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19/02/2012

Des Livres qui promettent peu mais tiennent beaucoup

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Ne croyez pas que j’étais le seul à lire sur le Neversink. Plusieurs autres marins étaient des lecteurs assidus, mais leur choix ne portait pas sur les belles-lettres. Leurs auteurs favoris étaient de ceux que l’on peut trouver dans les éventaires autour de Fulton Market : ils étaient plutôt d’un genre légèrement physiologique. Les expériences que j’ai faites sur la frégate prouvèrent un fait dont tous les amis des livres ont dû faire l’expérience avant moi, à savoir que, même si les bibliothèques publiques ont un aspect imposant et contiennent sans doute des volumes inestimables, cependant les livres qui vous conviennent le mieux, vous plaisent et s’avèrent de bonne compagnie, sont ceux que nous ramassons par hasard, d’un côté ou de l’autre, et qui semblent avoir été déposés entre nos mains par la Providence — en un mot, ceux qui promettent peu mais tiennent beaucoup. »

Herman Melville, La Vareuse blanche

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Johnny Winter : Evil On My Mind

=--=Publié dans la Catégorie "Blues"=--=

 

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18/02/2012

L'existence du Travailleur, loin d'avoir besoin d'une interprétation, deviendra un critère de mesure

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« La vie recèle plus et autre chose encore que ce que le bourgeois entend par biens, et la plus haute exigence que puisse formuler le Travailleur ne consiste pas à être le support d'une nouvelle société mais celui d'un nouvel État.

A cet instant seulement il engage le combat à la vie et à la mort. Alors l'"individu" qui n'est au fond qu'un employé se transforme en homme de guerre, la masse se transforme en armée et l'établissement d'un nouveau système de commandement se substitue à une modification du contrat social. Cela arrache le Travailleur à la sphère des négociations, de la pitié, de la littérature, et l'élève jusqu'à celle de l'action, cela transforme ses liens juridiques en liens militaires - cela veut dire qu'il possédera des chefs au lieu d'avocats et que son existence propre, loin d'avoir besoin d'une interprétation, deviendra un critère de mesure. »

Ernst Jünger, Der Arbeiter

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17/02/2012

Le fils français caché d'Adolf Hitler : Info ou INTOX ?

=--=Publié dans la Catégorie "PARENTHÈSE"=--=


Adolf Hitler avait un fils français... qui était résistant durant la seconde guerre mondiale ! Incroyable mais, apparemment, vrai !

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Par JÉRÔME BÉGLÉ

Hitler aurait eu un fils avec une Française ! Celui-ci a voulu faire reconnaître sa terrible ascendance. Avant d'y renoncer sur les conseils de son avocat et de ses enfants... Récit, photos et documents d'époque.

 

"Maître, je suis le fils d'Hitler ! Dites-moi ce que je dois faire." François Gibault, avocat parisien, n'en croit pas ses oreilles. L'homme qu'il a devant lui est plutôt grand, parle un français parfait sans accent, et n'a rien d'un hurluberlu. Son histoire édifiante n'en est pas moins vraie.

Engagé en 1914 dans l'armée allemande, le caporal Adolf Hitler combat contre les troupes françaises près de Seboncourt en Picardie. De temps à autre, les soldats sont envoyés à l'arrière pour récupérer, reprendre des forces et parfois... s'amuser. À Fournes-en-Weppe, petite ville située à l'ouest de Lille, Hitler fait la connaissance de Charlotte Lobjoie, une jeune femme d'à peine 16 ans.

"Un jour, je faisais les foins, avec d'autres femmes, lorsqu'on vit un soldat allemand, installé de l'autre côté de la rue, révèle celle-ci à son fils bien des années plus tard. Il avait une sorte de carton et semblait dessiner. Toutes les femmes trouvèrent intéressant ce soldat et se montrèrent curieuses de savoir ce qu'il dessinait. Je suis désignée pour essayer de l'approcher." L'inconnu se montre attentif, puis chaleureux, et même amical avec la jeune paysanne. Commence alors une relation qui durera plusieurs semaines.

