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04/06/2008

Clergé

=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires"=--=

Je ne saurai dire avec précision, pris de court, pour quelle raison précise j’écris toutes ces lignes. Je pourrais, bien sûr, en me penchant sur la question élaborer une suite de réponses diverses fusionnées en une sorte de réponse générale unique et étayer mes propos par des allusions à la purge, à l’angoisse existentielle et métaphysique, à la volonté de poser des questions et de tenter des percées par des réponses créatrices, progressivement, de valeurs nouvelles au fil des ans et des pages tracées dans la fièvre et la brume. Mais je sais que j’écris pour survivre et avoir suffisamment de forces pour m’aménager des instants de pure vie bienheureuse. J’écris, surtout, pour les bienheureux, la vérité est là. Les bienheureux inquiets. Ceux dont le front se plisse devant le précipice du cosmos, mais qui dansent de joyeuses prières face à lui. Poètes qui s’assument ou s’ignorent, musiciens sachant jouer et même, mieux, composer sur le clavier de l’Être, sur la guitare du Réel, sur la harpe de la Création qu’ils transcendent de leurs notes. J’écris, donc, pour les insoumis légers, les rebelles propices à la valse.

Les incultes pénétrés d’eux-mêmes, les sinistres mondains « people », les certains de leur merde, les assurés sentant la naphtaline, les pétitionnaires ambitieux, les politicards rayonnants, les éditeurs véreux, les journaleux à l’âme propre, les universitaires bilieux, les révolutionnaires bobos, les médiatiques cancéreux, les moralistes immoraux, les affairistes littéraires, les religieux sclérosés, les apocalyptiques de la haine de soi, les pétainistes masqués, les fascistoïdes populistes, les démocrassouillards humanitaristes, les rancuniers vengeurs, les sacraliseurs de la chair, les contempteurs du corps, les peine-à-jouir, les employés grisâtres, les déprimés contaminants, les militants de gôche et les militants de drouâte, les féministes couillues et les tapettes castrées, bref… tous les membres du clergé nihiliste : passez votre chemin. À moins que vous ayez pris la décision du risque de la métamorphose radicale, vous ne trouverez dans mes mots que vos propres marécages plutôt que mon haut soleil. Car c’est trop vous demander que d’apprendre à lire. Lire, à vos yeux, est une perte de temps. Lire, vous vous en passez à merveille. C’est votre force. Vous ne vous consacrez qu’à vos réseaux, votre domination ou votre soumission. Votre contrôle. Votre Golem abstrait, votre Big Brother virtuel tellement présent, comme le Diable. Vous aimez que ça fourmille, que ça s’agite, que ça sautille, dans la fureur, la violence ou la paix calculée, qui n’est pas moins violente. Un géant de fer et d’acier et de câbles de communication aux pieds d’argile, avec entre les jambes un petit pénis ridicule mais, juste en dessous, une chatte béante, puante et pondeuse de clones, pondeuses de bruit, pondeuse de mauvais livres, de pitoyables films, de tableaux insignifiants, de pensées obtuses, d’artifices sans culture, de mort. De mort vers laquelle nous devrions l’encourager à aller se dissoudre, ô Matrice purulente.

La solitude de l’écrivain, la solitude de l’artiste, est récupérée par la jolie société qui est la nôtre sur le mode de la sacralisation de sa souffrance. Mais peu sont ceux qui parviennent à en lire la profondeur, à en éprouver l’ardeur, à en mesurer le poids. Un poids qui est celui d’une croix. Les crucifixions emmerdent notre époque qui se rêve propre et bien portante (grand bien lui fasse), puritaine elle abhorre les purs. L’antisémitisme supposé d’un film magnifique comme La Passion de Mel Gibson n’a été mis en avant que pour masquer le vrai problème : le dégoût que la croix, en tant que telle, inspire : instrument de supplice et de rédemption non assumé.

Méfiance. Le nihilisme qui consiste aussi à nier l’instinct violent, l’agressivité dans la sphère clinique du politiquement correct qui nous sculpte et nous domine finira par entrainer une violence et une agressivité supérieures à tout ce qu’a vécu le Christ, ont écrit Sade, Bataille ou Artaud. Le clergé aime à organiser et entretenir avec une constance volontaire l’abandon de ses ouailles à la servilité ambiante, à l’angoisse et à la dépression, à l’incapacité de regarder la mort en face.

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