10/06/2011
Au cœur des démocratie européennes existe un processus de déshumanisation et de désagrégation
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« L’interprétation économiste et totalitaire des maux des sociétés démocratiques se trompe d’époque et reste bloquée sur des schémas qui entretiennent la confusion. La diabolisation des marchés et des médias constitue l’exact contrepoint de l’idéologie libérale, l’autre face d’un économisme et d’un technicisme qui continuent de régner en maîtres dans le décryptage des mutations des sociétés. Erigée en nouvelle vulgate, l’explication par la dictature des marchés et des medias peut en arriver à confondre la cause et l’effet, jouer le rôle de dérivatif face à un affaissement de la politique et de la culture qu’il s’agit d’affronter si l’on entend s’opposer efficacement à l’envahissement du modèle marchand. Bien plus cette nouvelle vulgate peut servir de succédané à une révolte désorientée qui a perdu ses repères antérieurs. Elle verse alors dans la dénonciation victimaire et le ressentiment, participant ainsi à cet affaissement. Le problème n’est pas celui de Big Brother nous conditionnant, nous manipulant, contrôlant nos moindres faits et gestes pour mieux assurer sa domination, mais celui de la fascination morbide que peut exercer l’image éclatée d’une société et d’individus repliée sur eux-mêmes et confrontés à leur propre impuissance face à un monde en désarroi. Au cœur des démocratie européennes existe un processus de déshumanisation et de désagrégation, phénomène post-totalitaire qui constitue comme un point aveugle des démocraties. C’est dans ce cadre qu’il convient de restituer le mal-être existentiel et social et le fonctionnement dominant des médias. »
Jean-Pierre LE GOFF, La démocratie post-totalitaire
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