"Lorsque ton père était là - très rarement -, il aimait m'emmener dans des promenades à la campagne. Mais ces promenades se terminaient en général plutôt mal. En effet, ton père, inspiré par la nature, entreprenait un discours auquel je ne comprenais pas grand-chose. Ne pouvant s'exprimer en français, il déclamait en allemand, s'adressant à un auditoire absent. Si je parlais l'allemand, je ne pouvais le suivre, d'autant plus que l'histoire de la Prusse, de l'Autriche ou de la Bavière ne m'était pas familière, loin de là. Ma réaction mettait ton père en colère en me voyant rester de marbre à ses effets oratoires !" Sous le petit caporal perçait déjà le tribun illuminé...

Un soir de juin 1917, revenant un peu éméché d'une soirée avec un ami, il se fait très entreprenant auprès de Charlotte. En mars de l'année suivante naît un fils. Aux yeux des enfants du village, le petit Jean-Marie est un "fils de Boche". Souvent, il fait le coup de poing avec ses camarades pour laver cette infamie. Les années passent, et Charlotte refuse de s'exprimer sur les mystérieuses circonstances de la naissance de son fils. Pire, miséreuse et vaguement honteuse, elle délaisse son fils et le confie à la garde d'un couple plus aisé chez qui l'une de ses soeurs est employée. Cette "nouvelle famille" finira par adopter l'enfant en 1934. Son "vrai père" de son côté ne le reconnaît pas, refuse de le voir, mais continue de loin en loin à prendre des nouvelles de sa mère. Chose extraordinaire, au début des années vingt, sa famille d'adoption se retrouve propriétaire d'un immeuble à Francfort qu'elle ne paye pas...

 

Quelques semaines avant de mourir, au début des années cinquante, Charlotte avoue à son fils la véritable identité de son père. Le choc est terrible. "Afin de ne pas tomber dans l'anxiété, je travaillais sans relâche, ne prenant jamais de vacances, jamais de distraction : 20 ans sans rentrer dans une salle de cinéma", raconta Jean-Marie Loret dans un livre (*) qu'il publia dans l'indifférence générale en 1981 aux éditions de l'Université et de l'Enseignement moderne.

 

Car au milieu des années soixante-dix, devenu adulte et père de famille, Loret souhaite faire officialiser sa triste ascendance. Il s'adjoint les services d'un historien, retourne sur les lieux de son enfance, interroge quelques rares témoins et diligente une série d'enquêtes : une expertise en méthode d'identification par la physionomie comparative(.PDF), une autre de l'Institut d'anthropologie et de génétique de l'université de Heidelberg(.PDF), qui montre notamment que père et fils ont le même groupe sanguin, une étude comparative psychographologique entre Adolf Hitler et Jean-Marie Loret(.PDF) ainsi qu'une comparaison graphologique des écritures des deux hommes(.PDF). Toutes aboutissent à la même conclusion. Jean-Marie Loret est sans doute le fils d'Adolf Hitler. Des photos plaident également pour cette thèse, tant il y a un "air de famille" entre les deux hommes...

Cette thèse a toujours fait l'objet d'une grande dispute entre historiens. En Allemagne et au Japon elle semble désormais acquise, tandis qu'en France, elle n'a jamais été sérieusement discutée. Pourtant d'autres éléments troublants émergent : il est établi que, pendant l'Occupation, des officiers de la Wehrmacht apportaient des enveloppes d'argent liquide à Charlotte. À la mort de sa mère, Jean-Marie Loret découvrira dans le grenier de la maison des toiles signées "Adolf Hitler" tandis qu'en Allemagne on mettra la main sur un portrait qui ressemblait trait pour trait à celui de sa mère...

