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29/10/2011

Je voulais voir le monde entier toucher le fond

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Ce que disait Tyler, comme quoi nous sommes la merde et les esclave de l’histoire, c’est exactement ce que je ressentais. Je voulais détruire tout ce que je n’aurai jamais de beau. Brûler les forêts amazoniennes. Pomper les chlorofluocarbures droit vers le ciel pour gober tout l’ozone. Ouvrir les vannes de purge des superpétroliers et détacher les têtes des puits de pétrole en haute mer. Je voulais tuer tout le poisson que je ne pouvais me permettre de manger, et détruire sous les marées noires les plages françaises que je ne verrais jamais.
Je voulais voir le monde entier toucher le fond.
Ce que je voulais en pilonnant ce gamin, c’était en réalité coller une balle entre les deux yeux de tous les pandas qui refusaient de baiser pour sauver leur espèce en danger et de toutes les baleines ou dauphins qui renonçaient et venaient s’échouer sur la terre ferme. Ne pensez pas à cela comme à l’extinction d’une espèce. Prenez cela comme une remise en place, toutes proportions retrouvées.
Des milliers d’années durant, les êtres humains avaient baisé, déversé leurs ordures et leur merde sur cette planète, et aujourd’hui, l’histoire attendait de moi que je nettoie après le passage de tout le monde. Il faut que je lave et que je raplatisse mes boîtes de soupe. Et que je justifie chaque goutte d’huile moteur usagée.
Et il faut que je règle la note pour les déchets nucléaires et les réservoirs à essence enterrés et les boues toxiques étalées sur les champs d’épandage d’ordures une génération avant ma naissance.
Je tenais le visage de m’sieur l’angelot comme un bébé ou un ballon de rugby au creux de mon bras et je le tabassais de mes jointures, je l’ai tabassé jusqu’à ce que ses dents crèvent ses lèvres. Tabassé à coups de coude après ça jusqu’à ce qu’il s’effondre entre mes bras comme un tas.
Jusqu’à ce que la peau de ses pommettes, à force de martelage, soit si fine qu’elle vire au noir. Je voulais respirer la fumée.
Les oiseaux et les biches sont un luxe stupide, et tous les poissons devraient flotter.
Je voulais brûler le Louvre. Je me ferais les marbres Elgin à la masse et je m’essuierais le cul avec La Joconde. C’est mon monde, maintenant.
C’est mon monde, ici, mon monde, et tous ces gens anciens sont morts. »

Chuck Palahniuk, Fight Club

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