07/09/2009
Dieu est mort
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« La plus inouïe des littératures est résultée de ce blocus. C'est à se demander, vraiment, si Sodome et Gomorrhe que Jésus, dans son Évangile, a déclarées "tolérables", ne furent pas saintes et d'odeur divine, en comparaison de ce cloaque d'innocence.
Le grand jour approche ! -- La vie n'est pas la vie, -- Le Seigneur est mon partage, -- Où en sommes-nous ? -- L'éclair avant la foudre, -- L'horloge de la passion, -- Le ver rongeur, -- Gouttes de rosée, -- Pensez-y bien ! -- Le beau soir de la vie, -- L'heureux matin de la vie, -- Au ciel on se reconnaît, -- L'échelle du ciel, -- Suivez-moi et je vous guiderai, -- La manne de l'âme, -- L'aimable Jésus, -- Que la religion est donc aimable ! -- Plaintes et COMPLAINTES du Sauveur, -- La vertu parée de tous ses charmes, -- Marie, je vous aime, -- Marie mieux connue, -- Le catholique dans toutes les positions de la vie, etc. Tels sont les titres qui sautent à l'oeil, aussitôt qu'on regarde une boutique de livres dévots.
Et il ne faudrait pas se hâter de croire à d'insignifiantes plaquettes. L'aimable Jésus, à lui seul, a trois volumes. La bêtise de ces ouvrages correspond exactement à la bêtise de leurs titres. Bêtise horrible, tuméfiée et blanche ! C'est la lèpre neigeuse du sentimentalisme religieux, l'éruption cutanée de l'interne purulence accumulée en un douzaine de générations putrides qui nous ont transmis leur larcin !
Une inqualifiable librairie de la rue de Sèvres vend ceci, par exemple : Indicateur de la ligne du ciel. Un tout petit papier de la dimension d'un paroissien, pour y être inséré comme une pieuse image. La première page offre précisément la vue consolante d'un train de chemin de fer, sur le point de s'engouffrer dans un tunnel, au travers d'une petite montagne semée de tombes. C'est "le tunnel de la mort" au-delà duquel se trouve "le Ciel, l'Éternité bienheureuse, la Fête du Paradis". Ces choses sont expliquées en trois pages minuscules de cette écriture liquoreusement joviale, que le journal le Pèlerin a propagée jusqu'aux derniers confins de la planète, et qui paraît être le dernier jus littéraire de la saliveuse caducité du christianisme. On prend son billet d'aller sans retour, au guichet de la Pénitence, on paie en bonnes oeuvres, qui servent en même temps de bagages, il n'y a pas de wagons-lits, et les trains les plus rapides sont précisément ceux où l'on est le plus mal. Enfin, deux locomotives : l'amour en tête, et la crainte en queue. "En voiture, Messieurs, en voiture !" Le bienveillant opuscule nous laisse malheureusement ignorer si les dames sont admises, s'il leur est accordé de faire un léger persil, ou s'il est loisible d'organiser des bonneteaux, comme dans les trains de banlieue. Ce candide blaguoscope n'a l'air de rien, n'est-ce pas ! C'est le hoquet de l'agonie pour la Foi chrétienne, d'abord, ensuite pour toute la spiritualité de ce monde qu'elle a engendré, dont elle est l'unique substrat, et qui ne lui survivra pas un quart d'heure. Mais que penser d'un clergé qui tolère ou encourage cette pollution du troupeau qu'on lui a confié, qui prend pour de l'humilité l'enfantillage du crétinisme le plus abject, et que la plus timidement conjecturale hypothèse de l'existence d'un art moderne transporte d'indignation ?
Retranché dans les infertiles glaciers du siècle de Louis XIV, les plus hautes têtes contemporaines ont passé devant lui, sans mieux obtenir qu'un outrage ou une dédaigneuse constatation. Des écrivains de la plus curative magnitude se sont offerts pour infuser un peu de sang jeune à la carcasse desséchée de leur aïeule. Ils en ont été reniés, maudits, placardés d'immondices : -- C'est vous qui êtes centenaires et décrépits ! leur crie-t-elle de sa gueule vide, et le seul grand artiste qui ait honoré sa boutique depuis trente ans, Jules Barbey d'Aurevilly, est mis au pilon sur un ordre formel de l'Archevêché de Paris.
Il est vrai qu'elle a ses grands écrivains, l'Église gallicane tombée en enfance ! Elle arbore, par exemple, au plus haut de sa corniche, un évêque non moindre que le schismatique Dupanloup, dont les écoeurantes grisailles sur l'Éducation la font clignoter, comme si c'étaient des torrents de pourpre. Ce porte-mitre, qui fut la honte de l'épiscopat le plus médiocre qu'on ait jamais vu, est considéré comme un porte-foudre intellectuel par ceux-la même qui méprisent l'étonnante bassesse de son caractère. De Pavone Lupus factus, disait-on à Rome pendant le Concile, en décomposant le nom de Mademoiselle sa mère. On a beau savoir l'insolence tyrannique et l'incurie pleine de faste de ce pasteur aux douze vicaires généraux, qui ne put jamais résider dans son diocèse, on a beau connaître la turpitude de ses intrigues politiques et l'immonde hypocrisie du révolté qui trahissait l'Église universelle, en protestant de son désir filial de "ne pas exposer le Pape à l'humiliation d'un vote incertain", n'importe ! on le vénère comme un maître, et la dysenterie littéraire de ce Trissotin violet, dont le plus infime journaliste hésiterait à signer les livres, passe, dans le monde catholique, pour le débordement du génie.
Infiniment au dessous de ce prélat, resplendissant comme elles peuvent, des améthystes inférieures, et des subalternes crosses : les Landriot, les Gerbet, les Ségur, les Mermillod, les La Bouillerie, les Freppel, infertiles époux de leurs églises particulières et glaireux amants d'une muse en fraise de veau qui leur partage ses faveurs.
