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21/06/2013

La transformation d’un mal indéfini, ignoble, en un mal restreint

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Ce qui est en jeu, c’est la reconnaissance qu’un mal a été commis dans le monde.(…) C’est la reconnaissance, enfin que ce mal est limité ; c’est la transformation d’un mal indéfini, ignoble, en un mal restreint, défini dans l’espace et dans le temps. C’est une tentative d’interruption du déroulement illimité des chaînes causales ; de la reproduction sans fin du malheur et du mal. Certains vont plus loin, et tentent de prendre appui sur ce mal pour se construire ; ils font de leur géniteur indigne un absolu contre-modèle. Certains vont vraiment loin, et je sais que ma sœur (j’espère qu’elle me pardonnera de la citer) est allée jusqu’à refuser de travailler, pour se consacrer à sa seule vocation de mère de famille ; et je sais qu’elle y est parvenue. Une sur mille, peut-être, y serait parvenue ; mais il n’y a pas de fatalité. On peut briser la chaîne de la souffrance et du mal. »

Michel Houellebecq, in Ennemis publics, Correspondance avec Bernard-Henri Lévy

07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (5) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

Ces jours, je fais la promotion (bénévole) pour 'Configuration du dernier rivage' (Flammarion, 2013) le nouveau recueil de poèmes de Michel Houellebecq d'où je tire ce texte:

'Ainsi, générations souffrantes,
Tassées comme des puces d'eau
Essaient de compter pour zéro
Les capteurs de la vie absente

Et toutes échouent, sans trop de drame,
La nuit va bien recouvrir tout
Et l'épuisement monogame
D'un corps enfoncé dans la boue.'

C'est une ancienne complice de la radio, une vraie critique littéraire à la vista sûre et tranquille qui avait attiré mon attention sur la qualité des poèmes de Houellebecq. Je n'ai pas été déçu.

Écrit par : Paglop77 | 21/06/2013

Oui. Je partage cet avis. Houellebecq sait vraiment décrire les méandres des sociopathes post-modernes. Je suis toujours surpris de trouver encore des gens déclarer qu'il n'a pas de style. Tant sa prose que ses vers contiennent et propagent le goût du Néant qui règne en maître sur notre époque. Son style littéraire semble couler de la matrice même de notre vide.

Écrit par : Nebo | 21/06/2013

« Mon propos n’est pas de vous enchanter par de subtiles notations psychologiques. Je n’ambitionne pas de vous arracher des applaudissements par ma finesse et mon humour. Il est des auteurs qui font servir leur talent à la description délicate de différents états d’âme, traits de caractères, etc. On ne me comptera pas parmi ceux-là. Toute cette accumulation de détails réalistes, censés camper des personnages nettement différenciés, m’est toujours apparue, je m’excuse de le dire, comme pure foutaise. Daniel qui est l’ami d’Hervé, mais qui éprouve certaines réticences à l’égard de Gérard. Le fantasme de Paul qui s’incarne en Virginie, le voyage à Venise de ma cousine… on y passerait des heures. Autant observer les homards qui se marchent dessus dans un bocal (il suffit, pour cela, d’aller dans un restaurant de poissons). Du reste, je fréquente peu les êtres humains.
Pour atteindre le but, autrement philosophique, que je me suppose, il me faudra au contraire élaguer. Simplifier. Détruire un par un une foule de détails. J’y serai d’ailleurs aidé par le simple jeu du mouvement historique. Sous nos yeux, le monde s’uniformise ; les moyens de télécommunication progressent ; l’intérieur des appartements s’enrichit de nouveaux équipements. Les relations humaines deviennent progressivement impossibles, ce qui réduit d’autant la quantité d’anecdotes dont se compose une vie. Et peu à peu le visage de la mort apparaît, dans toute sa splendeur. Le troisième millénaire s’annonce bien. »

Michel Houellebecq, "Extension du Domaine de la Lutte"

Écrit par : Nebo | 21/06/2013

Houellebecq est un des rares écrivains sachant formuler les reflets et les mirages de la post-modernité. Pour cela, il travaille son style, car comme vous le dites, c'est un vrai styliste qui connaît ses classiques. J'ai compté les pieds des poèmes de 'Configuration du dernier rivage': octosyllabes et alexandrins rimés sont au rendez-vous du lecteur. Certains répondent en écho aux textes des grandes chansons de Gainsbourg, période L'Homme à tête de chou et Melody Nelson.

Écrit par : Paglop77 | 21/06/2013

Encore un incompris des "tradis" purs et durs... ^^

Écrit par : Nebo | 21/06/2013

Les commentaires sont fermés.