06/11/2013
Ce plan sacré vers lequel il aspire à s’élever
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« Jamais dans la littérature allemande, avant lui ou après lui, la poésie n’a été quelque chose d’aussi aérien, quelque chose qui plane aussi haut au-dessus de la terre : comme un vol d’oiseau, mais d’un oiseau qui serait esprit, c’est-à-dire toujours très haut. Hölderlin voit toute chose en ce monde des hauteurs de ce plan sacré vers lequel il aspire à s’élever avec la brûlante impulsion de son ardeur enthousiaste. C’est ainsi que dans sa poésie tous les êtres ont un aspect de rêve ; ils sont mystérieusement débarrassés de leur pesanteur ; ils sont comme les âmes de leur être : jamais Hölderlin (et c’est là à la fois sa grandeur et sa limite) n’a appris à voir le monde tel qu’il est. Il n’a toujours fait que l’imaginer. Il n’est jamais devenu un savant ; il est toujours resté un rêveur, un perpétuel illuminé. Mais son ignorance de la réalité lui a donné la magie suprême : revêtir éternellement cette réalité d’une essence plus pure, se la figurer éternellement à l’image d’autres sphères entrevues dans ses rêves, au lieu de la palper d’une main grossière ou d’entrer en contact avec elle par un coeur contemplatif. »
Stefan Zweig, Le Combat avec le Démon : Kleist, Hölderlin, Nietzsche
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