Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

10/02/2009

Léon Bloy, "Le Salut par les Juifs" - III

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

J’avance dans ma lecture de Bloy. Je reviens en arrière pour relire à nouveau, des pages entières. Non que je ne comprenne pas ce qu’il avance, mais je veux, à chaque fois, resituer les mots dans le flux écarlate de sa redoutable rhétorique. Cet homme a compris le lien indéfectible que le peuple d’Israël a tissé avec Dieu sur l’injonction de celui-ci. Cette élection inclusive dont je parlais hier, nous saisi dans sa trame et nous devenons solidaires dans le bien comme dans le mal et toutes les attitudes que nous adoptons avec le peuple juif, bonnes ou mauvaises, sont inscrites génétiquement, générationnellement, de siècle en siècle, dans la trame vertigineuse de l’Histoire. La controverse sanglante qui anime l’humanité entière dans ses jeux de pouvoir, de valeurs, de cultes, de politique, se trouve déjà indiquée dans le texte saint que les premiers prophètes monothéistes nous ont légué. Car ce peuple a reçu la bénédiction et la malédiction, toutes deux génériques, pour le projet humain. L’homme total de la bénédiction, à cause de la chute, à cause de l’exil est devenu l’homme esclave et totalitaire, ce qui est la même chose, le dernier homme de la malédiction acquise par ses actes et le fruit juteux et exquis du péché toujours recommencé.

« Maint homme A peur de remonter jusqu’à la source. » écrit Hölderlin dans Souvenir, tiré de ses Hymnes.

En remontant à la source de l’être, par la foi, ou la lecture du symbole ou du mythe, lecteur démerde-toi, on atteint à la certitude redoutable qu’en dépit de tout ce qui a été tenté pour supprimer ce peuple juif, errant comme Caïn sous la face de Dieu, ou comme le fils prodigue des évangiles, ou comme le peuple entier sorti d’Egypte par le glaive tranchant de l’Esprit de Dieu dans le désert de son apprentissage, depuis l’expulsion de Judée et la destruction du temple vers 70 de notre ère, jusqu’à la raclure nommée Drumont trempant sa plume haineuse dans la merde de ses préjugés, ce peuple ne peut être et ne sera pas détruit. Drumont inspira les SS et ceux-ci inaugurèrent pour la première fois avec la saisissante horreur que l’on connut l’annihilation, la destruction, technique, méticuleusement programmée puis organisée et exécutée de tout un peuple qui portait en lui tout ce que nous étions devenus, dans le mal et dans le bien.

 

07:13 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (3) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

Et meeerde, je viens de perdre un long, mais vraiment longcom. Pas le courage de reprendre.

Pas le courage de tout reprendre mais...Ce que je disais,c’est qu’il me faudrait quand même lire La France jiive afin de comprendre le secret de la fascination exercée par Drumond sur le jeune Bernanos. Séduit à 27 ans, il l’est encore à 45 lorsqu’il consacre à Drumond tout un livre, La grande peur des biens pensants, véritable bio et « faits et gestes du grand Drumond. Le livre permet de comprendre ce qu’un Bernanos et bien d’autres avec lui voyait en Drumond. Et puis cela re-historicise le personnage. Quelque soit l’immondice des idées du personnage, il y a une chose frappante : pour Drumond, un juif probe, patriote et travailleur, c’’est possible. Ca peut exister. Pour moi on se trouve là devant la différence radicale qui sépare ontologiquement l’antisémitisme « à la française »du nazisme allemand et de tout antisémitisme taillé sur son modèle. Drumond et tous les français avec lui (à l’exception, peut-être, de Gobineau et de Vaché de Lapouge) ne figent pas le juif dans son être. Ils ne l’essentialisent pas alors que c’est très exactement ce que fait le nazi . Pour le nazi, le juif est par nature, intrinsèquement, mauvais. C’est pourquoi il doit être éliminé. Pas de ghetto pensable, pas question de lui faire « seulement » rendre gorge, non l’élimination pure et simple. On s’étonne du « délire » nazi mais il est au bout de leur logique, comme l’éradication des classes bourgeoises est dans la logique du léninisme. Il y eut des aryens d’honneur, mais outre le fait que pour beaucoup leur sort en cas de victoire allemande eut été pour le moins douteux, ils n’avaient pas le droit de procréer. Ce qui nous montre que même dans l’hypothèse risible (dans le style noire) d’un « nazisme au visage humain » régnant sur la terre, il aurait fait disparaître le peuple juif –et qqlq autres –tout simplement en leur interdisant la reproduction

L’antisémitisme en France n’a jamais été populaire. Même au temps où la Libre parole (le journal de Drumond, Nebo le sait mais certains peuvent l’ignorer) vendait au maximum, les résulta de leur parti antisémite furent nuls, seul Drumond réussit une fois à être élu, et encore, en Algérie ! L’antisémitisme fut à la mode,dans le vend, sujet de discussions, mais populaire au sens politique du terme, au sens où cela donne du pouvoir : jamais. Et puis il faut voir à quel point les gens, qui n’avaient pas encore acquis notre estomac d’autruche pour les saloperies politiques, étaient dégoûtés après Panama (des boucs émissaires étaient alors bien utiles, et le régimes dont les assises étaient menacés n’hésitait pas à souffler sur ces braises là). Et puis il y eut bien sûr l’affaire Dreyfus. Et bien malgré tout, dans toute cette ambiance, jamais les partis se réclamant de l’antisémitisme ne firent un score qui leur permit de compter si peu que ce soit dans la vie politique française. (a propos de l’affaire Dreyfus, une chose tordante dans le style noir : près de 80% des valeureux dreyfusards furent collabo ou pro allemands –cf « Les dreyfusards sous l’occupation » Simon Epstein) L’Action française –qui n’était pas aussi givré que Drumond sur la « question juive » se p^rit une raclée mémorable dès qu’elle se présentât. Mais pour moi ce qui éclaire le plus la différence entre antisémitisme français e allemand – enfin nazi – c’est la différence de conception des deux idéologies. La française accepte l’idée qu’un bon juif,ça existe. Même un furieux haineux comme Rebatet sauverait bien Pissaro, parce quer, quel peintre quand même. Imbécile ! C’est là qu’on voit qu’ils n’avaient rien compris au nazisme. Pour un SS génie ou pas génie, Pissaro c’est d’ABORD un juif, donc à gazer puis à brûler. C’est dire s’il n’estpas question de justifier ces dangereux imbéciles que sont les antisémites français quand nous tâchons de les comprendre. Ni de les excuser en rien. Mais très simplement de montrer qu’historiquement la France n’a pas à rougir. Et que si elle est l’un des pays qui sauva le plus de juifs, ça ne doit rien au hasard et tout au caractère national

Et bhé...finalement j'en ai refait une tartine. Style à la va vite hein,désolé.

Écrit par : Restif | 10/02/2009

ce qu'a séduit bernanos chez drumont,c'est surtout son anticapitalisme et sa sympathie pour les classes défavorisées.

http://www.france-catholique.fr/La-charite-de-Drumont-et-l.html

drumont a inspiré les nazis par ses formules,pas par son "idéologie".

sinon,quelqu'un sait pourquoi millie a condamné l'accès de son blog?

Écrit par : dindon d'la farce | 10/02/2009

Voyez ça :

http://www.causeur.fr/l’antisemitisme-peut-il-etre-honorable,1184

Écrit par : Gregory | 10/02/2009

Les commentaires sont fermés.