Puis des soutaniers sans nombre : les Gaume, les Gratry, les Pereyve, les Chocarne, les Martin, les Bautain, les Huguet, les Norlieu, les Doucet, les Perdrau, les Crampon, tout un fourmillement noir sur la rhétorique décomposée des siècles défunts. On peut en empiler cinquante mille de ces cerveaux, et faire l'addition. Le total ne fournira pas l'habillement complet d'une pauvre idée.
Du côté des laïques, on exhibe à l'admiration du bon fidèle un assortiment considérable de cuistres guindés comme des pendus et arides comme les montagnes de la lune, tels que Poujoulat, Montalembert, Ozanam, Falloux, Cochin, Nettement, Nicolas, Aubineau, Léon Gautier, historiens ou philosophes, hommes politiques ou simples conférenciers. C'est la voix lactée du firmament littéraire. Ces roussins de l'esthétique religieuse ont confisqué la pensée humaine et l'ont coffrée dans la geôle obscure des petites convenances et des solennelles rengaines du grand siècle. Nul n'est admis à subsister sans leur permission, et le plus grand art qui fut jamais, le Roman moderne, en qui s'est résorbée toute conception, est jugé comme rien du tout, quand ils apparaissent.
Mais le phénix d'entre ces volailles, c'est Henri Lasserre, le Benjamin du succès. Il devient inutile de regarder les autres, aussitôt que ce virtuose entre en scène, puisqu'il résume, en sa personne l'onction des pontifes, le pédantisme chenu des hauts critiques et la graisseuse faconde des hagiographes. Il ajoute à ces dons si rares le surcroît tout personnel d'une suffisance de Gascon à décourager toutes les Garonnes. C'est un commis-voyageur dans la piété, un Gaudissart du miracle, qui place, mieux que pas un, ses petites guirlandes virginales en papier d'azur. Aussi, la plus incontinente fortune s'est hâtée d'accourir vers cet audacieux accapareur, qui débitait la Vierge Marie dans les boutiques et dans les marchés. Il n'a fallu rien moins que le triomphe presque divin de Louis Veuillot pour contre-balancer un tel crédit, -- et le pur contemplatif, Ernest Hello, est mort ignoré, dans le resplendissement de leurs gloires.
Il est vrai encore que la même main rémunératrice retient, sur le coeur fossile de cette Église hantée du néant, le vétuste Pontmartin, rossignol de catacombes dont l'eunuchat réfrigère opportunément, les préhistoriques ardeurs. Il n'est pas moins véritable qu'on ramasse à la bouche du collecteur, où il sophistiquait le guano, un Léo Taxil, désormais adjudant de Dieu et tambouriné prophète.
Enfin, les pasteurs des âmes fertilisent de leurs bénédictions la bonne presse, instituée par Louis Veuillot pour l'inexorable déconfiture des établissements de bains de la pensée. Après cela, porte close. Haine, malédiction, excommunication et damnation sur tout ce qui s'écartera des paradigmes traditionnels...
"Le clergé saint fait le peuple vertueux, -- a dit un homme puissant en formules, -- le clergé vertueux fait le peuple honnête, le clergé honnête fait le peuple IMPIE." Nous en sommes au clergé honnête et nous avons des prédicateurs tels que le P. Monsabré.
On a fait à ce misérable la réputation d'un grand orateur. Or, ce piètre thomiste, cet écolâtre exaspérant, systématiquement hostile à toute spontanée illumination de l'esprit, n'a ni une idée, ni un geste, ni une palpitation cordiale, ni une expression, ni une émotion. C'est un robinet d'eau tiède en sortant, glacée quand elle tombe. Et il lui faut toute une année pour nous préparer ces douches !
Il se trouve des naïfs que cette vacuité stupéfie. Mais c'est comme cela qu'on les fabrique tous, depuis longtemps, les annonciateurs du Verbe de Dieu !
Une glaire sulpicienne qu'on se repasse de bouche en bouche depuis deux cents ans, formée de tous les mucus de la tradition et mélangée de bile gallicane recuite au bois flotté du libéralisme ; une morgue scolastique à défrayer des millions de cuistres ; une certitude infinie d'avoir inhalé tous les souffles de l'Esprit-Saint et d'avoir tellement circonscrit la Parole que Dieu même, après eux, n'a plus rien à dire. Avec cela, l'intention formelle, quoique inavouée, de n'endurer aucun martyre et de n'évangéliser que très peu de pauvres ; mais une condescendante estime pour les biens terrestres, qui refrène en ces apôtres le zèle chagrin de la remontrance et les retient de contrister l'opulente bourgeoisie qui pavonne au pied de leur chaire. Tout juste la dose congrue, -- presque impondérable, -- de bave amère, sur les délicates fleurs du Grand Livre, pour lesquelles fut inventée la distinction laxative du précepte et du conseil. Enfin l'éternelle politique régénératrice, l'inamovible gémissement sur les spoliations de la Libre Pensée et l'incommutable anxiété de péroraison sur l'avenir présumé de la chère patrie... Quand on entend autre chose, c'est qu'on a la joie d'être sourd ou l'irrévérencieuse consolation de dormir.
Le P. Monsabré est incontestablement le sujet le plus réussi, et les bonnes maisons où se conditionne l'article travaillent, présentement, à lui manufacturer d'innombrables émules. Il y a bien aussi un autre courant qu'il faudrait appeler Didonien, où la médiocrité d'âme paraît plus complète encore et le génie plus absent. Car ils sont de divers paillons, les bateleurs, dans l'Ordre dominicain tel que l'a confectionné ce trombone libérâtre de Lacordaire. Ils ont tous, plus ou moins, la nostalgie du boniment. Mais le Didon, qui ne se satisfait pas d'être une bouche du néant, et qui va prostituant sa robe de moine sur les tréteaux du cabotinisme international, nous sortirait du clergé honnête pour nous mener droit aux soutaniers apostats ou schismatiques, -- ce qui serait évidemment moins décisif, comme sputation à la Face endurante du Christ !
