31/03/2007
Sida, "Act Up" et autres Cancers...
Il y a une semaine nous étions encore une fois dans un week-end « Sidaction ». Vous avez porté votre petit ruban rouge ? Vous vous êtes branchés sur cette vingtaine de chaînes de télévision et stations de radios qui d’un commun accord avaient décidé de tenir tête à la maladie avec votre concours ? Tant mieux. Il nous faut nous serrer les coudes afin de pouvoir à nouveau un jour plonger dans des culs sans combinaison Cousteau !
Mais, vous connaissez mon cynisme salvateur (en tout cas il nous sauve au moins moi, moi-même et je) et vous vous demandez à la lecture de ces premières lignes si c’est du lard ou du cochon ? « Mais où veut-il en venir ? »
Tout d’abord, je veux être précis : j’ai perdu quelques potes à cause de cette saloperie de maladie. Ça m’a rongé à chaque fois les sangs. J’ai trouvé ces morts injustes, d’autant plus que j’étais plus jeune quand elles sont survenues et que je n’avais pas forcément l’expérience que j’ai aujourd’hui pour affronter les épreuves douloureuses. Dans la cité des années 70 et 80 l’héroïne circulait comme les joints de nos jours. Je ne sais si c’est toujours le cas aujourd’hui, ayant presque entièrement coupé les liens avec cet univers glauque, mais ça m’a permis de voir partir un sacré paquet de potes et de connaissances, qui d’une overdose, qui d’un empoisonnement de substitut afin de palier au manque, qui du Sida. Et quelques-uns survivent encore, porteurs du virus, en espérant des jours meilleurs.
Ce qui me révulse, cependant, c’est le Lobbying propagé par des groupuscules pseudo-situationnistes comme « Act Up » qui font se propager dans les mentalités, de par leur militantisme violent et sans concession, l’idée selon laquelle le Sida serait la seule maladie du siècle digne de notre attention. Posez la question autour de vous : « Quelle est la maladie, selon vous, qui aura marqué la fin du siècle précédent et l’entrée dans le nouveau millénaire ? » Je suis prêt à parier que presque tout le monde répondra : « Le Sida ».
Or, malgré les chiffres annoncés par les tenants de l’information selon la propagande aux rouages bien connus, le Sida demeure par son rang relativement modeste parmi les causes de décès dans le monde.
Toute maladie est à combattre, la mort, quelle qu’elle soit, doit nous mobiliser. Ma future mort me mobilise chaque jour que Dieu fait, puisque je tente de la considérer intellectuellement, spirituellement pour me préparer au grand saut, au grand départ. Je vous conseille de lire ou relire Pascal et d’y réfléchir à votre tour. Mais la vérité doit être dite lorsqu’on a affaire à une telle débauche de mobilisations diverses au niveau social, thérapeutique et curatif, monétaire et budgétaire.
Les chiffres de l’année 2000 disaient que 278 253 cas de CANCERS étaient répertoriés en France cette année-là, dont quelque 150 000 promis à la mort.
Quelques 19 000 à 20 000 morts dus uniquement au CANCER de la prostate meurent chaque année dans ce pays.
Les maladies cardio-vasculaires, elles seules, font quelque 170 000 décès par an juste en France.
Le Sida : en 2003 le nombre de décès cumulés depuis le début de l’épidémie en France était de 33 745. Depuis le début de l’épidémie.
Mais les pays pauvres avec, en premier lieu, l’Afrique, n’est-ce pas là le point culminant de l’épidémie ? C’est bien exact. Mais rien que la malaria tue entre 1 million et 3 millions de personnes par an, selon les années, dont 90% en Afrique sub-saharienne. La malaria est à l’origine de quelque 400 millions de cas de maladies aiguës à travers le monde.
Le Président d’Afrique du Sud, Thabo Mbeki, rappelle ces faits que je viens d’évoquer et met la malaria en tête de liste des causes de morts en Afrique et il ajoute que la malaria n'est pas un problème ni en Amérique, ni en Europe. Mais on ne l’écoute pas.
