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01/03/2013

Je suis pas mystique, je crois en Dieu, oui, je crois en Dieu...

=--=Publié dans la Catégorie "Music..."=--=

 

Daniel Darc (20 Mai 1958 - 28 Février 2013)


 

« Je suis extrêmement timide, c'est maladif. Un médecin m'avait même déclaré phobique social. Mais ça ne veut pas dire que je n'aime pas les gens. Au contraire, j'éprouve toujours un immense besoin de toucher l'autre.

(...)

Il y a dans "Le Feu follet" de Drieu La Rochelle cette phrase: "Je me tue parce que je ne peux pas vous toucher." C'est un livre dans lequel je me suis retrouvé ; Drieu La Rochelle est pour moi un grand écrivain. »

« J'apprécie les écrivains qui racontent ce qu'ils vivent sans tricher. Charles Bukowski, Jack Kerouac, William Burroughs... Mais aussi Charles Péguy qui est extraordinairement musical avec ses phrases qui enflent, qui n'arrêtent pas d'enfler. »

« Avant de découvrir le rock, je voulais être écrivain. Quand j'étais môme, j'écrivais des nouvelles sur du papier cul. L'Homme à la Mercedes, des trucs comme ça... »

« Ce n'est pas le punk anglais mais le punk new-yorkais qui a beaucoup compté pour moi. Tom Verlaine, Richard Hell, Patti Smith, des gens capables de marier le rock et la littérature. La première fois que j'ai entendu Patti Smith, je me suis dit: "Tiens, il y a quelqu'un qui pense comme moi." J'avais cessé de me sentir seul au monde. »

« Je lis la Bible et je prie souvent. Le protestantisme permet un rapport direct avec Dieu : tu es seul face à Lui, avec ta foi, et c'est certainement plus compliqué que d'être catholique. »

« Le Psaume 23 est souvent lu aux enterrements et moi j'ai eu ma dose d'enterrements. Ce psaume me fait penser à des gens que j'ai aimés et que j'ai perdus. »

« Je suis pas mystique, je crois en Dieu, oui, je crois en Dieu. C’est une partie de moi, quoi. »

« Je trainais avec des gens d’extrême droite. Même si je suis d’extrême gauche. Enfin j’étais… L’époque du punk, les gens s’en font une idée super cool, mais c’était pas du tout ça. Il y avait de tout, et ça se barrait dans tous les sens. Ce qui fait que tu pouvais très bien parler avec un maoïste et cinq minutes plus tard, avec un nazi. Et puis on se connaissait tous. C’est ce qui a pu se passer au Etats-Unis au tout début du bop ou même en France à Saint-Germain-des-Prés. Il y avait un truc à essayer, fallait le faire, on s’en foutait de ce qui se passait. C’est étrange. Je crois qu’avec Drieu, c’est ce qui s’est passé, d’ailleurs. Mais c’est surtout Jacques Rigaud, pour moi. Comme pour Le Grand Jeu. C’est une revue avec Daumal, Roger Gilbert-Lecomte. Pour moi, ils ont un rôle assez proche de celui de Jacques Rigaud, là-dedans. Daumal est plus articulé… Il y a ceux qui arrivent à s’adapter et puis les autres. C’est assez darwinien comme truc, en fait. Je sais plus ce que je voulais dire. C’est bien, parce que ça me touche, en fait… Ah oui, si, Drieu. Je l’ai connu par un mec d’extrême droite. Non, en plus c’est pas vrai, je me fais une sorte de légende, là. Je l’ai connu parce que je lisais. Mais la littérature est plus intéressante, pour moi, à l’extrême droite qu’à l’extrême gauche… »

« Ben tu vois, les pamphlets de Céline, je m’en fous, mais "Le Voyage"… Même "Rigodon" ou "D’un Château l’Autre"… Il y a un truc énorme. Et j’ai appris qu’à cette époque, mon oncle était planqué avec Céline, mais ils ne se connaissaient pas… Enfin quand je dis mon oncle, je commence juste à pouvoir dire mon oncle. Avant, je n’ai jamais reconnu le côté de ma mère. Ce n’était pas la même famille. Ma famille, c’était du côté de mon père… Ça ne fait que deux ans que je peux dire ça, ça doit être la troisième ou quatrième fois que je le fais. Ma famille était juive en Espagne, et ils ont eu la mauvaise idée de venir en France. Il y en a qui se sont barrés aux États-Unis et puis en Israël, mais ceux qui sont en France, c’est ça ma famille. Du côté de ma mère, c’est pas ça. C’est une famille catholique, et le frère de ma mère avait été à… Je sais plus… Mais ma mère a été condamnée à mort par procuration. De la collaboration horizontale, comme on dit, elle n’a pas été très résistante. Autant le frère de ma mère était dans la baston, autant ma mère n’a jamais été nazie. Mais elle était amoureuse d’un Allemand. Tout ça pour finir amoureuse d’un Juif qui lui a fait un petit Juif (rires). Parce que moi, dès que je suis né, hop, on m’a coupé la queue, et c’était fait. Tout ça, ça je l’ai retrouvé avec les meubles. Prends-moi pour un dingue, c’était les meubles. Ma meuf vient habiter avec moi maintenant, et il y avait tellement de trucs partout que je me suis dit : "Faut jeter". Et plus je jetais de trucs, plus je me retrouvais en face de choses que j’avais oubliées, de souvenirs. C’est vraiment les soldes avant fermeture, ces temps-ci, chez moi. Fermeture provisoire, hein. Pour réassortiment. Je me débarrasse de plein de trucs. Et il y a des choses dont je ne pouvais pas parler avant qui reviennent… Maintenant, ma mère, elle est toujours vivante, et je l’aime comme elle est. Mon père, il est mort mais je l’aime. Et puis je suis content, là, vraiment content, c’est génial. Je suis pas scientologue, mais c’est un truc que j’ai fait plus tard que les autres. J’ai 52 ans, mais je dois pouvoir parler avec des mecs de trente ans. Je crois qu’il y a une vingtaine d’années de retard entre mon physique et ma tête. Et c’est peut-être pour ça, si on veut me donner un peu de talent, que c’est bien, ce que je fais. »

 

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