Quant aux autres serviteurs de l'autel et à la masse entière des fidèles, c'est inexprimable et confondant.
On se serre, on se tient les coudes, on s'empile en fumier d'imbécillité et de lâcheté. On se précipite au Rien de la pensée, pour échapper à la contamination du libertinage ou de l'incrédulité.
En même temps, par un repli tout orthodoxe, on met soigneusement à profit l'impiété du siècle pour allonger quelque peu la corde des prescriptions ecclésiastiques. L'Église ayant réduit à presque rien la rigueur de ses pénitences, dans l'espoir toujours déçu d'un plus prompt retour des brebis folâtres qu'elle a perdues, les moutons demeurés fidèles utilisent, en gémissant au fond du bercail, les regrettables concessions de leurs pasteurs et toutes les pratiques suivent la même pente, l'époque n'étant pas du tout à l'héroïsme des oeuvres surérogatoires.
Jamais, d'ailleurs, il ne fut autant parlé d'oeuvres. S'occuper d'oeuvres, être dans les oeuvres, sont des locutions acclimatées, significatives de tout bien, quoiqu'elles aient l'air, dans leur imprécision, d'impliquer, au moral, un protestantisme limitrophe des plus imminents. Les catholiques, en effet, entendent et pratiquent la charité, l'amour de leurs frères indigents, à la manière protestante, c'est-à-dire avec ce faste usuraire qui exige l'entier abandon préalable de la dignité du Pauvre, en échange des plus dérisoires secours. Il est presque sans exemple qu'un de ces chrétiens gorgés de richesses ait pris dans ses bras son frère ruisselant de pleurs, pour le sauver en une seule fois, en payant sa rançon d'une partie de son superflu.
Cela ressemble même à une politique. "Vous aurez toujours des pauvres parmi vous", dit l'Évangile, et cette parole effrayante, qui condamne les détenteurs, est précisément l'occasion du sophisme de cannibales qui procure leur sécurité. Dieu a réglé qu'il y aurait toujours des pauvres, afin que les riches se consolassent pieusement de ne l'être pas, en se résignant à la nécessité providentielle de ne pas diminuer leur nombre.
Il leur faut donc des pauvres pour s'attester à eux-mêmes, au meilleur marché possible, la sensibilité de leurs tendres coeurs, pour prêter à la petite semaine sur le Paradis, pour s'amuser enfin, pour danser, pour décolleter leurs femelles jusqu'au nombril, pour s'émotionner au champagne sur les agonisants par la faim, pour laver d'un bol de bouillon les fornications parfumées où les plus altissimes vertus peuvent se laisser choir.
On serait forcé d'en faire pour eux s'il n'y en avait pas, car il leur en faut pour toutes les circonstances de la vie, pour la joie et pour la tristesse, pour les fêtes et pour les deuils, pour la ville et pour la campagne, pour toutes les attitudes d'attendrissement que les poètes ont prévues. Il leur en faut absolument, pour qu'ils puissent répondre à la Pauvreté : Nous avons NOS pauvres, et, d'un geste lassé, se détourner de cette agenouillée lamentable, que le Sauveur des hommes a choisie pour son Épouse et dont l'escorte est de dix mille anges.
Il se peut que le Dieu terrible, Vomisseur des Tièdes, accomplisse, un jour, le miracle de donner quelque sapidité morale à cet écoeurant troupeau qui fait penser, analogiquement, à l'effroyable mélange symbolique d'acidité et d'amertume que le génie tourmenteur des Juifs le força de boire dans son agonie.
Mais il faudra, c'est fort à craindre, d'étranges flambées et l'assaisonnement de pas mal de sang pour rendre digérables, en ce jour, ces rebutants chrétiens de boucherie.
Il faudra du désespoir et des larmes, comme l'oeil humain n'en versa jamais, et ce seront précisément ces mêmes impies tant méprisés par eux, du haut de leurs dégoûtantes vertus, -- mais justement désignés pour leur châtiment, saintement élus pour leur confusion parfaite, -- qui les forceront à les répandre !...
En attendant, le Christ est indubitablement traîné au dépotoir.
Cette Face sanglante de Crucifié qui avait dardé dix-neuf siècles, ils L'ont rebaignée dans une si nauséabonde ignominie, que les âmes les plus fangeuses s'épouvantent de Son contact et sont forcées de s'en détourner en poussant des cris.
Il avait jeté le défi à l'opprobre humain, ce Fils de l'homme, et l'opprobre humain L'a vaincu !
Vainement, Il triomphait des abominations du Prétoire et du Golgotha, et du sempiternel recommencement de ces abominations du Mépris. Maintenant, Il succombe sous l'abomination du RESPECT !
Ses ministres et Ses croyants, éperdus de zèle pour l'Idole fétide montée de leurs coeurs sur Son autel, L'ont éclaboussé d'un ridicule tellement destructeur, nous ne disons pas de l'adoration, mais de la plus embryonnaire velléité d'attendrissement religieux, que le miracle des miracles serait, à cette heure, de Lui ressusciter un culte.
Le songe tragique de Jean-Paul n'est plus de saison. Ce n'est plus le Christ pleurant qui dirait aux hommes sortis des tombeaux :
-- Je vous avais promis un Père dans les cieux et Je ne sais où Il est. Me souvenant de ma promesse, Je L'ai cherché deux mille ans par tous les univers, et Je ne L'ai pas trouvé et voici, maintenant, que Je suis orphelin comme vous.
C'est le Père qui répondrait à ces âmes dolentes et sans asile :
-- J'avais permis à Mon Verbe, engendré de Moi, de Se rendre semblable à vous, pour vous délivrer en souffrant. Vous autres, Mes adorateurs fidèles, qu'ils a cautionnés par Son Sacrifice, vous venez Me demander ce Rédempteur dont vous avez contemné la fournaise de tortures et que vous avez tellement défiguré de votre amour qu'aujourd'hui, Moi-même, Son Consubstantiel et Son Père, Je ne pourrais plus Le reconnaître...
