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29/04/2014

Un empoisonnement de notre propre fantaisie par elle-même

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« Oui, il peut arriver que l’idée la plus délirante, l’idée la plus impossible, à première vue se cristallise si fort dans notre tête qu’on finisse par la prendre pour quelque chose de réalisable… Bien plus : si cette idée se fond avec un désir très puissant, un désir passionné, il peut même arriver qu’on la prenne pour quelque chose de fatal, d’indispensable, de prédestiné, quelque chose qui, déjà, ne peut pas ne pas être, qui est forcé de survenir ! Peut-être y a-t-il là quelque chose, comme une espèce de combinaison de pressentiments, une sorte d’invraisemblable effort de volonté, comme un empoisonnement de notre propre fantaisie par elle-même ou autre chose encore, je n’en sais rien. »

Fiodor Dostoïevski, Le Joueur

 

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On ne peut pas se refuser à la destinée historique

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« Cette guerre était dans la nature des choses, comme dit Maurras, affirmait Sandy avec des gestes d’orateur. On ne peut pas se refuser à la destinée historique. Ou alors, on est rejeté, disqualifié par l’Histoire. Le sang versé n’a aucune importance. Ce qui compte, c’est ce qui sortira de ce sang, l’Europe du XXème siècle, purgée de tous ses archaïsmes, revigorée par les peuples jeunes qui vont gagner leur indépendance ! Nous avons de la chance, nous vivons à un moment magnifique du monde. »

Lucien Rebatet, Les Épis Mûrs

 

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L’amour chasse la peur, mais réciproquement la peur chasse l’amour...

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« L’amour chasse la peur, mais réciproquement la peur chasse l’amour. Et non seulement l’amour. La peur chasse aussi l’intelligence , chasse la bonté, chasse toute idée de beauté et de vérité. Ce qui reste, c’est le désespoir muet ou laborieusement blagueur de quelqu’un qui a conscience de la Présence hideuse dans l’angle de la pièce et qui sait que la porte est fermée à clef, qu’il n’ y a pas de fenêtres. Et voici que la chose s’abat sur lui. il sent une main sur sa manche, subodore une haleine puante, tandis que l’assistant du bourreau se penche presque amoureusement vers lui. "C’est ton tour frère. Aie donc l’amabilité de venir par ici." Et en un instant sa terreur silencieuse est transmuée en une folie aussi violente qu’elle est futile. Il n’ y a plus là un homme parmi ses semblables, il n’ y a plus un être raisonnable, parlant d’une voix articulée à d’autres êtres raisonnables ; il n’ y a plus qu’un animal lacéré, hurlant et se débattant dans le piège. Car, en fin de compte, la peur chasse même l’humanité de l’homme. Et la peur, mes bons amis, la peur est la base et le fondement de la vie moderne. La peur de la technologie tant prônée, qui, si elle élève notre niveau de vie, accroît la probabilité de mort violente. La peur de la science, qui enlève d’une main plus encore qu’elle ne donne avec telle profusion de l’autre. La peur des institutions dont le caractère mortel est démontrable et pour lesquelles dans notre loyalisme suicidaire, nous sommes prêts à tuer et à mourir. La peur des Grands Hommes que, par acclamation populaire, nous avons élevés à un pouvoir qu’ils utilisent, inévitablement, pour nous assassiner et nous réduire en esclavage. La peur de la Guerre dont nous ne voulons pas et que nous faisons cependant tout notre possible pour déclencher. »

Aldous Huxley, Temps Futurs

 

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La foule des hommes de demain

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« Je doute du progrès, quand je vois peu à peu disparaître sur terre tout ce qui est charmant. Mais ces progrès ne me sont pas destinés : ils intéressent la foule des hommes de demain qui, sûrement, ne seront pas fait comme moi. »

Jacques Chardonne, Claire

 

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L’amour qui me cuit

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« L’amour que je sens, l’amour qui me cuit,
Ce n’est pas l’amour chaste et platonique,
Sorbet à la neige avec un biscuit ;
C’est l’amour de chair, c’est un plat tonique.