"Lorsqu'il vient me voir en 1979, se souvient maître Gibault, j'ai devant moi un homme un peu paumé qui ne sait pas s'il doit se faire reconnaître comme le fils d'Adolf Hitler ou s'il doit effacer tout cela d'un trait de plume. Il éprouve ce que ressentent beaucoup d'enfants naturels : l'envie de retrouver un passé aussi lourd soit-il, mais la peur de retourner de vieilles boues. J'ai énormément parlé avec lui, jouant plus le rôle d'un psychologue que d'un avocat. Certes, il pouvait revendiquer une part des droits d'auteur de Mein Kampf et, pourquoi pas, des comptes en banque que le Führer avait peut-être ouverts en Suisse, mais à 60 ans passés était-ce raisonnable ? Après avoir conversé avec moi et avec ses enfants, il a de lui-même décidé de ne pas révéler son sulfureux état civil." Quelques mois plus tard, Jean-Marie Loret publie un livre qui passera inaperçu. Dans la France d'alors, Maurice Papon est ministre du Budget (de 1978 à 1981) tandis que François Mitterrand élu en mai 1981 reçoit René Bousquet à sa table. Au Japon, la télévision publique recevra dans ses studios ce curieux personnage qu'elle présentera comme le fils du dictateur nazi.

Ironie du sort, Jean-Marie Loret s'enrôle dès 1939 dans les corps francs qui se battirent en avant de la ligne Maginot. L'année suivante, son unité mène une bataille violente contre les troupes allemandes dans les Ardennes en 1940. Pendant l'Occupation, il est même contacté par le réseau de la Résistance OCM (Organisation civile et militaire) au sein duquel il porta le nom de "Clément". Ignorant alors ses origines, il devient naturellement un résistant aux armées hitlériennes. Bon sang saurait mentir...

 

(*) "Ton Père s'appelait Hitler" de J.-M. Loret et R. Mathot. Les Dossiers de l'Histoire, éditions de l'Université et de l'Enseignement moderne

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SOURCE : LE POINT (EXCLUSIF)

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Incroyable mais, apparemment, vrai ! Apparemment... car selon ATLANTICO (via Marianne) ce ne serait qu'un vulgaire BUZZ...

Croyez ce que vous voulez...

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C'est le buzz de la journée : depuis ce matin, le site du Point retrace "en exclusivité" l’histoire incroyable du fils caché français d’Adolf Hitler. Or, sur son site internet, l'hebdomadaire Marianne précise que Le Point "oublie toutefois de mentionner que l’histoire du fils caché français d’Hitler a trouvé son issue définitive en 2008". Date à laquelle le journaliste flamand Jean-Paul Mulders a mis un point final à cette histoire.

Le journaliste a en effet retrouvé la trace d’individus ayant un lien de parenté avec Hitler. En comparant leur ADN avec celui de Jean-Marie Loret (le soit disant fils caché du Führer), ils se sont aperçus qu'il n'y avait aucun lien de parenté entre les deux partis. Les résultats de ces tests ont été publiés dans le journal belge Het Laatste Nieuws en 2008, souligne Marianne.

Il s’appelle Jean-Marie Loret, il serait né pendant la Première Guerre mondiale de l’union entre une jeune Française, Charlotte Lobjoie et un jeune caporal allemand qui aurait été… Adolf Hitler. Le Point révèle, ou du moins rappelle, dans son édition cette semaine, que Jean-Marie Loret a publié un livre en 1981 dans lequel il révélait son ascendance. Mais l’ouvrage est passé totalement inaperçu.

Or, selon Le Point tout porte à croire que l’homme est bien le fils du Führer. Sa mère lui aurait avoué la vérité quelques semaines avant qu’elle ne meure. Traumatisé, il mettra 20 ans à entreprendre les démarches pour tenter de faire vérifier l’affirmation de sa mère. Qui semblerait concorder. Il fait réaliser, "une expertise en méthode d'identification par la physionomie comparative, une autre de l'Institut d'anthropologie et de génétique de l'université de Heidelberg, qui montre notamment que père et fils ont le même groupe sanguin, une étude comparative psychographologique entre Adolf Hitler et Jean-Marie Loret ainsi qu'une comparaison graphologique des écritures des deux hommes", écrit l’hebdomadaire. Et à voir les photos, il y a effectivement un air de ressemblance.

Par ailleurs, il serait établi que pendant l’Occupation l’armée allemande apportait régulièrement de l’argent à la mère de Jean-Marie Loret. Dans le grenier de sa mère, il découvrira également des toiles d’Hitler, de l’époque où celui-ci nourrissait encore des ambitions artistiques, bien que déjà recalé des Beaux-arts de Vienne.