Je suppose qu'Il habite le tabernacle que Lui ont fait ses derniers disciples, mille fois plus lâches et plus atroces que les bourreaux qui L'avaient couvert d'outrages et mis en sang.
SI VOUS AVEZ BESOIN DE MON FILS, CHERCHEZ-LE DANS LES ORDURES. »
Léon Bloy, Le Désespéré
« Et cependant, tandis qu’ils consolaient les affligés, réconfortaient les opprimés et les désespérés, soutenaient les débiles, offraient aux individus atteints dans leur santé mentale et aux furieux le refuge des cloîtres ou des asiles, que durent-ils faire au surplus, pour travailler par principe et avec bonne conscience à la conservation de tous les êtres malades et souffrants, c’est-à-dire, en fait et en vérité, à la détérioration de la race européenne ? Mettre sens dessus dessous toutes les valeurs, voilà ce qu’ils durent faire ! Et brider les forts, débiliter les grandes espérances, calomnier le bonheur qui vient de la beauté, pervertir tout ce qui est orgueilleux, viril, conquérant, dominateur, tous les instincts qui appartiennent au type humain le plus élevé et le plus accompli en y introduisant l’incertitude, les tourments de conscience, le goût de se détruire muer même tout attachement à la terre et à la domination de la terre en haine de la terre et des choses terrestres. Voilà la tâche que l’Eglise s’est prescrite et qu’elle devait se prescrire, jusqu’à ce que s’imposât enfin son ordre des valeurs, où les idées de "renoncement au monde", de "mortification des sens" et d’"homme supérieur" se confondent en une seule notion. Si on pouvait embrasser d’un seul coup d’œil, avec le regard ironique et indifférent d’un dieu épicurien, la comédie étrange et douloureuse, à la fois subtile et grossière, du christianisme européen, on ne finirait pas de s’étonner et de rire : ne semble-t-il pas qu’une seule volonté a régné sur l’Europe depuis dix-huit siècles, et que cette volonté était de transformer l’homme en un avorton sublime ? »
Nietzsche, Par delà bien et mal
« CHRÉTIEN ET ANARCHISTE. — Lorsque l’anarchiste, comme porte-parole des couches sociales en décadence, réclame, dans une belle indignation, le "droit", la "justice", les "droits égaux", il se trouve sous la pression de sa propre inculture qui ne sait pas comprendre pourquoi au fond il souffre, — en quoi il est pauvre en vie… Il y a en lui un instinct de causalité qui le pousse à raisonner : il faut que ce soit la faute à quelqu’un s’il se trouve mal à l’aise… Cette "belle indignation" lui fait déjà du bien par elle-même, c’est un vrai plaisir pour un pauvre diable de pouvoir injurier — il y trouve une petite ivresse de puissance. Déjà la plainte, rien que le fait de se plaindre peut donner à la vie un attrait qui la fait supporter : dans toute plainte il y a une dose raffinée de vengeance, on reproche son malaise, dans certains cas même sa bassesse, comme une injustice, comme un privilège inique, à ceux qui se trouvent dans d’autres conditions. "Puisque je suis une canaille tu devrais en être une aussi" : c’est avec cette logique qu’on fait les révolutions. Les doléances ne valent jamais rien : elles proviennent toujours de la faiblesse. Que l’on attribue son malaise aux autres ou à soi-même — aux autres le socialiste, à soi-même le chrétien — il n’y a là proprement aucune différence. Dans les deux cas quelqu’un doit être coupable et c’est là ce qu’il y a d’indigne, celui qui souffre prescrit contre sa souffrance le miel de la vengeance. Les objets de ce besoin de vengeance naissent, comme des besoins de plaisir, par des causes occasionnelles : celui qui souffre trouve partout des raisons pour rafraîchir sa haine mesquine, — s’il est chrétien, je le répète, il les trouve en lui-même… Le chrétien et l’anarchiste — tous deux sont des décadents. — Quand le chrétien condamne, diffame et noircit le monde, il le fait par le même instinct qui pousse l’ouvrier socialiste à condamner, à diffamer et à noircir la Société : Le "Jugement dernier" reste la plus douce consolation de la vengeance, — c’est la révolution telle que l’attend le travailleur socialiste, mais conçue dans des temps quelque peu plus éloignés… L’ "au-delà" lui-même — à quoi servirait cet au-delà, si ce n’est à salir l’ "en-deçà" de cette terre ?… »
Friedrich Nietzsche, Crépuscule des idoles
"SI VOUS AVEZ BESOIN DE MON FILS, CHERCHEZ-LE DANS LES ORDURES." Léon Bloy
MOFO
Looking for to save my save my soul
Looking in the places where no flowers grow
Looking for to fill that God shaped hole
Mother...mother sucking rock and roll (Mother...)
Holy dunc, spacejunk coming in for the splash
(Been around the back...been around the front)
White dopes on punk staring into the flash
(Been around the back...been around the front)
Looking for the baby Jesus under the trash
(Been around the back...been around the front)
Mother...mother sucking rock and roll (Mother...)
Mother [scat singing] rock and roll (Mother...)
Mother...mother...mother...
Mother...mother...mother...
Mother...am I still your son
You know I've waited for so long to hear you say so
Mother...you left and made me someone
Now I'm still a child, no one tells me no
Looking for a sound that's going to drown out the world
(Been around the back...been around the front)
Looking for the father of my two little girls
(Been around the back...been around the front)
Got the swing got the sway got my straw in lemonade
(Been around the back...been around the front)
Still looking for the face I had before the world was made
(Been around the back...been around the front)
Mother...mother sucking rock and roll (Mother...)
