilisation que ressentent de nombreux Européens, l'impression que leur culture historique ne vaut pas qu'on la défende, voire qu'on la préserve. Les différences entre Européens sont frappantes à cet égard. Le pays peut-être le moins touché par cette aliénation est la France, où le nationalisme traditionnel reste vivace et où les gens sont fiers de leur identité nationale. La Grande-Bretagne est le pays le plus affecté, comme l'illustre bien le programme gouvernement larmoyant «ICONS - A Portrait of England», qui tente maladroitement de raviver le patriotisme des Britanniques en les réconciliant avec des «trésors nationaux» tels que Winnie the Pooh et la minijupe.

Ce manque d'assurance a eu des conséquences directes négatives pour les immigrants musulmans, comme l'explique Aatish Taseer dans le magazine Prospect.

L'appartenance à la culture britannique est l'aspect le plus purement nominal de l'identité de nombreux jeunes Pakistanais britanniques. […] En dénigrant sa culture, on court le risque de voir les nouveaux-venus en chercher une ailleurs. Cela va si loin dans le cas précis que pour beaucoup de Pakistanais britanniques de deuxième génération, la culture du désert des Arabes revêt plus d'attrait que la culture britannique ou continentale. Arrachés par trois fois au sentiment de posséder une identité durable, les Pakistanais de deuxième génération trouvent une identité disponible dans la vision du monde extranationale de l'Islam radical.

Les Musulmans immigrants méprisent profondément la civilisation occidentale, tout particulièrement sa sexualité (pornographie, divorce, homosexualité). Les Musulmans ne s'assimilent nulle part en Europe, les mariages intercommunautaires sont rares. Voici un exemple pittoresque du Canada: la mère du tristement célèbre clan Khadr, connu pour être la première famille canadienne du terrorisme, retourna au Canada depuis l'Afghanistan et le Pakistan en avril 2004 avec l'un de ses fils. Bien qu'elle ait demandé l'asile au Canada, elle affirmait à peine un moins auparavant que les camps d'entraînement sponsorisés par Al-Qaïda étaient l'endroit rêvé pour ses enfants. «Vous voudriez que j'élève mes enfants au Canada pour qu'ils se retrouvent drogués ou homosexuels à l'âge de 12 ou 13 ans? Vous trouvez que ce serait mieux?»

(Ironie du sort, aux siècles passés, comme l'a documenté l'historien Norman Daniel, les Chrétiens européens méprisaient les Musulmans, dont la polygamie et les harems leur semblaient révéler une obsession du sexe, et se sentaient moralement supérieurs à eux précisément sur ce point.)

En résumé, cette première argumentation avance que l'Europe sera islamisée, qu'elle se soumettra ou se convertira sans résistance à l'Islam parce que le yin de l'Europe s'accorde si bien au yang de l'Islam: faiblesse et puissance de la religiosité, de la fertilité et de l'identité culturelle.[2] L'Europe est une porte ouverte que les Musulmans franchissent librement.

II. Expulsion des Musulmans

Ou la porte leur sera-t-elle fermée au nez? Le commentateur américain Ralph Peters écarte le premier scénario: «Loin de jouir de la perspective de s'approprier l'Europe en y faisant des enfants, les Musulmans d'Europe y vivent leurs dernières heures. […] les prédictions de prise de pouvoir musulman en Europe […] font abstraction de l'histoire et de la brutalité indéracinable de l'Europe.» Sur ce, décrivant l'Europe comme l'endroit «où ont été perfectionnés le génocide et le nettoyage ethnique», il prédit que ses Musulmans «auront de la chance de n'être que déportés», et non tués. Claire Berlinski, dans Menace in Europe: Why the Continent's Crisis Is America's, Too (Menace en Europe: pourquoi la crise du continent est aussi celle de l'Amérique), approuve cela implicitement en désignant les «anciens conflits et schémas de pensée […] qui s'extirpent lentement des brumes de l'histoire européenne» et qui pourraient bien susciter la violence.

Ce scénario veut que les Européens indigènes – qui constituent toujours 95% de la population du continent – se réveillent un jour et imposent leur volonté. «Basta!» – diront-ils, en restaurant leur ordre historique. Cela n'est pas si improbable; un mouvement d'irritation se fait jour en Europe, moins parmi les élites qu'au sein des masses, qui proteste bruyamment devant l'évolution en cours. Ce ressentiment est illustré notamment par la loi antivoile française, par la mauvaise humeur suscitée par les restrictions imposées aux drapeaux nationaux et aux symboles chrétiens et par l'insistance à servir du vin lors des diners officiels. On peut mentionner aussi un mouvement spontané apparu dans plusieurs villes françaises au début de 2006 et qui consiste à distribuer de la soupe au lard parmi les pauvres, excluant ainsi intentionnellement les Musulmans.

