Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

06/11/2013

Ce plan sacré vers lequel il aspire à s’élever

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

 

« Jamais dans la littérature allemande, avant lui ou après lui, la poésie n’a été quelque chose d’aussi aérien, quelque chose qui plane aussi haut au-dessus de la terre : comme un vol d’oiseau, mais d’un oiseau qui serait esprit, c’est-à-dire toujours très haut. Hölderlin voit toute chose en ce monde des hauteurs de ce plan sacré vers lequel il aspire à s’élever avec la brûlante impulsion de son ardeur enthousiaste. C’est ainsi que dans sa poésie tous les êtres ont un aspect de rêve ; ils sont mystérieusement débarrassés de leur pesanteur ; ils sont comme les âmes de leur être : jamais Hölderlin (et c’est là à la fois sa grandeur et sa limite) n’a appris à voir le monde tel qu’il est. Il n’a toujours fait que l’imaginer. Il n’est jamais devenu un savant ; il est toujours resté un rêveur, un perpétuel illuminé. Mais son ignorance de la réalité lui a donné la magie suprême : revêtir éternellement cette réalité d’une essence plus pure, se la figurer éternellement à l’image d’autres sphères entrevues dans ses rêves, au lieu de la palper d’une main grossière ou d’entrer en contact avec elle par un coeur contemplatif. »

Stefan Zweig, Le Combat avec le Démon : Kleist, Hölderlin, Nietzsche


16:20 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Les commentaires sont fermés.