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14/06/2009

Diversité ou intégration ?

=--=Publié dans la Catégorie "PARENTHÈSE"=--=

 

Vu de ma fenêtre

Denis Tillinac, le 04-06-2009

Dîner chez Éric Besson avec Ferry et Slama, deux esprits qui tournent rond, et vite. Au menu : immigration, intégration et identité nationale, ces trois notions composant l’intitulé du ministère dont Besson vient d’hériter.Comme Hortefeux précédemment, il craint que le versant répressif de sa mission nuise à son “image”.Toujours, chez tous les politiques, ce souci de l’image.Pourtant, il faut maîtriser les flux migratoires, refouler les clandestins et verrouiller les frontières de Schengen sous peine de tragédies futures.
Tous les gouvernants européens en sont convaincus, qu’ils soient de droite ou de gauche. En France seulement, dans une fraction des élites, prévaut l’idée d’une vocation nationale à récupérer le tout-venant pour fabriquer de la citoyenneté avec du cosmopolitisme. C’est méconnaître l’histoire-géo de la France.

Aussi ai-je suggéré à Besson, puisqu’il est en charge de “l’identité nationale”, de la définir dans sa triple dimension : une damasserie de terroirs, une longue mémoire, la fierté afférente. La France n’est pas le point focal d’une abstraction décrétée universaliste sur la rive gauche de la Seine. Elle a de la chair, de la tripe, de la bouteille. Bien sûr, elle tolère tous les métissages ethniques, mais pas forcément tous les melting-pots culturels. C’est un maelström complexe de paysages burinés de longue date, de lieux patrimoniaux très singuliers,de figures mythologiques et de tours d’esprit.On ne saurait invoquer son identité en occultant les reliefs ambivalents de notre imaginaire collectif. Bref, la France n’est pas les États-Unis et sa politique d’immigration doit se pénétrer de cette évidence.Slama n’aime pas qu’on use de ces mots – identité nationale – parce qu’historiquement,leur accolement a laissé de fâcheux souvenirs. Il a raison sur le fond et, s’agissant de mon propre patriotisme, je ne me réfère jamais à l’identité, à la nation, à l’État ou à la République.Seulement à la France.Mais,dans un monde où les repères s’effacent, le mot “identité”incarne désormais l’aspiration à un ancrage, autant se l’approprier pour le laver de ses scories.

Quant à l’intégration, on s’en gargarise trop. S’est-on soucié d’intégrer les innombrables Polonais, Italiens, Espagnols, Portugais et autres “Yougos” qui, depuis la première révolution industrielle, ont posé leurs pénates dans nos banlieues ou nos provinces ? Ils se sont intégrés tous seuls,à la longue,et ça n’a pas été facile.Nulle part,fût ce aux États-Unis ou au Brésil,le dernier en date des immigrés n’est bien accueilli… par ses prédécesseurs immédiats. L’argument selon lequel les “ritals”ou les “Polacks”, en qualité de chrétiens, étaient plus faciles à intégrer ne tient pas vraiment la route.À Paris,comme à Marseille, les Arabes musulmans, jadis, se fondaient sans trop de heurts dans le creuset national.Plus on incite à l’expression publique des “diversités”, plus on les cultive en les victimisant ou en les diabolisant, moins on les rend aptes à accéder au sentiment de la pleine appartenance. Cessons de “démagogiser”. Réfléchissons plutôt au projet que Ferry vient de soumettre à Sarkozy : un « service civique » qui suppléerait en quelque sorte au service militaire. Son rapport fourmille de suggestions utiles, il y a là matière à un débat de fond.

Invité par un ami à Roland-Garros, j’ai eu l’insigne privilège de voir de mes yeux la sublime Ana Ivanovic paraître sur un court et y virevolter avec une grâce souveraine.C’était un tour préliminaire,elle affrontait une adversaire modeste et sa forme laisse à désirer mais peu importe : elle rayonnait dans une robe bleue adéquate à sa longue silhouette,j’étais subjugué.Diva jusqu’à l’ombre du sourire. On la sent consciente de son charisme et déjà happée dans le ciel des divinités. À la fin, elle a consenti au public de chastes baisers du bout de ses doigts.Puis est allée serrer la main d’une théorie de dignitaires serbes qui avaient déployé un drapeau :des sujets rendaient hommage à leur reine. À chacun sa politique.Mon approche du principe monarchique est un peu particulière ; elle couronne les dames exclusivement, en vertu d’une légitimité décrétée par mes appétences esthétiques. En l’occurrence, elles rejoignent ma sympathie pour un peuple injustement blessé par l’Histoire.

 

Source, Valeurs Actuelles.


07:00 Publié dans Parenthèse | Lien permanent | Commentaires (2) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

ah si tu sors mon petit tillinac de son duvet corrézien, je te suis mon cher nébo à 100%. Son dernier livre que j'ai soutenu dans mon métier et ailleurs, est un régal de vision politique nette et d'expression souveraine.

Écrit par : jean marc | 18/06/2009

j'espère que ce n'est pas parce qu'il met en exergue la beauté serbe!!hihi

Écrit par : jean marc | 18/06/2009

Les commentaires sont fermés.