25/06/2010
JERRY LEE LEWIS : « Money » (Live at the Star Club, Hamburg, 5 Avril 1964)
=--=Publié dans la Catégorie "La Chanson du Jour, par The Reverend..."=--=
Mince, Jerry Lee tape sur son piano, c’est peut-être un détail pour vous, mais...
« Jerry ! Jerry ! Jerry ! », beugle une cohorte houblonisée de teutons en goguette... Pourtant, on se dit que le sudiste hystérique à déjà son avenir derrière lui, en 1964. Depuis ses hits magiques de chez Sun, il y a eu son mariage scandaleux avec sa cousine de 13 ans, la relégation au circuit des bars et honky tonks, la concurrence déloyale du gros Elvis qui, lui, a mis beaucoup d’eau dans son vin (et des pilules dans ses tisanes), et puis, cerise sur le gâteau, la nouvelle vague anglaise, le british beat, qui déferle sur le monde, Beatles en tête. C’est précisément sur les lieux mythiques de la genèse beatlesienne, au Star Club de Hambourg, que Jerry Lee décide d’enregistrer un album live, histoire de remettre les compteurs à zéro. Et de laver l’affront, aussi.
Parce que ces jeunes rosbeefs prétendent faire du rock’n’roll !
Oh, sans oublier certes, de rendre hommage à leurs aînés, à travers des reprises bien senties de classiques américains.
OK, se dit Jerry. Je vais les jouer ces standards de chez moi, mais à 200 à l’heure, en hurlant au dessus du boucan de la salle, et en martelant mon piano de manière à ce qu’il couvre le reste du groupe (les Nashville Teens en l'occurence, fraîchement débauchés d'Angleterre justement, et qui allaient ensuite connaître leur quart d’heure de gloire avec la reprise de « Tobacco road ». Mais là, ils peinent un peu à suivre le tempo d’enfer insufflé par leur leader, qui carbure certainement au mélange bourbon-amphétamines…)
Et tout y passe: "Mean woman blues", "Hound dog", "What'd I say", son propre "High School confidential" ou il entraîne littéralement le batteur, et puis un "Good golly miss Molly" d'anthologie qui renvoie les Sonics dans leurs couches.
Et puis, et puis, voilà "Money", le premier hit de Barrett Strong pour la Motown, dans une version qui va laisser celle de Lennon, pourtant bien vicieuse, au placard.
Quand le Liverpoolien hurlait "I want Money!", il donnait l’impression d’avoir plus besoin d'amour que de cash, terminant d'ailleurs la chanson sur des "I wanna be free!" désespérés.
Jerry lui, c’est autre chose :
ce qu’il veut, c’est la puissance et la gloire, l’argent et le sexe.
Et s’il éructe « Your lovin’ don’t pay my bills ! », c’est vraiment qu’il s’en contrefout, de l’amour du public.
Il veut juste le bouffer. Parce que Jerry, c’est le Killer.
A lire : « Hellfire », la biographie ultime du killer par Nick Tosches aux éditions Allia.
Philippe "The Reverend" Nicole (Bassiste-chanteur des défunts King Size et, actuellement, bassiste chez Peter Night Soul Deliverance et chez Margerin)...
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