Jean-Marie Loret a hésité à faire valoir des droits d'auteur sur Mein Kampf, voire à chercher à récupérer de l’argent sur des comptes d’Hitler en Suisse. Mais renoncera, notamment après en avoir parlé avec ses enfants.

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16/02/2012

L’obsequium

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« L’obsequium, c’est le respect dû au maître par l’esclave. Il passa peu à peu au respect dû au prince par le citoyen. Voilà la plus grande mutation de l’Empire qui prépara le christianisme, l’extension du respect statutaire, de la piété que le Populus Romanus se mit à devoir au Genius du princeps, la fonctionnarisation de la liberté devenue obséquieuse pour toutes les classes et pour tous les statuts (y compris pour les Pères au sénat vis-à-vis du prince) et la naissance de la culpabilité (qui n’est que l’organisation psychique de l’obsequium). Tacite rapporte que Tibère, contraint d’être empereur, regrettant la république, chaque fois qu’il sortait de la curie disait en grec : "Ô hommes qui aimez l’esclavage !" et il marquait à ceux qui l’entouraient son écœurement de voir les Pères, les consuls, les chevaliers mendier le renoncement des libertés publiques et revendiquer le service du prince (c’est-à-dire l’officium, à la "frontière de l’impudeur passive et honteuse des affranchis, à la limite de l’obéissance des esclaves). Une population obsédée par la crainte du rex, qui avait fondé la république, bascula soudain. Elle repoussa la lutte fratricide civile (qui était pourtant le mythe fondateur). Elle se rua (ruere, le mot est de Tacite) dans la servitude : elle donna le pouvoir institutionnel le plus illimité dans l’espace qui se soit trouvé (une hégémonie mondiale, sans bloc adverse), le plus solitaire dans son exercice (dégageant entièrement celui qui en était investi de la contrainte des lois qui s’imposaient désormais aux chefs de clans devenus obséquieux) à un homme seul, sans mode de désignation, sans règle de succession. C’est ce que les modernes appellent l’empire - et que les Anciens appelaient le principat. »

Pascal Quignard, Le sexe et l'effroi

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15/02/2012

La houle d'un corps heureux

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« Elle glissa hors de la chemise longue, tendit aux mains et aux lèvres d’Antoine les fruits tendres de sa gorge et renversa sur l’oreiller, passive, un pur sourire de sainte qui défie les démons et les tourmenteurs...
Il la ménageait pourtant, l’ébranlait à peine d’un rythme lent, doux, profond… Elle entrouvrit les yeux : ceux d’Antoine, encore maître de lui, semblait chercher Minne au-delà d’elle-même… Elle se rappela les leçons d’Irène Chaulieu, soupira "Ah ! ah !" comme une pensionnaire qui s’évanouit puis se tut, honteuse. Absorbé, les sourcils noueux dans un dur et voluptueux masque de Pan, Antoine prolongeait sa joie silencieuse. "Ah ! ah... !" dit-elle encore malgré elle. Car une angoisse progressive, presque intolérable, serrait sa gorge, pareille à l’étouffement des sanglots prêts à jaillir… Une troisième fois, elle gémit, et Antoine s’arrêta, troublé d’entendre cette Mine qui n’avait jamais crié... L’immobilité, la retraite d’Antoine ne guérirent pas Mine, qui maintenant trépidait, les orteils courbés, et qui tournait la tête de gauche à droite comme une enfant atteinte de méningite. Elle serra les poings, et Antoine put voir les muscles de ses mâchoires délicates saillir, contractés.
Il demeurait craintif, soulevé sur ses poignets, n’osant la reprendre… Elle gronda sourdement, ouvrit des yeux sauvages et cria : "Va donc !"
Un court saisissement le figea au-dessus d’elle ; puis il l’envahit avec une force sournoise, une curiosité aigüe, meilleure que son propre plaisir. Il déploya une activité lucide, tandis qu’elle tordait des reins de sirène, les yeux refermés, les joues pâles et les oreilles pourpres… Tantôt elle joignait les mains, les rapprochait de sa bouche crispée, et semblait en proie à un enfantin désespoir… Tantôt elle haletait, bouche ouverte, enfonçant aux bras d’Antoine ses ongles véhéments… L’un de ses pieds, pendant hors du lit, se leva, brusque, et se posa une seconde sur la cuisse brune d’Antoine qui tressaillit de délice...
Enfin, elle tourna vers lui des yeux inconnus et chantonna : "Ta Minne… ta Minne à toi..." tandis qu’il sentait enfin, contre lui, la houle d’un corps heureux… »