Bubble popping sugar dropping rock and roll (Mother...)
Mother...mother suck, yeah, fuck yeah (Mother...)
Mother...mother...mother...
Mother...mother...mother...
Soothe me mother
Move me father
Fool me brother
Woo me sister
Soothe me mother
Rule me father
Show me mother
Show me mother
Show me mother
Show me mother
Show me mother
Show me mother
Music : U2
Lyrics : Bono and The Edge
23:22 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (11) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Commentaires
Ah, ami Nebo, je suis bien content de retrouver ici plus complet ce texte de Bloy que j'avais osé évoqué auparavant :
http://ilikeyourstyle.net/2009/02/15/philippe-muray-et-ses-mauvais-lecteurs/#comment-59015 (Com 166)
Certains peuvent s'y reconnaître quand à la cuistrerie scholiaste!
Écrit par : Restif | 11/09/2009
J'ajoute rapidement que ce texte a tout à voir avec la très profonde symbolique bloyenne,avec les thèmes qui structurent sa sémiosis, cette poétique (et poïétique oserai-je tant elle est créatrice au niveau lexicale "susbsanation", "conculcateur" ect, mais cette poïesis dépasse hautement cela)
(sois dit en passant "Le christ au dépotoir est repris du Pal, le périodique -5numéro,4 sorties...- rédigé par Bloy seul). enfin pour donner une idée de ce pauvre des pauvres qui est le découronné absolu l'ordure même la boue et le promis de toutes les apocalypses, cet extrait du poème en prose "Le vigne abandonnée". Mais c'est dans la conjoctio ossoitorumqu'on suivra et saisira le mieux l'idée.comme en lachimie,c'est dans le rebut qu'est l'or. Les ordures SONT le fil,sous un "travstissment inimaginable. bloy n'a jamais cessé de le hurler,appronfondissant l'éclair prodigieux de d'Aurevilli"L'enfer, c'est le ciel en creux".
***
Ah I sans doute, quand le Christianisme était tout à fait sublime, et que le Sang brûlant de Jésus-Christ coulait dans les veines de ses premiers Saints, comme un impétueux métal en fusion qui galoperait dans des
aqueducs de bronze ; — quand les petits enfants et les filles impubères empruntaient « la voix des cataractes » pour chanter ; — quand une armée de lions
affables et tout un empire de bourreaux étaient en présence ; — quand les Chrétiens se promenaient parmi
les tortures, ainsi qu'en un jardin délicieux, et que le bruit de leurs tourments faisaient suer d'horreur les murailles des villes d'Asie
— oui, sans doute, en ce
temps-là, il ne pouvait être question de déclouer le
Sauveur du monde.
Les siècles, donc, vinrent se coucher timidement au pied de la Croix. Et lorsque TEglise eut enfin posé les pieds de son trône sur les quatre coins de la terre, le
Moyen Age, crénelé de basiliques, n'espéra pas mieux que de souffrir.
Il fallait l'échéance actuelle et le cyclone de turpitudes qui souffla du Protestantisme.
Mais, encore une fois, qu'il est tard I Et qu'il
parait misérable, ce Libérateur supposé, cet Elie des éclaboussures et de la racaille, qui se manifeste en
pleurs, à l'instant lugubre de la Fin des fins.
Si c'est là le Consolateur, on le voit tellement au-
dessous du malheur même, que la Misère épouvantable
du Christ ressemble aussitôt, par comparaison, à de la
magnificence.
***
Après tout, il a sa Croix, le Seigneur qui meurt. Il
a son Eglise, — maintenant accoutrée d'injures, il est vrai.
Il a eu des adorateurs qui se firent écorcher vivants
pour l'amour de lui. Un grand nombre d'autres, à force de le regarder, ont obtenu, pour eux-mêmes, la stigmatisation de ses Plaies...
C'est le Salomon des ignominies, et l'univers a beau ne plus en vouloir, l'univers triste et galeux est plein
de sa Face.
L'autre n'a rien, absolument rien. Pas même le
regard d'un désespéré, pas même l'attention des bêtes
venimeuses qui grouillent, désormais, sur le Gtolgotha.
Eh bien tant mieux ! Surge, illuminare, Jérusalem !
Pour délivrer le Roi des pauvres, il fallait, peut-être Quelqu'un qui fût plus pauvre que lui, et qui
arrivât... trop tard.
C'est l'Ouvrier de la dernière seconde de la dernière
heure.
C'est celui qui crut que le Jour ne pouvait jamais
finir et qui vient, même après cette abominable ver-
mine qui craignait d'arriver trop tôt.
Si le Maître de la Vigne rémunère autant les
ouvriers de la « onzième heure » que les travailleurs
qui ont porté le poids du jour, que sera-ce de cet
impossible compagnon qui se présente, lorsqu'on a cessé de payer les mercenaires, lorsque tout le monde
est parti et que les puits de la Nuit se sont ouverts ?. . .
Il faudra bien lui donner la Vigne elle-même, la
Vigne pâle et abandonnée, la pauvre VIGNE du Sei
gneur qui meurt.
(La vigne abandonné, in Le mendiant ingrat, réimprimé au 7 mars 1894)
Écrit par : Restif | 11/09/2009
LIRE BLOY MAIS PAS MON TEXTE DANS LE PRECEDENTCOM. MES EXCUSES.
(oui, car trot tôt envoyé le texte précédent. rien à dire pour le Boy même, mais j'ai donné -j'ai des raisons d'être distrait hélas-un mauvais brouillon du mien, un raté dans le Ctrl/C Ctrl/V.Ce que j'offre est (très petite)partie doublon et pour le surplus guèrepassionnant surement, mais je préfère quand même le donner. qu'au moins je sois intégralement inutile...)
