07/01/2013
Une certaine bestialité qui n’est qu’aux hommes
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« Une certaine grossièreté dans l’amour n’a toute sa laideur que chez des amants bourgeois, vernissés d’une apparence trompeuse, et qui trouvent là l’occasion de se montrer tels qu’ils sont. Ce serait s’abuser beaucoup que les comparer aux bêtes, qui, dans les espèces supérieures, mêlent à leurs amours des tendresses, des élégances, des timidités qui manquent tout à fait à ces couples là. Je me rappelle avoir admiré un matin un couple de tigres magnifiques qui folâtraient et se lutinaient dans une des grandes rotondes du jardin zoologique d’Anvers. Je ne puis dire quels soins, quels égards, quels ménagements ils mettaient dans leurs ébats. Ces pattes formidables devenaient aussi légères, aussi gentilles et câlines que celles des petits chats. Les deux têtes énormes s’appuyaient rêveusement l’une à l’autre. Les corps pleins d’une force terrible se détendaient dans une langueur où toutes leurs lignes étaient inondées de la même grâce qui coule sur les formes des odalisques. C’est lorsqu’on a vu des jeux si doux, et bien d’autres encore depuis ceux des biches jusqu’à ceux des oiseaux, qu’on sait qu’il y a une certaine bestialité que les bêtes n’ont pas, et qui n’est qu’aux hommes. »
Abel Bonnard, L'amour et l'amitié
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (2) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Commentaires
Source de l'image ? :)
Écrit par : Mandos | 03/02/2013
Je ne sais plus... aucune idée...
Écrit par : Nebo | 03/02/2013
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