En Europe Occidentale l’information circule et je ne connais pas, pour ma part, de personnes ne connaissant pas les moyens de se protéger du virus si elles en viennent à épouser des comportements à risques : changements de partenaires sexuels, toxicomanie. Sans être des experts du Virus de l’Immunodéficience Humaine, mettre une capote ou changer de seringue et d’aiguille avant de se shooter est à la portée de tous. Mis à part les malheureux ayant été victimes du virus par négligence (transfusés sans précaution, contamination par un conjoint n’osant pas avouer sa séropositivité contractée ailleurs) on ne peut pas dire que la prévention connue de tous soit difficile à appliquer. Elle est même simple et efficace. C’est une campagne radicale de prévention qu’il faut faire dans ces pays en voie de développement au lieu de s’en prendre au Pape, par exemple, en exigeant de lui qu’il remette en cause une des bases de son credo religieux en invitant nos frères africains à se protéger d’une capote avant de gambader de partenaire en partenaire. Ce n’est pas son rôle, mais c’est peut-être le nôtre.
Le virus du sida (H.I.V. ou V.I.H.) entraîne une chute des défenses immunitaires qui finit par rendre l’organisme incapable de se défendre contre la moindre infection. Ainsi, un de mes potes d’enfance porteur du virus du Sida depuis quelques années, mais dans un état assez stable, est mort en trois semaines après avoir mangé une mauvaise merguez qui lui développa une jaunisse fulgurante.
Le virus du Sida se transmet soit au cours de rapports sexuels avec des personnes qui en sont porteuses, d’où l’intérêt de l’emploi des préservatifs, soit par voie sanguine : lors d’une transfusion si le sang transfusé en contient (en France, la recherche d’anticorps révélant sa présence est, depuis l’affaire du sang contaminé, systématique), ou du fait de l’usage d’une seringue infectée (les toxicomanes par injection intraveineuse sont particulièrement exposés).
Au cours des années 1990, on a constaté que le virus présentait plusieurs formes, ce qui rend très difficile la réalisation d’un vaccin, alors que le nombre de malades progresse.
Bien entendu, il faut soigner les malades, et nous ne sommes pas dispensés de les soutenir et de faire preuve d’empathie et d’humanité à leur égard, quelles que soient les tendances à risques qui les ont conduits à être contaminés.
La recherche travaille. L’état fait ce qu’il peut. Mais « ACT UP » et consorts ont tendance à me révulser.
Jamais pour le CANCER, les maladies cardio-vasculaires, ou la malaria une telle débauche d’énergie médiatique n’a été enclenchée pour recueillir des fonds et, cependant, on a jamais vu un malade du cœur ou du CANCER venir insulter un ministre comme ce fut le cas il y a une dizaine d’année en direct à la télévision. Qu’est-ce qui légitime l’attitude d’ « « ACT UP » dans le maelström médiatique ambiant ?
Depuis 1968 les homosexuels ont su s’organiser afin d’obtenir l’abrogation d’une législation passéiste et abusivement discriminatoire à leur égard. Ils ont contribué à faire évoluer les mentalités vers une plus grande tolérance les concernant. Je ne trouve rien à dire à tout cela. Mais ils ont croisé sur leur chemin, pour leur malheur, le V.I.H. C’est à ce moment-là que les plus radicaux d’entre eux ont projeté sur cette fatale malédiction leurs fantasmes névrotiques les plus extrêmes, y voyant même comme une sorte de complot destiné à les exterminer tous. Je ne rentrerais pas dans le débat conspirationniste qui ne nous conduirait que vers une nébuleuse impasse. Cependant, je suis scandalisé lorsque je lis dans tel article écrit par un de leurs thuriféraires que l’épidémie du Sida équivaut à la Shoah, ou qu’un militant convaincu de sa cause (con vaincu ?) en appelle à un communautarisme refermé sur lui-même en même temps que fortement offensif. Ils en viennent à déclarer même avec une grande assurance que le combat contre le Sida cristallise tous les combats pour les droits de l’homme. Voilà comment on passe d’une promulgation juste, les droits de l’homme, à son négatif actif convaincant : le droit-de-l’hommisme. C’est au nom des droit de l’homme, par exemple, qu’on est parvenu à créer des cités dénuées de droits. Droit-de-l’hommisme. C’est au nom des droits de l’homme que les cerbères roses et en colère d’ « ACT UP » exigent que la situation des malades soit prise en considération. Comme si elle ne l’était pas. Cette attitude communautariste est digne de celle des musulmans de l’UOIF réclamant des horaires de piscine non-mixtes ou l’interdiction du porc dans les cantines de la République.
