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01/10/2012

Provincialisme...

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Le provincialisme réside dans l’incapacité (ou le refus) d’envisager sa culture dans le grand contexte. Il y a quelques années, un journal parisien fit une enquête auprès de trente personnalités appartenant à une sorte d’establishment intellectuel du moment, journalistes, historiens, sociologues, éditeurs et quelques écrivains. Chacun devait citer, par ordre d’importance, les dix livres les plus remarquables de toute l’histoire de France ; de ces trente listes de dix livres fut ensuite tiré un palmarès de cent livres (…) et le résultat donne une image assez juste de ce qu’une élite intellectuelle française considère aujourd’hui comme important dans la littérature de son pays. De cette compétition, "Les Misérables" de Victor Hugo sont sortis vainqueurs. Un écrivain étranger sera surpris. N’ayant jamais considéré ce livre important pour lui ni pour l’histoire de la littérature, il comprendra que la littérature française qu’il adore n’est pas celle qu’on adore en France. En onzième place, "Les Mémoires de guerre" de De Gaulle. Accorder au livre d’un homme d’Etat, d’un militaire, une telle valeur, cela pourrait difficilement arriver hors de France. Pourtant, ce n’est pas cela qui est déconcertant, mais le fait que les plus grands chefs-d’oeuvre n’arrivent qu’après. Rabelais n’est cité qu’en quatorzième place ! (…) Et le XXème siècle ? (…) Comme si l’immense influence de la France sur l’art moderne n’avait jamais eu lieu ! (…) Plus étonnant encore : l’absence de Beckett et Ionesco. Combien de dramaturges du siècle dernier ont eu leur force ? Un ? Deux ? Pas plus. (…) L’indifférence envers la valeur esthétique repousse fatalement toute la culture dans le provincialisme. »

Milan Kundera, Le Rideau

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Commentaires

La première et la dernière phrases du texte de Kundera sont "provincialistes". Il suffit d'enlever le préfixe négatif de «incapacité» et «indifférence» à se rendre compte que c'est un grand exercice d’ autorité: «le grand contexte" est le solvant de la esthétique et la «différence» est le stigmate de l’autre. Pensez le provincialisme est toujours un travail à faire.

Écrit par : João de Sousa | 30/12/2012

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