Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

11/07/2013

Le pire n’est pas d’avoir une âme mauvaise, même perverse, mais d’avoir une âme toute faite

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« En langage bergsonien, Péguy traduisait de la sorte : "Le pire n’est pas d’avoir une âme mauvaise, même perverse, mais d’avoir une âme toute faite, une âme endurcie par l’habitude. Sur une âme habituée, la grâce ne peut rien. Elle glisse sur elle comme l’eau sur un tissu huileux. Il y a des âmes qui ne pèchent jamais, et qui ne reçoivent jamais de grâces (les dévots d’Orléans par exemple), et d’autres au contraire qui vivent sans cesse dans le péché, et en qui les grâces abondent. Pauvres honnêtes gens ! Pauvres gens sans péché ! Leur peau de morale, toujours intacte, leur fait un cuir sans défaut. Ils ne présentent pas cette affreuse blessure, cette inoubliable détresse, ce point de suture éternellement mal joint, cette mortelle inquiétude, cette invincible arrière-anxiété, cette amertume secrète, cet effondrement perpétuellement masqué, cette cicatrice éternellement mal fermée, cette entrée à la grâce qu’est essentiellement le péché." Le péché, dans le spirituel, lui semblait tenir le même rôle que la pauvreté dans le monde. De même qu’il faisait sortir de cet état de pauvreté toutes les vertus temporelles, il pensait que les dispositions les plus propres à nous tenir en contact avec Dieu naissaient de l’état de péché. Dieu aime les pécheurs, disait-il, les bons pécheurs, s’entend, car il y a les mauvais pécheurs. Lui, il était un bon pécheur. Il vivait dans le péché (et même le péché mortel) puisqu’il croyait à l’Église, qu’il était de l’Église, et qu’il restait en dehors d’elle. »

Jean et Jérôme Tharaud, Notre cher Péguy

15:55 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Les commentaires sont fermés.