22/09/2012
"L'obsession de la moisson et l'indifférence à l'histoire sont les deux extrémités de mon arc."
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« "L'obsession de la moisson et l'indifférence à l'histoire, écrit ad-mirablement René Char, sont les deux extrémités de mon arc." Si le temps de l'histoire n'est pas fait du temps de la moisson, l'histoire n'est en effet qu'une ombre fugace et cruelle où l'homme n'a plus sa part. Qui se donne à cette histoire ne se donne à rien et à son tour n'est rien. Mais qui se donne au temps de sa vie, à la maison qu'il dé-fend, à la dignité des vivants, celui-là se donne à la terre et en reçoit la moisson qui ensemence et nourrit à nouveau. Pour finir, ceux-là font avancer l'histoire qui savent, au moment voulu, se révolter contre elle aussi. Cela suppose une interminable tension et la sérénité crispée dont Parle le même poète. Mais la vraie vie est présente au coeur de ce déchirement. Elle est ce déchirement lui-même, l'esprit qui plane sur des volcans de lumière, la folie de l'équité, l'intransigean-ce exténuante de la mesure. Ce qui retentit pour nous aux confins de cette longue aventure révoltée, ce ne sont pas des formules d'opti-misme, dont nous n'avons que faire dans l'extrémité de notre malheur, mais des paroles de courage et d'intelligence qui, près de la mer, sont même vertu. »
Albert Camus, L'Homme Révolté
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Commentaires
Vous êtes dans la période Camus, Nebo?
Écrit par : cougar | 23/09/2012
En fait j'ai relu "Lettres à un ami allemand" récemment et ça m'a donné envie d'aller relire en diagonale quelques autres passages.
Il y a chez Albert Camus une très vive intelligence et une compréhension de notre condition humaine qui laisse Sartre, par exemple, loin derrière. Il a encore beaucoup à nous apprendre.
Ce qu'il dit, notamment dans les extraits de "Lettres à un ami allemand" que j'ai mis en ligne, parle encore pour les temps qui sont les nôtres. Même si l'ennemi a changé. Il y a une très grande proximité mentale entre nos ennemis d'hier et nos ennemis d'aujourd'hui.
Écrit par : Nebo | 23/09/2012
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