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16/04/2013

Il faut en prendre son parti : c'est le réel qui se fait possible, et non pas le possible qui devient réel

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Il existe dans la tradition métaphysique une doctrine qui se développe au moins depuis Platon, c'est la théorie selon laquelle le possible, les possibles, préexistent au réel de notre expérience. Les possibles sont évidemment incréés. Et l'existence se surajoute à ces possibles comme un poids, comme une masse. C'est cette masse pesante qui fait entrer de gré ou de force les possibles dans la réalité de notre expérience. L'existence est donc comparable à une chute puisqu'elle fait descendre ou tomber les possibles dans ce monde de la matière, du multiple, du temps et de l'espace, de la douleur et de l'illusion.
Dire que les possibles préexistent, c'est dire que nous ne sommes pas dans un monde en régime de création continuée. Ce monde de l'expérience ne fait que recopier en lourds caractères terreux ce qui était écrit dans la pure langue des idées.
C'est de nouveau Bergson au début du XXe siècle qui a fait l'analyse de ce problème du possible et du réel :
"Il faut en prendre son parti : c'est le réel qui se fait possible, et non pas le possible qui devient réel." Mais la vérité est que la philosophie n'a jamais franchement admis cette création continue d'imprévisible nouveauté. Les anciens y répugnaient déjà, parce que, plus ou moins platoniciens, ils se figuraient que l'Être était donné une fois pour toutes, complet et parfait, dans l'immuable système des Idées : le monde qui se déroule à nos yeux ne pouvait donc rien y ajouter ; il n'était au contraire que diminution ou dégradation ; ses états successifs mesuraient l'écart croissant ou décroissant entre ce qu'il est, ombre projetée dans le temps, et ce qu'il devrait être, Idée assise dans l'éternité... C'est le Temps qui aurait tout gâté... »

Claude Tresmontant, Les métaphysiques principales

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