24/12/2012
Celui qui nous manque est un général d’artillerie de vingt-quatre ans, avec le visage maigre et les yeux ardents du vainqueur d’Arcole
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« Celui qui nous manque est un général d’artillerie de vingt-quatre ans, avec le visage maigre et les yeux ardents du vainqueur d’Arcole. Nous le porterions à l’Elysée, les gardes nous y présenteraient les armes, et le soir même nous donnerions un grand bal, romantique et tendre : l’air fleurerait le lilas et l’oranger, les épaules nues des jeunes filles mettraient le sang à nos joues, le monde nous appartiendrait.
Si de Gaulle avait de la jeunesse, du cœur et du génie, il incarcérerait M. Roger Frey à Tulle, il donnerait deux étoiles au commandant de Saint-Marc, il congédierait ses courtisans et il s’entourerait des âmes fières qui brûlent du désir d’un destin qui soit à la mesure de leurs rêves adolescents.
Notre hostilité au gaullisme n’est pas celle des politiques.
Comme l’a écrit Barrès, "peu importe le fond des doctrines ! c’est l’élan que je goûte !" Que nos idées sur l’Europe et sur la force de frappe soient ou ne soient pas conformes à celles du général importe peu. Nos griefs sont ailleurs : ce que nous reprochons au gaullisme, c’est de n’avoir pas d’âme. L’horrible bourgeoisie d’argent, qui est ce qu’il y a de plus méprisable en France, ne s’y trompe pas, qui se reconnaît en de Gaulle et vote pour lui.
Nous sommes sous la Cinquième République comme Stendhal sous la Restauration : nous piaffons de dégoût, nous tournons nos regards vers l’étranger, nous vibrons pour des nostalgies impossibles, nous portons, comme l’écrit Maurice Bardèche dans son beau Stendhal romancier "l’uniforme noir des chevaleries vaincues". »
Gabriel Matzneff, Combat, 30 décembre 1963
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