09/10/2013
"Ma droite est terrible et mon courroux n’aura point de bornes !"
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Ecoutez la parole du Seigneur, de l’Eternel :
Voici : ma colère s’étendra sur les nouveau-nés dans leurs langes. J’étoufferai le nourrisson sur la mamelle de sa mère. Je le tordrai dans la douleur comme l’osier est tordu dans la main du vannier, et sa mère sera devant ces douleurs, elle tordra ses bras, et elle m’invoquera en se déchirant la gorge. Et les cris de sa gorge ne fléchiront point ma fureur. Et le mal mordra son fils à la cervelle et aux entrailles. Il agonisera longtemps, et je le raidirai dans les bras de sa mère.
Et ils sauront que je suis l’Eternel, celui qui frappe.
Mon œil sera sans pitié. Je n’aurai point de miséricorde. Je frapperai l’homme et la femme dans toutes les parties de leur corps d’un fléau incurable. Leur sang s’écoulera en boue et leur chair en pourriture. Le mal rongera leur ventre et leurs seins nuit et jour, comme la dent du rat et le bec de l’oiseau de proie. Le fer taillera dans leur chair, la mutilera, la torturera, mais le mal renaitra au bord de la blessure. Et le mal désorbitera leurs yeux, boursouflera leurs lèvres et leurs langues, rongera leur face, les rendra plus hideux que les bêtes des mauvais songes, et ils exhaleront la puanteur des charniers. Ils appelleront la mort pendant mille nuits et mille jours, mais la mort ne viendra pas. Et quand j’enverrai la mort sur eux, il n’y aura plus entre leur os et leur peau un seul morceau de chair à dévorer pour ma vengeance, une seule goutte de sang pour abreuver ma colère.
Et ils sauront que je suis l’Eternel.
Je mettrai l’amour sur les lèvres du jeune homme et de la vierge, j’enflammerai leurs cœurs, je les lierai par tous les liens de l’amour. Et je dessécherai les poumons de la vierge, et je les déchirerai. Et ses lèvres se dessécheront sur celles de son fiancé comme se dessèchent les pétales de la rose coupée. Son sang jaillira à flots pressés de sa bouche. Ses jambes ne la porteront plus. Je l’abattrai dans son sang, aux pieds de son fiancé, blanche et sans souffle.
Et ils sauront que je suis l’Eternel.
Je suis l’Eternel, votre Dieu. J’étendrai vos moissons jusqu’aux portes du désert, j’élèverai vos vignes jusqu’au faîte des montagnes, je ferai plier tous vos arbres sous la richesse de leurs fruits. Et les nations périront de faim et de soif devant les moissons et les vignes. Et des hommes entre les hommes brûleront les épis des moissons et le vin des vignes. Et les nations s’écrieront : "Insensés, que faites-vous, quand la faim est comme un loup aux dents aigües dans nos ventres, et la soif comme un charbon brûlant dans nos bouches ?" Mais ces hommes ricaneront, et le blé et le vin s’en iront en fumée. Et les hommes et les femmes et les enfants des nations se coucheront pour mourir dans la soif et la famine.
Et ils sauront que je suis l’Eternel.
Je suis l’Eternel, celui qui juge. Je foulerai le pauvre, le probe, je l’écraserai sous sa mère. Et il s’efforcera sans fin et ne se redressera jamais. Et mes prêtres mettront leur pied sur sa nuque pour le briser. Ils mettront leur pied sur sa bouche pour éteindre jusqu’à ses gémissements. J’engraisserai dans son or le prévaricateur, le voleur, je l’érigerai sur le sommet de la richesse et de la gloire. Je l’établirai à la tête des peuples, et les peuples se prosterneront sur la trace de ses pas. Ils baisseront la trace de ses pas, leur multitude s’unira pour chanter ses louanges. Mes prêtres assemblés allumeront leur encens devant sa face.
Et vous saurez que je suis l’Eternel.
Ma droite est terrible et mon courroux n’aura point de bornes. J’atiserai entre vous, entre vos pères et vos fils, et les fils de vos fils, des querelles sans mobile et sans terme. Je dresserai vos nations les unes contres les autres, comme les fauves du désert et les vautours des rochers. Et la guerre sera sur vos nations, et elle dévorera des millions d’hommes. Et elle frappera les adolescents dans leur fleur et les hommes dans leur force, et ils pourriront par millions, leurs cadavres entassés s’élèveront comme des murailles. Et le fer et le feu disperseront leurs membres, hacheront leur chair, consumeront jusqu’à leurs os. Et leurs mères et leurs frères et leurs épouses ne distingueront pas leurs cendres de la poussière des champs. Et ils lèveront leur face vers moi, en disant : "Seigneur, il n’y avait aucune raison à ce massacre". Je ferai couler plus de sang que les fleuves ne roulent d’eau à la mer. Les nations en seront noyées et la paix ne renaitra point entre elles. Je ferai passer en elles le vent de ma fureur. Je brandirai l’épée du grand carnage. Le feu tombera du ciel et il jaillira de la mer. Et le feu volera, et le fer rampera, et le feu et le fer voleront et ramperont ensemble. J’exterminerai le bon et le méchant, parce que je veux exterminer le bon et le méchant. Et toute chair saura que moi, l’Eternel, j’aurai tiré mon épée de son fourreau. La guerre anéantira les villes comme elle anéantira les armées. Les villes s’effondreront en poussière et leur sol sera retourné par la charrue de ma violence. Les époux périront par le fer des batailles, et les veuves périront par le feu des villes. Et sur la tombe de leurs pères, les fils pourriront à leur tour. Les vaincus périront de leur défaite et les vainqueurs de leur victoire. Et il y aura plus de cadavres que de cailloux sur la surface de la terre.
Et vous saurez que je suis l’Eternel, votre Dieu. »
Lucien Rebatet, Les Deux Etendards
12:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Les commentaires sont fermés.