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29/10/2012

L'impression écrasante, définitive, qu'un homme est noyé dans l'humanité...

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« D'autre part, au cours de ces interminables queues que nous faisions par millions le long des routes menant aux trop vastes champs de bataille, j'avais reçu, pour la première fois de ma vie, l'impression écrasante, définitive, qu'un homme est noyé dans l'humanité... »

« Dans les deux dernières années de l'occupation, je vivais dans un charme de plus en plus captivant. Depuis longtemps je m'étais séparé de la foule et de tous ceux qui pensent selon la foule... »

« Enfin seul, à jamais seul. Je pouvais jouir comme je n'en avais jamais joui de ma solitude, et de son véritable caractère, enfin découvert, de chemin vers la mort. »

« Et il n'en restait pas moins qu'en d'autres temps, quand rien de particulier ne me menaçait, j'ai conçu de mourir jeune, d'aller au devant de la mort. Et, entre deux peurs, celle d'être tuée et celle de mourir, j'ai vaincu celle de mourir. »

« La littérature est le contraire d'une sérieuse discipline philosophique et religieuse qui veut aller jusqu'à l'ascèse, et par là, acquérir la concentration sur des points de plus en plus imperceptibles. »

« Mes habitudes de pensée n'ont pas changé depuis mon enfance; presque tout mon temps est occupé par des imaginations qui piétinent sans cesse dans les mêmes ornières, ou bien j'imagine le corps d'une belle femme qui tire ses traits de mes divers souvenirs et je me décris mes relations quotidiennes avec elle, selon le mythe d'une liaison réussie et d'un mariage parfait (il entre là-dedans quelques velléités sentimentales...) ou bien j'imagine un appartement, une maison dont je trace tous les détails : telle table, tel lit, ou bien j'imagine tel état politique idéal. »

« J'aurais dû rester dans une sphère "supérieure", ne pas m'engager de temps en temps dans les comparaisons particulières ? Et bien non, je voulais être humain jusqu'au bout et prendre ma part de la merde des opinions partisanes, des fureurs éphémères, des animadversions locales. Oui, je voudrais avoir de la merde aux pieds... Mais pas plus haut. »

« Je fais des méchants poèmes qui m'amusent beaucoup : je sais qu'ils sont mauvais et pourtant... un mauvais poème rapproche le poète sinon le lecteur, de la beauté, parfois. »

« l y a quelques années que je suis las de la politique : dans cette sphère, ce que nous appelons la sottise humaine éclate avec une satisfaction monstrueuse. »

« Je ne crois pas dans la littérature et je pense que le temps de la littérature est passée. »

« Je perds chaque jour l'avantage sublime de cette concentration d'esprit qui pouvait se faire sur un décès de date certaine. »

Pierre Drieu la Rochelle, Récit Secret

 

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