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04/10/2011

La dualité constante de sa voix

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Ce qui distingue Drieu La Rochelle dans l’amoncellement des livres sur cette guerre, français, allemands anglais, américains, c’est la dualité constante de sa voix. Une voix de tripes dit l’élan soudain, la fureur de vivre en mourant et la retombée dans l’angoisse après l’action. Et une voix de tête, un persiflage ironique tient à distance l’enthousiasme, l’émotion, et ce besoin de se prouver, de s’éprouver. Cependant l’ironie s’arrête avant la dérision. »

« "Je méprisais à jamais l’esprit étroit des droites, le contraste entre leur chaleur patriote et leur froideur sociale, mais j’appréciais la vague aspiration qu’elles gardent pour la tenue. Je méprisais le débraillé des gauches, leur méfiance devant toute fierté de leur corps, et pourtant je goutais leur amertume". Et dans cet Itinéraire il conclut : "Sous mon premier veston, portant les idées passionnées d’Interrogation, le recueil de mes poèmes de guerre, j’étais tout à fait fasciste sans le savoir". Poèmes de violence où le rythme se souvenait de Claudel, l’image de Rimbaud, la pensée de Nietzsche. »

« A Berlin, comme à Buenos Aires, la plus forte impression est produite sur Drieu par un écrivain. Ernst von Salomon a écrit Les Réprouvés, histoire de jeunes hommes sortis de la guerre et qui ne trouvent pas leur place dans la société. Est-ce en allemand ce Gilles futur auquel Drieu pense depuis longtemps et dont, de livre en livre, il approche ? Non : pas de salons, pas de brillance érotique ni de vernis littéraire, pas de high society.

Ce romancier mène Drieu à travers le Berlin populaire, le Berlin de l’Alexanderplatz, lieu où les communistes rassemblaient les révoltés et que les chemises brunes comptent récupérer. Le dur Allemand qui marche près du parisien n’a pas le baroque poétique de Borges. Quand ils rentrent dans un café, ce n’est pas pour entendre une guitare aux mains d’un ouvrier. Ici tout est âpre, tendu, rude. Ernst von Salomon a fait six ans de prison pour complicité de meurtre [...]. "Ma famille est originaire de France. Après trois ans au secret, on m’a autorisé à recevoir UN livre. J’ai demandé Le rouge et le Noir".

Drieu écrira à Beloukia : "J’ai passé la soirée avec l’écrivain allemand que j’aime le plus, Ersnt von Salomon, qui a été des années en prison pour avoir participé au meurtre de Rathenau. Il m’a parlé avec beaucoup de franchise et de force. C’est beau de voir un homme au dessus des événements. Il a tout fait pour créer ce régime et il refuse les honneurs : un vrai aristocrate". »

Dominique DESANTI, Drieu La rochelle

 

Une note personnelle, tout de même, Drieu se trompe sur un point. Ernst von Salomon méprisait les soudards de Hitler et leur "petit caporal" de chef. Il avait souhaité une Révolution Conservatrice et, en cela, avait été plus proche de l'esprit d'un Ernst Jünger, que de la basse vulgarité et de la cruelle violence des SA ou des SS.

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