12/10/2008
Grâce
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Quand on est brisé, enterré, à plat au plus bas dans les platitudes, rongé, anéanti, je me demande si ce n’est, en vérité, une grâce.
« Le Billard noir
Entre deux profondeurs de sommeil et d’oubli,
La terre tourne, et ferme, et rouvre son œil bleu.
Notre état naturel est d’absence dans ces ténèbres.
Mais sans fin convoqués nous franchissons par vagues
L’espace que nos cils cernent ici dans l’épaisseur
Qui nous berce et nous abandonne. Morts. Normalement
Morts (sauf pour ce coup d’œil rapide et circulaire), car
N’étions-nous pas déjà des morts avant de naître, à quel
Désir soudain jetés en pâture, et sur le drap
Du billard noir lancés dans les trajectoires des sphères ? »
Jacques Réda, Retour au calme
Et je pense, je ne sais pourquoi, à André Breton, dans L'Amour Fou : « J’hésite, il faut l’avouer, à faire ce saut, je crains de tomber dans l’inconnu sans limites. » On peut sautiller sur place et faire le fier si ça nous chante. Bomber le torse. Rouler des mécaniques. Les planètes redoutables continuent de tourner. On n’a rien à opposer aux émanations fulgurantes. « Toutes sortes d’ombres » poursuit Breton « s’empressent autour de moi pour me retenir, pour m’opposer de hauts murs que j’ai grand-peine à frapper d’inconsistance. » On cherche le point nodal où se résoudraient les contradictions de notre incarnation et on ne fait que franchir des portes, passer des degrés et rencontrer chaque fois un peu plus une sorte d’éblouissement.
07:00 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (1) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Commentaires
Ah, Réda. Je suis une quiche en poésie, j'en ai très peu lu mais quand je pense poésie, je pense à la bicyclette de réda. Ca et le dormeur du val.
Ceci dit, quand je viens ici, que je tombe sur ce genre de note, je suis souvent prise d'un arrêt, d'un blanc et je me dis juste "chouette, je reviendrai".
Écrit par : sidonie | 14/10/2008
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