Je pense qu'il n'est pas inutile de scuter le texte offert par Nébo pour mieux comprendre qu'il a tout à voir avec la très profonde symbolique bloyenne,avec les thèmes qui structurent sa sémiosis, cette poétique qui ne jouent que sur les symboles, rejettant toute esthétique réaliste mais également "symbolique" au sens Viellé-Griffin Maeterlinck. La poétique de Bloy est celle d'un voyant qui ne ouise son herméneutique qu'en lui-même à partir du matériel biblique. (Poétique et poïétique j'ose dire, tant cette écriture est bien novatrice-créatrice au niveau lexicale -"susbsanation", "conculcateur" ect,des dizaines voire centaines de mots formés à partir du latin ou de l'argot, car il est préècélinien, on l'a suffisamment dit, mais surtout poiétique dans l'esthtique en tant que traduction d'une saisie de l'invisible, d'un vision (lire le lumineux article de Joseph Royer "Celle qui pleure et Celle qui rit Léon Bloy ou le secret de la « subsanation »" mais cette poïesis dépasse en essence la seule invention lexicale, c’est répétons le d'une vision du monde que Bloy accouche, et notamment celle d’un monde au derier degré de l'affaissement, le christianisme est caduque, bréneux, salivant dans sa « gloire percée ».
«Victime de lectures naïves, on le prend (Bloy) trop souvent pour un naïf alors que sa poétique est largement aussi complexe,si ce n’est plus, que celle de Mallarmé ou Borges (Joseph Royer, Léon BLoy « Dydime », )
Ce fils qu’il faut chercher dans les "ordures " c’est bien la même figure que celui qui est à la fois toute la lumière et tout le péché : "Dans le plan de la Rédemption, le Verbe du Père ayant été substitué au Démon, lui-même devait nécessairement, après avoir assumé toute malédiction, par la plus sage folie, être fait par un divin mensonge le péché lui-même. En conséquence, la malédiction contre le Serpent devait s’accomplir en lui dans toute la mesure de l’Incarnation et jusqu’au point précis où la Divinité lasse de ce travestissement d’infamie interviendrait pour faire éclater tous les sépulcres des pécheurs par la seule Résurrection de ce Christ glorifié que Saint Paul appelle les Prémisses des dormants ". (Symbolisme de l’apparition, p.100) Et n’écrit-il pas « L’esprit Saint ne résiste pas aux prostituées » (Lettres à sa fiancé), ce pourquoi la Véronique du Désespéré encore pute avait d’ «étranges coupde têtes pour des vagabonds » et s'apparie à l'étranger sur cette terre , Marchenoir? et je m’arrête là mais qui lisant un peu son Bloy ne reconnaîtrait pas là la figure éternelle du paraclet toujours représenté comme un vagabond, un errant chez Bloy Il est LouisXVII selon Bloy, Colomb, Napoléon « mendiant le petit sou de l’empire du monde » le Mr Renard, anarchiste-lucifer des Histoires désobligeantes où il apparaît aussi sous plusieurs masques, il est le missionnaires venu d’on ne sait quel orient " qui promet les flammes spirituelle et physique (oh divine ambiguité de l'imaginaire biblique bloyen!) à Clotilde, enfin l’immense figure parousique qui hantât Bloy toute sa vie, qu’il crut reconnaître dans les "prophéties " d’Anne Marie Roulé et le tonnerre mariale de La Salette. Pourquoi croit-on que le Marchenoir du Désespéré perd son fils André 3 jours dans le Désespéré ?, et quelle étrange disparition que rien n’explique, ne justifie, où rien n’est dit, du corps retrouvé "miraculeusement " par Leverdier on ne nous en dit pas plus du comment de cette exhumation. C’est un trou dans le texte, un blanc, une rature, un hors champ de l'écriture tant on touche auplus intime del'âme d'un homme, à son plus sacré espoir aussi. Les 3 jours de la descente aux enfers du Christ ne seraient-ils pas évoqués ici ? (Dans cette catabase qu'est aussi le désespéré). Marchenoir (celui qui va, "marche" sans cesse tel un juif errant) est-il une figure du christ ? Mais alors que signifie la mort de son père qui est la première phrase du Désespéré si ce n’est, précisément, la mort de Dieu. Je m’arrête là, j’en aurai tropà dire. Mais souvenons nous simplement qu’entre l(ordure et Dieu le lien est ontologique chez Bloy, c’est bien pourquoi IL est le serpent et la colombe, Lucifer et l’Esprit saint. (Et j’ajoute pour ceux qui trouvent cela un peu trop hérétique que le vénérable et couturé chamarré de brocaille et médailles Paulo du Quai Claudel écrivit « Celui qui fut notre rédempteur fut aussi le réprouvé par excellence » ("Au milieux des vitraux de l'Apocalypse")
Écrit par : Restif | 11/09/2009
Je viens de rencontrer ce garnement d'XP... et il a raison... la toile a de ses fulgurances, dignes des très grandes plumes et des analystes multidimensionnels... grâce à des interventions,Restif, comme les tiennes, qui viennent illuminer mon Blog avec une magnificence qui m'apporte beaucoup de Joie.
Bien à toi l'ami très cher...
@)>-->--->---
Écrit par : Nebo | 12/09/2009
Ah Nebo, gentle prince, que j'eusse été heureux d'être là avec toi et Xp comme il était d'abord prévu!si seulement la première date avait été respectée... Enfin si ce malheureux n'avait point été victime de sa folle distraction en matière de portable j'étais presque décidé à m'affirmer présent, et bien présent pour cette chère rencontre si désirée! Dis moi que nous réparerons cela, ce me sera cordial de haut rang...