Certes, ce sont des affaires mineures, mais des partis ouvertement opposés aux immigrants ont déjà émergé dans de nombreux pays et commencent à exiger non seulement des contrôles efficaces aux frontières, mais l'expulsion des immigrants illégaux. Un mouvement anti-immigration est en train de se former sous nos yeux, de manière largement inaperçue. Si son parcours est encore très discret, son potentiel n'en est pas moins énorme. Les éléments opposés à l'immigration et à l'Islam ont généralement des racines néofascistes mais ont gagné en respectabilité avec le temps, se sont dépouillés de l'antisémitisme de leurs origines et de leurs théories économiques douteuses pour se concentrer plutôt sur les questions de foi, de démographie et d'identité, et pour étudier l'Islam et les Musulmans. Le British National Party et le Vlaamse Belang belge sont deux exemples d'une telle évolution vers la respectabilité, laquelle peut déboucher un jour sur l'éligibilité. Ainsi, la course à la présidence française en 2002 s'est résumée à une compétition entre Jacques Chirac et le néofasciste Jean-Marie Le Pen.

D'autres partis de ce type ont déjà goûté au pouvoir. Jörg Haider et le Freiheitliche Partei autrichien y ont accédé brièvement. La Lega Nord italienne a fait partie des années durant de la coalition au pouvoir. Ces partis vont vraisemblablement progresser car leurs messages anti-islamistes et souvent anti-islamiques trouvent un répondant et les partis du courant dominant vont probablement les adopter en partie (le Parti conservateur danois en est un exemple – il est revenu au pouvoir en 2001, après 72 ans passés dans la marge, essentiellement en raison du mécontentement provoqué par l'immigration). Ces partis bénéficieront sans doute de la situation lorsque l'immigration gonflera encore pour atteindre des proportions incontrôlables en Europe, avec peut-être un exode de masse en provenance d'Afrique, comme l'indiquent de nombreux indices.

Une fois au pouvoir, les partis nationalistes rejetteront le multiculturalisme et tenteront de rétablir les valeurs et les mœurs traditionnelles. On ne peut que spéculer sur les moyens qu'ils utiliseront et sur les répliques des Musulmans. Peters s'attarde sur les aspects fascistes et violents de certains groupes et s'attend à ce que la réaction antimusulmane revête des formes menaçantes. Il esquisse même un scénario dans lequel «des navires américains sont à l'ancre et des Marines sont descendus à terre à Brest, Bremerhaven ou Bari pour garantir l'évacuation des Musulmans d'Europe dans de bonnes conditions».

Depuis des années, les Musulmans s'inquiètent justement de telles incarcérations brutales, suivies d'expulsions, voire de massacres. Déjà dans les années 1980, feu Kalim Siddiqui, alors directeur du London's Muslim Institute, agitait le spectre des «chambres à gaz hitlériennes pour Musulmans». Dans son livre de 1989, Be Careful With Muhammad (Soyez prudents avec Mahomet), Shabbir Akhtar avertissait que «la prochaine fois qu'il y aura des chambres à gaz en Europe, il n'y a aucun doute sur l'identité de ceux qu'on y mettra», à savoir les Musulmans. Un personnage du roman de Hanif Kureishi paru en 1991 et intitulé The Buddha of Suburbia (Le Bouddha des banlieues), prépare une guérilla dont il prévoit l'instauration quand «les blancs se seront tournés contre les noirs et les Asiatiques et tenteront de nous faire passer dans des chambres à gaz».

Mais il est plus vraisemblable que les revendications européennes seront mises en œuvre pacifiquement et légalement, et que les violences proviendront de Musulmans, conformément aux récentes tendances à l'intimidation et au terrorisme. De nombreux sondages confirment que 5% environ des Musulmans britanniques approuvent les attentats à la bombe du 7 juillet, ce qui indique une disposition générale à recourir à la violence.

Quoi qu'il en soit, on ne peut pas s'attendre à ce qu'un redressement des Européens se déroule de manière coopérative.

III. Intégration des Musulmans

Dans le scénario le plus réjouissant, les Européens autochtones et les immigrants musulmans trouvent un modus vivendi et vivent ensemble harmonieusement. Le témoignage peut-être le plus classique de cette perspective optimiste provient d'une étude de 1991, La France, une chance pour l'Islam, par Jeanne-Hélène et Pierre Patrick Kaltenbach. «Pour la première fois dans l'histoire, il est offert à l'islam de ‹se réveiller› dans un pays démocratique, riche, laïc et pacifique», écrivaient-ils alors. Cette espérance persiste. Un article de premier plan paru dans l'Economist à la mi-2006 affirme que «pour le moment du moins, la perspective d'Eurabia semble alarmiste». À la même époque, Jocelyne Cesari, professeur associée à la Harvard Divinity School, discernait un équilibre en la matière: de même que «l'Islam change l'Europe», disait-elle, «l'Europe change l'Islam». Elle estime ainsi que «les Musulmans ne veulent pas changer la nature des États européens» et s'attend à les voir s'adapter au contexte européen.