Ce n’est pas l’amour des blondins pâlots
Dont le rêve flotte au ciel des estampes.
C’est l’amour qui rit parmi des sanglots
Et frappe à coups drus l’enclume des tempes.

C’est l’amour brûlant comme un feu grégeois.
C’est l’amour féroce et l’amour solide.
Surtout ce n’est pas l’amour des bourgeois.
Amour de bourgeois, jardin d’invalide.

Ce n’est pas non plus l’amour de roman,
Faux, prétentieux, avec une glose
De si, de pourquoi, de mais, de comment.
C’est l’amour tout simple et pas autre chose.

C’est l’amour vivant. C’est l’amour humain.
Je serai sincère et tu seras folle,
Mon coeur sur ton coeur, ma main dans ta main.
Et cela vaut mieux que leur faribole !

C’est l’amour puissant. C’est l’amour vermeil.
Je serai le flot, tu seras la dune.
Tu seras la terre, et moi le soleil.
Et cela vaut mieux que leur clair de lune ! »

Jean Richepin, Déclaration in "Les Caresses"

 

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28/04/2014

On est saisi par le spectacle des spectateurs bien plus que par ce qu’il y a à voir ou à entendre

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« Expos, musées, manifestations : on est saisi par le spectacle des spectateurs bien plus que par ce qu’il y a à voir ou à entendre. Ce qui rend presque impossible la jouissance des lieux et des oeuvres, car le non-sens innombrable de la masse s’y oppose - autrement plus significatif, mais de quoi ?

 
(…) 

L’expo, on n’y va pas tellement pour y aller que pour y être allé. Certaines contrées lointaines, on les visite moins pour les voir que pour les avoir vues. Bien des choses, on ne les fait que pour les avoir faites. Et nombre d’entreprises visent moins à atteindre leur but qu’à se débarrasser de leur fin. We dit it ! »

Jean Baudrillard, Cool Memories IV

 

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De temps en temps, cependant, un certain malaise les envahit, les pénètre ; ils sont comme saisis d'une inquiétude vague...

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« De temps en temps, cependant, un certain malaise les envahit [les français] , les pénètre ; ils sont comme saisis d'une inquiétude vague, regardent autour d'eux, effarés. Ils voient tout d'un coup, avec terreur, quels fantoches ils ont placés aux postes dangereux, pour les défendre ; et ils distinguent, dans l'ombre, la cohue des eunuques qui aspirent à leur succéder. Ils flairent le danger. "Qui pourrait-on mettre à leur place ?" demandent-ils, anxieusement. Ils cherchent ; ne trouvent point. Une nouvelle idole, peut-être ? Et ils parlent d'élever une statue à Metz, près de celle de Strasbourg, à l'ombre de l'obélisque. Mais une idole ne suffit pas.
"Qui pourrait-on mettre à leur place ?" continuent à demander les Français. Qui ? Mais vos intérêts ? Votre volonté ?
Ils n'y pensent pas. Ils n'en ont plus. "Nous avons besoin d'un sauveur." C'est un sauveur qu'il leur faut.
Oui, en vérité, il leur en faut un. Eh bien ! Ils l'auront ! »

Georges Darien, La Belle France

 

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Paris et la province sont fort satisfaits

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« L'Anglais veut pourvoir à des nécessités ; le Français est impossible. La différence entre eux trop profonde. L'Anglais veut pourvoir à des nécessités ; le Français, satisfaire des concepts chimériques ; l'Anglais a le sens de l'obéissance nécessaire et le goût de la liberté ; le Français a le sens de la domination et le goût de la servitude.