D'un autre côté...Je me blottis comme animal blessé, englué d'ombres, calciné par le phosphore brûlant du chagrin. La foi n'enlève rien au poids de néant ni à la pesanteur du vide, à cette Méduse hérissée blanc masque d'os impavide qui porte faux et qu'accompagne le long cortège de nos inutiles supplications à la fosse; là hululent nos pauvres mots demi hachés, émiettés que les confessions des noirs instants arrachent à nos solitudes. Mais je m'égare, et n'écrivais certes pas pour épandre de funèbres effluves. Il a fallu que tes mots m'entourent de chaleur pour que suppurent les esprits de dame morosité -en attendant l'aube de résurection qui verra la leçon s'empreindre dans ma chair d'homme toujours en chemin et tracer ses sillons ardents dans mon âme de père. Puisque aujourd'hui, plus ne suis que père,et fils d'un souvenir.
Ps Une très jolie chanson que j'ai redécouverte et que je donne ici. Elle rhytme avec mon coeur en ces temps fuligineux et pourtant...pas désespérés. De cela, grâce soit rendu à ceux qui comptent sur moi et ont l'étrange faiblesse de m'aimer.
http://www.youtube.com/watch?v=rjvpFzbICnw
Écrit par : Restif | 13/09/2009
"Puisque aujourd'hui, plus ne suis que père,et fils d'un souvenir."
Cher Restif, comment pouvez-vous écrire des mots aussi tristes?
Ce souvenir, votre père est auprès de vous plus que jamais, il vous serre enfin dans ses bras comme jamais il ne l'a fait de son vivant, il vous aime comme jamais il n'a pu le faire aussi bien en vrai. Soyez attentif à cet invisible qui est la seule et vraie réalité.
Pour en revenir à votre commentaire sur Bloy, Restif, et l'idée du "divin mensonge", de l'appropriation par Notre Seigneur du Péché pour mieux le faire mourir et faire apparaître l'éclatante Vérité, j'avais écrit ses mots à partir d'une fête de la Pentecôte : ça n'est pas orthodoxe du tout du point de vue théologique (et ce fait m'a beaucoup angoissée parce que j'avais l'impression de "mentir" mais il ne s'agissait que de simples mots, pas d'un traité!)
"Ecrit à la Pentecôte 2007; après avoir écouté ce refrain si connu : « Viens Esprit de Sainteté, et tout sera créé, et tu renouvelleras la face de la terre. »La violence ou plutôt la force incroyablement tranquille de ce psaume me renverse à chaque fois que je le lis. Renouveler la face de la terre ! Rien que ça ! Ben tiens !
Lu, dans les textes du jour ( mardi 3 juin 2007) : « Frères, vous attendez avec impatience la venue du jour de Dieu ( ce jour où les cieux embrasés seront détruits et où les éléments en feu se désagrégeront ) . Car ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice. » Lecture de la 2 lettre de St. Pierre Apôtre.
Viens
Toi l’Inconnu, l’Invisible
Et pourtant capable d’embraser une planète,
Toi le feu, la lumière qui rend lisible
Tout le cosmos, l’univers et les tempêtes
Toi pourtant si doux, si discret
Et si présent dans nos âmes
Comme une mère s’occupe dans le secret
De ses enfants, de leurs vies, de leurs alarmes
Toi qui te lèveras aux heures sombres et ultimes
Ou tout sera perdu, détruit ,désert gris sans vie
Oui, tu te lèveras dans un souffle irrésistible et sublime,
Tu renouvelleras dans un mouvement infini
L’œuvre du Père si merveilleuse
Qu’Il en fit notre nid.
Attaquée dans une colère furieuse
Par l’adversaire, le démon, l’ennemi.
Mais toi qui n’est qu’Amour
Tu enveloppas l’homme dans tes bras,
Par une auréole de feu tu le protégeas
Jusqu’à la fin des temps, pour toujours.
Tu te lèveras et dévoileras le secret à jamais caché
L’œuvre merveilleuse du Père, tes enfants chéris,
Rien n’est abîmé, tout a été bien conservé
Le Royaume est là, bien là, c’est le Paradis.
Écrit par : la crevette | 16/09/2009
Je ne suis pas triste chère Crevette, ou plutôt mes paroles ne reflètent pas un désespoir particulier. "fils d'un souvenir" n'est point mélancolie -du tout!- mais juste description. Mon père est tout entier dans mes /ses souvenirs, c'est ainsi,c'est comme ça.Pour l'âme nous verrons à la fin du voyage!
Vous présumez trop de mes émotions,je ne suis pas un romantique endeuillé, nullement. Hier un ami cher me félicitait d'user "de la béquille de l'humour".
C'est quejJe ne me pose pas ce genre de question, tristesse/pas tristesse. Je vais au vol des instants, entre un éclat de rire au souvenir d'une blague et une rêverie à l'arrêt de mémoire. Relâche d'instant au bord du songe...
Les mots sont un peu magiciens vous savez, et donc un peu traîtres. Ils ne sont jamais qu'un reflet imparfait, outrés ou incolores.
Bien à vous chaleureusement chère Crevette. @
Écrit par : Restif | 16/09/2009
Ah! Restif! Gourde que je suis! j'ai rien compris comme d'habitude! Merci d'avoir pris le temps de me préciser votre pensée sans vous énerver.Ah oui! les mots sont traitres, surtout pour un cerveau de crevette!
"Mon père est tout entier dans mes /ses souvenirs, c'est ainsi,c'est comme ça."
Je comprends mieux et retiens "la béquille de l'humour", c'est une très bonne façon de marcher.
Écrit par : la crevette | 16/09/2009
Exquis crustacé, pourquoi voulez vous que ce soit vous qui ayez mal entendue et non moi qui ait émietté quelques arpèges de trop noires apparences sur la lyre du souvenir?
Vous en vouloir parce que vous vous inquiétez de mon fils, de moi-même et enfin de tous ceux qui comptent sur moi? Mais c'est l'amitié ça! Je préfère qu'on me crie "casse cou" avec tendresse, quand bien même on s'exagère le danger, plutôt que de me regarder amicalement couler dans les sables mouvants de la dépression. Heureusement j'en suis fort loin, mais une "côte surnuméraire"comme disait de la femme le bon Bossuet à plus de coeur.