Mais un tel optimisme est hélas peu justifié. Les Européens pourraient certes encore redécouvrir leur foi chrétienne, faire davantage d'enfants et mieux chérir leur patrimoine. Ils pourraient encourager une immigration non-musulmane ou acculturer les Musulmans vivant parmi eux. Mais ces changements ne sont pas en cours actuellement, et les chances de les voir apparaître sont faibles. Au lieu de cela, les Musulmans cultivent des revendications et des ambitions conflictuelles à l'égard de leurs voisins indigènes. Fait inquiétant, chaque génération semble plus aliénée que la précédente. Le romancier canadien Hugh MacLennan qualifia le fossé anglais-français séparant son pays de «Two Solitudes»; un phénomène similaire apparaît et se développe en Europe, mais de manière beaucoup plus prononcée. Ces sondages de Musulmans britanniques, par exemple, révèlent qu'une majorité d'entre eux perçoivent un conflit entre leur identité britannique et leur identité musulmane – et ils souhaitent l'instauration de la loi islamique.

L'éventualité de voir les Musulmans accepter les restrictions de l'Europe historique et s'intégrer sans heurt dans ce cadre peut être pratiquement exclue. Même Bassam Tibi, professeur à l'université de Göttingen, qui a maintes fois averti que «soit l'Islam s'européanise, soit l'Europe s'islamise» a personnellement abandonné tout espoir pour le continent. Récemment, il annonça qu'il allait quitter l'Allemagne, après avoir y vécu 44 ans, pour déménager à l'université de Cornell, aux États-Unis.

Conclusion

Comme le résume le commentateur américain Dennis Prager, «Il est difficile d'imaginer un autre scénario pour l'Europe occidentale que l'islamisation ou la guerre civile». En effet, ces deux alternatives extrêmement déplaisantes semblent bien définir les choix offerts à l'Europe – prise entre deux forces antagonistes, l'une menant au pouvoir des Musulmans et l'autre à leur expulsion, elle peut devenir une extension de l'Afrique du Nord ou entrer dans un état de quasi guerre civile.

Quelle voie prendra-t-elle? Les événements décisifs qui apporteront une réponse à cette question sont encore en devenir, de sorte que personne ne peut porter un jugement définitif. Mais l'heure de la décision est proche. D'ici la prochaine décennie à peu près, les louvoiements actuels toucheront à leur terme, l'équation Europe-Islam se resserrera et la pente qui déterminera l'avenir du continent devrait apparaître.

Il est d'autant plus difficile d'anticiper cette transformation qu'elle est sans précédent historique. Aucun territoire de grande envergure n'a jamais ainsi glissé d'une civilisation à une autre à la suite de l'effondrement démographique, religieux et identitaire d'une population; et aucun peuple ne s'est jamais redressé à une telle échelle pour prôner son patrimoine historique. Le problème européen est si inédit et si étendu qu'il est difficile de le comprendre, tentant de l'ignorer et presque impossible d'en pronostiquer l'évolution. L'Europe nous entraîne tous en terre inconnue.

Daniel Pipes est directeur du Forum du Moyen-Orient et professeur invité à l'université de Pepperdine. Cet article a été adapté d'un exposé donné au Centre de conférence Woodrow Wilson et intitulé «Euro-Islam: la dynamique d'une intégration efficace».

[1] De Morgen, 5 oct. 1994. Cité dans Koenraad Elst, «The Rushdie Rules», Middle East Quarterly, Juin 1998.
[2] Il est frappant de relever qu'à ces trois égards, l'Europe et les États-Unis étaient beaucoup plus semblables il y a 25 ans qu'ils ne le sont aujourd'hui. Cela indique que leur écart actuel résulte moins d'évolutions historiques remontant à plusieurs siècles qu'à des développements intervenus dans les années 1960. Cette décennie a eu un impact très marqué sur les États-Unis, mais elle a affecté l'Europe beaucoup plus profondément encore.

 

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SOURCE : Daniel Pipes.org 

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Jimi Hendrix : l'indétrônable (ARTE)

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Pourtant à ce maintien des traditions particularistes, François doit sa partie forte et saine

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« François Sturel passe les vacances auprès de sa mère, dans leur maison de famille, à Neufchâteau (Vosges). Il a peu connu son père, qui est mort de rhumatismes pris aux affûts de nuit. Celui-ci n’avait souci que de ses chiens, de son fusil et du gibier. Il y a dans nos pays de Lorraine une race de vieux chasseurs, d’hommes terribles. Bien malade déjà et ne pouvant plus sortir, il disait à son domestique : "Victor, va faire gueuler les chiens ! " Victor, plusieurs fois de jour et de nuit, les fouaillait, pour que le maître dans ses douleurs s’enivrât l’imagination d’une belle chasse.