Il n'ya là nulle exagération. Paris sait quels fangeux gredins il a pour maître. La province sait que Paris n'est que la caverne des filous qui l'escroquent, avec des clowns devant l'entrée pour faire le boniment, et des putains dans l'arrière-boutique pour activer le service. Paris et la province sont fort satisfaits. Ils ruminent les rognures de vieux rêves imbéciles, sans se rendre compte de la position du pays, même au point de vue géographique ; sans s'apercevoir que la situation territoriale de la France, qui en fait une puissance à la fois militaire et navale, la condamne à la ruine, ou à la paix. Que représente la France, pour les Français ? Aux yeux des gens graves, qui possèdent, et qui réfléchissent profondément et pompeusement, c'est un poids nécessaire à l'équilibre européen ; pour les autres, c'est un haxagone. »

Georges Darien, La Belle France

 

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La seule politique que veuille la France, c'est une politique incolore, insipide, flasque...

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« Les Français, en général, sont fort satisfaits de leur état actuel, et le croient digne d’envie. Quelque chose, un sentiment secret les avertit sourdement de leur impuissance; mais, malgré tout, ils sont convaincus qu’ils dirigent le monde; au moins moralement. A part de rares exceptions, ils ne s'intéressent à rien en dehors du cercle restreint de leurs préoccupations routinières ; leur horizon intellectuel est limité par l'Ambigu, le Vaudeville, le Sacré-Coeur et la Bourse. Ils s'imaginent ingénument que l'univers est circonscrit par les mêmes bornes. Paris étant, comme ils disent, le coeur et le cerveau de la France, ils en concluent qu'il doit être, nécessairement, le coeur et le cerveau du monde -- la Ville-Lumière. -- On les étonnerait démesurément en leur disant que cette lumière pourrait être mise pendant fort longtemps sous le boisseau sans que le globe en souffrît, et même s'en aperçût ; on les surprendrait davantage encore en leur apprenant qu'au point de vue de l'étroitesse d'esprit, du bourgeoisisme, du culte du lieu-commun et de la médiocrité, aucune grande ville étrangère ne pourrait lutter avec Paris. On les scandaliserait en leur prouvant -- ce que j'ai l'intention de faire ici -- que presque toutes leurs opinions sur eux-mêmes sont absolument injustifiées, et que la place qu'ils assignent à leurs pays n'est point du tout celle qui leur revient en réalité.

Pour eux, en effet, s’il est une chose qu’on ne peut pas mettre en doute, c’est que la France est le foyer du progrès, le pivot du monde intellectuel, qu’elle occupe à la tête des nations, une situation privilégiée que rien, absolument, ne peut entamer. Ni les vexations de toute nature, indignes d’un peuple libre, qu’ils subissent à l’intérieur avec leur plus gracieux sourire, ni les camouflets de toute espèce qu’ils reçoivent sans interruption à l’extérieur, et qu’ils collectionnent religieusement, ne réussissent à les détromper. Sur d'autres sujets leurs opinions varient...

Et varient-elles ? On peut dire qu'au fond ils sont unanimes, ou peu s'en faut, dans la conpréhension des choses. La diversité des convictions n'existe qu'à la surface, les dissensions sont factices. Sur ce qu'ils appellent les principes fondamentaux de leur état politique et social, ils sont tous d'accord, et d'un parti à l'autre il est impossible de découvrir de différences réelle. Ecartez les mots, balayez les phrases, ne tenez compte que des faits ; et vous vous apercevrez qu'il y a entente parfaite entre les diverses fractions du corps politique, du corps électoral français.

(...)

La seule politique que veuille la France, c'est une politique incolore, insipide, flasque ; elle est prête à payer n'importe quoi pour avoir cette politique-là ; et elle paye, et elle l'a. Moyennant quoi, elle peut dormir et, entre deux sommeils, se trémousser quelque peu afin de donner aux autres et surtout à elle-même l'illusion d'une agitation féconde. »

Georges Darien, La Belle France

 

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