Je prends mon chagrin humainement, et ce n'est pas le croyant en moi qui me console. Non.C'est l'Hommr.
Bien sur, il y a Dieu, Jésus, le paraclet et toute la cour des Dominations Puissances ect (voire Saint Paul pour un catalogue plus complet et Jean Bodin (je crois) pour un dénombrement soigné des armées de Dieu, à la plume d'archange prête (et si vous désirez ue pinte de rire souffré je vous conseille Le livre des esprits. D'ailleurs on l'a affuté :
http://medievales.revues.org/document1019.html#tocto3
Plus complet mais hélas manquant de rigueur car mêlant au christianisme des démons qui n'ont pas leurs papiers chrétiens (je te renverrais tout ça moi!):
http://ness-sameuh.over-blog.com/article-990212.html
Meilleur, car plus purement inspiré de la pdeusomonarchi de Weirus : http://www.gamekult.com/blog/tichat91/139720/vote=1
pour les anges -contrepoison indispensable si je ne veux pas bientôt porter un beau San Bénito tandis que la chère crevette , toujours charitable, payera discrètement le bourreau pour qu'il m'étrangle (ça se faisait) tandis que l'inquisiteur rédacteur aux Intrangiseants, après quelques juifs dûment massacrés (race maudite!) regrettera qu'on ait été chiche sur la poix et qu'on ait pas entrelardé mon corps archipécheur de mèches souffrées :
http://fr.wikikto.eu/index.php/Noms_des_anges
Et dites vous que je vous ai épargné les sceaux et images des grands princes! (ceci dit certains gamins, à pianoter, me semblent jouer à des "jeux" redoutzbles" dont ils ignorent tout. La magie noire n'est pas une légende, quelle que soit la manière dont on l'explique, et je sais des vies ravagées.)
Écrit par : Restif | 17/09/2009
Ouch! L'exquis crustacé trouvait qu'elle avait bien assez à faire avec ses propres démons intérieurs pour se préoccuper de tous ces anges pleins de souffre!!
Mais j'ai lu l'année dernière un petit livre trouvé chez ma Mère-grand, livre qui relate l'histoire de Mechtilde Thaller et voici ce que j'en ai tiré : contre ces démons, il y a nos anges et je sollicite pour toutes sortes de choses mon ange-gardien (assez bougon je dois dire et plutôt maladroit mais bon j'ai appris à le connaître!^^)
Voici donc ce que j'ai écrit rapido (ça tient plus de la comptine pour enfants vous vous en doutez) à la lecture de ce livre :
"Commencé ce "poème" après la belle lecture d’un livre sur les Anges de Frédéric de Lama. Il a repris les éléments d’un journal écrit par une mystique étonnante, Mechtilde Thaller, née en 1868, morte en 1919. Mariée à un homme véritable tyran, elle reçu les stigmates et eu une vie spirituelle extraordinaire. Elle voyait son ange gardien et eut pleins de visions de Jésus, Marie et des anges. Elle parle de ces derniers dans son journal et nous fait connaître ainsi ce monde merveilleux qui est si proche de nous et pourtant totalement ignoré et méconnu des hommes."
La guerre des étoiles (titre à changer impérativement je sais)
Au départ, il y a un guide fidèle, un pour chacun.
Pour tout être humain, donc, et leur nombre est infini.
Sur mon épaule il se penche, c’est mon ange-gardien
Mon compagnon secret, mon frère, mon invisible ami.
Immobile, un manteau rouge du sang du Crucifié
Recouvre son corps céleste et immatériel.
Immobile, il contemple et adore le Ressuscité
Sa mission, élever mon âme jusqu’au ciel.
Vous êtes si joyeux devant la face de Dieu
Mais le combat ne fait que commencer pourtant
Vos ailes battent doucement dans les cieux,
Armée céleste, esprits-soldats, amours brûlants.
Avec Saint Michel, votre chef, guerrier éclatant
Votre prince qui se dressa, jadis, devant Satan ;
« Qui est comme Dieu » cria t-il à Lucifer !
Debout, il lève le bras et croise le fer.
Pour Saint Gabriel, point d’épée mais un lys.
Il est le premier servant de Marie notre Mère
Il est le gardien des prêtres, le messager de l’Esprit
Il est l’ange de Jésus fait homme jusqu’au calvaire.
Saint Raphaël tient dans sa main un sceptre.
Notre ange secourable nous aide dans la délivrance
De nos vies misérables, mesquineries et faiblesses
Il est l’ange consolateur des hommes en errance.
Les anges appelés Vertus servent les mortifiés,
Les Puissances s’attachent aux prêtres et aumôniers,
Chaque paroisse a son ange à elle, les Principautés,
Les Dominations pour les enseignants en université,
Les Trônes, enfin, gardiens des cloîtres et évêchés.
Maintenant, ceux que je préfère entre tous :
Les Chérubins ; ils portent un nom si doux !
Mais ce sont les Glaives de Dieu, les défenseurs
Du Très-Haut en ses sanctuaires et demeures.
Les Séraphins, en adoration devant la Trinité ;
Ils sont amour et brûlent sans cesse sans se consumer
Ils sont amour et contemplent l’Amour pour l’éternité,
Devant la face de Dieu et celle de Marie en majesté.
Tous ces anges, j’en rêve, la nuit, dans mon sommeil
Et il me tarde, Seigneur, de me cacher sous leurs ailes.
Le dimanche, à la messe, tous t’entourent à l’autel
Et s’écartent quand je prie et qu’à mon tour,
Je m’avance vers Toi, et je crois.
Écrit par : la crevette | 17/09/2009
Nebo,comme je te l'ai dit sur le Bleu, chez Louis, je ne sais pas faire de commentaires,mais ce texte de Bloy il déchire ! Merci de nous déniaiser, Nebo.
Écrit par : IVANOVITCH | 23/09/2009
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