De tels traits choquaient sa très jeune femme, dont les délicatesses se retrouvent dans François. Le jeune garçon s’est plié péniblement à l’internat. Longtemps les cris de ses camarades remplirent pour lui l’univers d’épouvante. Il les craignit et les méprisa pendant des années ; et, sitôt seul, il pleurait. C’est une grande peine pour un petit enfant qui a l’âme simple de n’embrasser personne avant de se coucher. Quand cette habitude est perdue par une dure nécessité, quelque chose se dessèche dans le cœur et il demeure pour toute la vie méfiant et peu communicatif.

François Sturel aurait, d’après des vieilles gens, hérité sa vivacité et son originalité de sa grand’mère paternelle. Celle-ci ayant placé au collège de Nancy son fils unique, lui dit, aux vacances, en regardant ses livres de classe : "Non, mon garçon, tout cela est trop bête, tu ne retourneras pas au collège." Et c’est ainsi qu’il ne fut qu’un chasseur. En dépit de cette appréciation un peu brusque de l’enseignement universitaire, c’était une femme de tête.

On peut en juger par deux de ses sœurs, qui, veuves l’une et l’autre, vivent encore en 1880 à Neufchâteau. Ce sont des vieilles dames de quatre-vingts à quatre-vingt-dix ans. On ne peut pas dire que Sturel apprenne d’elles des histoires intéressantes : elles n’ont pas assez vu les choses modernes pour distinguer parmi les anciennes ce qui nous semblerait particulier. Mais elles sont elles-mêmes les mœurs anciennes. Par ces bonnes parentes, il prend contact avec sa province, avec sa race, avec un genre de vie qui, si Bouteiller n’avait pas passé sur son âme, devrait, entre tous les usages qu’il y a de par le monde, lui paraître le plus naturel. Leur façon de se garder contre le froid, de soigner les maladies, de fêter certaines dates, leur cuisine aussi et leur vocabulaire contentent le tempérament de Sturel. Elles ne sont pas dévotes, à peine pratiquantes : nées sous la Révolution, elles ont été baptisées longtemps après le Concordat ; elles censurent volontiers le curé, mais elles n’imaginent pas qu’à moins d’être juif ou d’Allemagne on puisse n’être pas catholique.
L’église et la cure étant la seule chose publique où la femme puisse intervenir, leur besoin de domination s’y satisfait.

Elles avaient toujours pour leur petit-neveu, quand il était tout jeune, quelque cadeau, une pomme ridée, deux grosses prunes. Elles lui disaient : "Tu retournes encore à ton collège, mon garçon ! Ah ! tout ce qu’on apprend maintenant !… Ne te fatigue pas trop !…"
Aujourd’hui elles blâment Sturel, qui, de Neufchâteau même, pouvait faire son droit, puis acheter la meilleure étude de la ville, vivre heureux parmi les amis de son père, — et qui veut aller à Paris !

Il est soutenu par sa mère. Légèrement opprimée jadis par sa belle-mère, encore maintenant par les vieilles dames, elle vit dans l’intimité des pensées de son fils. Elle étouffe un peu dans cette maison qu’habite depuis cent ans la famille Sturel. Les vieilles mœurs se maintiennent mieux dans les vieux murs. Mais pour une jeune femme si jolie, de délicatesse élégante, comme il était pénible de n’avoir pas de salon ! Qui ne la plaindra, sachant que jusqu’à la guerre, on avait gardé l’habitude de veiller à la cuisine, autour de l’âtre ! Enfin elle obtint de transformer la maison. Le souvenir des batailles qu’elle dut, à cette occasion, livrer contre ses tantes, l’incline à juger raisonnable son cher fils qui se plaint de la médiocrité de Neufchâteau. — Pourtant à ce maintien des traditions particularistes, François doit sa partie forte et saine. Et dans la vieille demeure des Sturel, il n’y avait rien de beau, soit ! mais non plus rien de laid ; la parfaite appropriation des pièces et du mobilier à l’usage quotidien donnait à l’ensemble un certain style. On n’y distinguait nulle trace de ces élégances mesquines et maladroites, de ces prétentions qui risquent de donner à de très honnêtes provinciaux des allures de déclassés, et qui ne sont touchantes qu’interprétées comme un effort pour se hausser, pour échapper à un passé dont la jeune madame Sturel n’a plus le sens, — et ainsi échapper à la mort. »

Maurice Barrès, Les déracinés

 

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Cobalt

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