La faculté et l’autorisation d’assumer et de revendiquer sa différence est une chose, mais l’apparition de la volonté de distinction des droits indique la négation de notre démocratie lorsque les uns et les autres ne veulent plus s’intégrer à nos mœurs mais désirent nous intégrer aux leurs.
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Bande son du moment : Encore et toujours l'intégralité des albums de King Size
Lecture du moment : ...pas de lecture particulière... butinages divers...
Citation du jour : « Si vous êtes malade, ne le soyez pas trop longtemps. Tâchez de ne pas dépasser les 21 jours réglementaires, car, la patience des meilleurs amis est assez courte et vous auriez vite l'impression d'être délaissé.» Sacha Guitry
Humeur du moment : Le regroupement des forces... encore et toujours... toujours et encore...
03:00 Publié dans Franc-tireur | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : Sida, Sidaction, Act-up, propagande, désinformation | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Commentaires
L'exemple est éclairant et bon, vrai. L'analyse est intéressante (je trouve) et me touche beaucoup surtout dans la confrontation de cet anti-modèle de comportement social que vous nous décrivez - assimilable à de la tentation - à la difficulté sensible mais quotidienne des "cités" à se laisser voir et entendre autrement que par ce qui reste un biais.
Votre témoignage m'est également précieux, autant que l'est votre message, dans son action engagée.
Une bonne soirée à vous, ainsi qu'à vous... et à vous.
Écrit par : Marie Gabrielle | 31/03/2007
Oui les x... actions et autres x...tons... que dire, qu'ajouter... La bonne conscience coûte de moins en moins cher... C'est une bonne nouvelle au moins quelque chose qui n'augmente pas...
Écrit par : stael | 01/04/2007
...il n'empêche, Nebo, que dans les faits, il est chagrin d'avoir à vivre avec "ça" qui plane comme une chape sur ce que nous croirions être uniquement notre société, oubliant effectivement sans doute et plus profondément ceux qui plus éloignés mourraient déjà en plus grand nombre.
La chape est lourde, qui pourrait nous conduire à plus de consciences en tous genres...
Oui, que dire de plus, si ce n'est la connerie d'un chantage affectif ou à la fierté, dans une certaine pratique ? qui devrait être alors à condamner, au sens d'un très joli pied de nez. Sof... dans la sécurité affective ayant trait aussi et ainsi à l'image, et puis bien sûr physique ?
Votre blog nous est un terrain de jeu où il fait bon se sentir un peu libre et solitaire... vous présent.
Écrit par : Marie Gabrielle | 02/04/2007
(oui, je sais, je n'ai pas parlé du "plaisir pur" et purement en cause).
A bientôt,
Écrit par : Marie Gabrielle | 02/04/2007
Merci Nebo pour ce texte.
Sans remettre en cause la nécessité d'une prise de conscience face à cette maladie et la souffrance de ceux qui en souffrent, je suis parfaitement d'accord avec ton propos.
Il est en effet souvent politiquement incorrect de critiquer l'action de ceux qui se battent contre le sida, lesquels ont tendance à faire culpabiliser ceux qui n'en sont pas atteints alors que, comme tu le précise justement, la grande majorité des cas pourraient être évités par l'application d'une prévention simple mais efficace.
Mais que cela ne nous empêche pas, toutes et tous, de rester sensibilisés face à cette terrible maladie.
