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05/11/2013

"Une belle mort est souvent la meilleure des vies."

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 


Stefan Zweig avec son épouse, Lotte Zweig



Stefan Zweig et son épouse, morts, après leur suicide commun

« Kleist est le grand poète tragique de l’Allemagne, non par sa volonté mais uniquement parce qu’il a subi sa nature tragique et parce que sa vie fut une tragédie : c’est justement ce qu’il y a en lui de sombre, d’opposé, de bridé et en même temps d’exalté, de prométhéen, qui rend ses drames inimitables, qui leur donne cette force particulière incompatible avec la froide intelligence d’un Hebbel ou l’ardeur instable d’un Grabbe. Son destin et son atmosphère sont parties intégrantes de son oeuvre ; c’est pourquoi il nous paraît étrange, voire absurde que l’on se soit souvent demandé jusqu’où il aurait conduit le drame allemand s’il avait échappé à sa destinée. L’essence de son être était tension et exaltation, la signification impérieuse de son destin était la destruction de lui-même par l’excès : aussi sa mort volontairement précoce est autant son chef-d’oeuvre que le Prince de Hombourg : car il faut toujours qu’à côté des puissants, qui dominent la vie, comme Goethe, il surgisse de temps en temps un homme qui dompte la mort et fasse d’elle un poème pour les siècles futurs. "Une belle mort est souvent la meilleure des vies." L’infortuné Günther qui a écrit ce vers à sa propre intention ne sut pas la réaliser, cette belle mort, il se laissa glisser dans le malheur et s’éteignit comme une veilleuse. Par contre Kleist, véritable tragique, parvient à faire de sa souffrance un monument impérissable. Toute douleur à un sens, quand la grâce de la création lui est accordée ; elle devient alors la plus grande magie de la vie. Car seul celui dont l’âme est déchirée connaît la soif de la perfection, seul celui qui est traqué atteint l’infini. »

Stefan Zweig, Le Combat avec le Démon : Kleist, Hölderlin, Nietzsche



La tombe de Kleist avec un vers tiré de sa pièce Le Prince de Hombourg : « Nun, o Unsterblichkeit, bist du ganz mein. » (« Maintenant, ô immortalité, tu es toute à moi. ») Sur la gauche, la tombe d'Henriette Vogel, la femme qui l'accompagna dans la mort volontairement...

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