Colette, L’ingénue libertine

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14/02/2012

Ensuite il faudra procéder à une nouvelle expulsion

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« En devenant trop nombreuse et malgré le génie de ses penseurs, une société ne se perpétue qu’en sécrétant la servitude. Lorsque les hommes commencent à se sentir à l’étroit dans leurs espaces géographique, social et mental, une solution simple risque de les séduire : celle qui consiste à refuser la qualité humaine à une partie de l’espèce. Pour quelques dizaines d’années, les autres retrouveront les coudées franches. Ensuite il faudra procéder à une nouvelle expulsion. Dans cette lumière, les événements dont l’Europe a été depuis vingt ans le théâtre, résumant un siècle au cours duquel son chiffre de population a doublé, ne peuvent plus m’apparaître comme le résultat de l’aberration d’un peuple, d’une doctrine ou d’un groupe d’hommes. J’y vois plutôt un signe annonciateur d’une évolution vers le monde fini, dont l’Asie du Sud a fait l’expérience un millénaire ou deux avant nous et dont, à moins de grandes décisions, nous ne parviendrons peut-être pas à nous affranchir. Car cette dévalorisation systématique de l’homme par l’homme se répand, et ce serait trop d’hypocrisie et d’inconscience que d’écarter le problème par l’excuse d’une contamination momentanée. Ce qui m’effraie en Asie, c’est l’image de notre futur, par elle anticipée. Avec l’Amérique indienne, je chéris le reflet fugitif même là-bas, d’une ère où l’espèce était à la mesure de son univers et où persistait un rapport adéquat entre l’exercice de la liberté et ses signes. »

Claude Lévy-Strauss, Tristes tropiques

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13/02/2012

De là, la coexistence dans le monde romain des actes les plus choquants et de la plus sourcilleuse rigueur morale

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« De là, la coexistence dans le monde romain des actes les plus choquants et de la plus sourcilleuse rigueur morale. Vertu (virtus) veut dire puissance sexuelle. La virilité (la virtus) étant le devoir de l’homme libre, la marque de sa puissance, le fiasco était marqué de honte ou de démonie. Le seul modèle de la sexualité romaine est la dominatio du dominus sur tout ce qui est autre. Le viol à l’intérieur des status inférieurs est la norme. Jouir sans mettre sa puissance au service de l’autre est respectable. Une épigramme de Martial définit la norme : "Je veux une fille facile, qui avant moi se donne à mon jeune esclave et qui, à elle seule, en fasse jouir trois à la fois. Quant à celle qui parle haut (grandia verba sonantem) qu’elle aille se faire foutre par la queue d’un imbécile de Bordelais (mentula crassae Burdigalae)." Tout homme actif et non sentimental est honnête. Toute jouissance mise au service (officium, obsequium) de l’autre est servile et de la part d’un homme constitue un signe de manque de virtus, de manque de virilité, donc d’impotentia. De là, la répression féroce des fautes qui nous paraissent par contraste légères en regard d’audaces qui nous semblent au contraire révoltantes. La jeune fille violée est sans tache mais la matrone violée doit encourir la mort. Le baiser de l’affranchi à l’enfant libre est puni de mort. Valère-Maxime rapporte que Publius Maenius tua un pédagogue qui avait donné un baiser à sa fille de douze ans.

L’esclave ne peut sodomiser son maître. C’est l’interdit majeur selon Artémidore. Même, cette vision surgissant au cours d’un rêve crée un certain nombre de problèmes à celui qui l’a vue dans la clandestinité de son âme et dans le silence de la nuit. La sodomie des esclaves par les maîtres était la norme. Les patriciens tendaient le doigt. Ils disaient : Te paedico (Je te sodomise) ou Te irrumo (J’emplis ta bouche de mon fascinus). C’était la sexualité de Cicéron à la fin de la République. C’est celle de Sénèque sous l’Empire. »

Pascal Quignard, Le sexe et l'effroi

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