Écrit par : morgan | 04/04/2007
Personnellement je pense plus souvent au cancer qu'au sida, j'ai connu beaucoup de personnes décédées d'un cancer, je n'en arrive qu'à une seule et unique conclusion, un peu fleur bleue, je l'avoue mais tellement oubliée :
" Profitons de la vie tant qu'elle est là ! "
Écrit par : noir intense 35 | 10/04/2007
Je me suis très peu intéressé au discours d'Act Up comme je m'intéresse aussi peu au discours des ONG quelles qu'elles soient parce que ces entrepises n'ont pour but que de capter le maxiumum de subventions et sont toutes en compétition les unes avec les autres. Particulièrement lorsqu'il s'agit de grosses machines comme Act Up. J'ai connu une de ces organisations de l'intérieur SOS DI où j'ai fait deux séjours en cure de désintoxication. Ce sont des machines à blanchir le blé que des partis politiques, des "généreux donateurs" ne peuvent pas verser directement sur les comptes bancaires. D'où les prises de positions éminemment politiques à la veille d'élections importantes pour la maintenances de ces pompes à fric.
Tu as parfaitement raison, Nebo, de remettre en perspective les véritables enjeux sanitaires en replaçant le SIDA à sa juste place.
Comme toi, j'ai vu un nombre effroyable d'amis, de copains, de connaissances mourir du "caramel" sans avoir, le plus souvent, passé le cap de la 30aine. J'en suis arrivé à conclure que ceux qui ont eu à faire la guerre véritable n'ont pas toujours eu à déplorer autant de décès parmi les camarades avec qui ils ont combattu. Quand, 11 ans plus tard, date à laquelle j'ai définitivement lâché l'affaire, je cumule les chiffres des morts par overdoses, accidents, règlements de comptes et SIDA, et, quand je repense aux frères et soeurs de galère morts au champ d'honneur, et je suis toujours et encore sidéré.
Mais, comme tu le dis, à partir du moment où les risques étaient connus et les stratégies d'évitement de cette maladie bien établies, le SIDA ne concernait plus que ceux qui tentaient le diable en prenant des risques, et, principalement, en faisant le pari le plus dangereux, cette espèce de roulette russe qui consistait à échanger les pompes sans les javelliser soigneusement au préalable.
Voilà, Nebo, ceci pour te dire que je suis tout à fait d'accord avec toi, Act Up, comme la plupart des associations de ce type, est dirigée par une bandes de crevards qui fait de la thune sur le malheur des autres et qui cherche à faire porter le chapeau à leurs ennemies politiques, comme l'Eglise, par exemple, avec qui ils entrent en concurrence sur le terrain du caritatif. Donc ces vautours cherchent à bourrer la caisse de l'opinion publique et ils y réussissent facilement par la désinformation et en jouant sur les bons sentiments.
Écrit par : Scheiro | 17/04/2007
Oui... Carpe Diem... bien entendu... tant que ce n'est pas du consumérisme maladif...
Pour le reste... j'ai des cicatrices au coeur et à l'âme... ni le sida ni la connerie ne passerons par moi...
Merci pour vos lectures à tous...
Bien à Vous...
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Écrit par : Nebo | 19/04/2007
Juste pour info, en reponse tres rapide a sheiro, vos avis sont les votres, je les respecte, mais dire que les dirigeants d'act up-paris se font du fric sur le dos des contribuables et autres genereux donateurs, les membres du bureau d'act up-paris sont benevoles. Non rémunérés et les quelques six ou sept salariés sont payés au smic, ils sont là volontairemnet ayant en général des qualifications qui leur permettraient d'etre payés plus ailleurs... La grande majorité des présidentEs ont vécu des situations financieres difficiles pendant et apres leur mandat parce que leur travail benevole ne permettait pas tellement un travail rémunérateur...
Je voulais juste faire cette précision qu'en 18 ans d'existence, à priori personne ne s'est fait le moindre sous sur le dos du sida à act up-paris.
Écrit par : Sam | 11/09/2007
Ce billet date de l'année dernière mais vous voyez très juste.
Jérôme, ancien d'ACT UP.
Écrit par : Jérôme | 30/03/2008
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