21/02/2014
Orgueilleux, présomptueux, acerbes, n’en doutons pas, tels vécurent, tels moururent les Cadets de Gascogne
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« Orgueilleux, présomptueux, acerbes, n’en doutons pas, tels vécurent, tels moururent les Cadets de Gascogne.
Ils étaient les cadets, les derniers-nés de pères nobles qui s’efforçaient de préserver leur héritage, un château plus ou moins délabré flanqué d’une pièce de vignoble, pour le transmettre intact à l’aîné. Que devenaient donc les autres, le deuxième, le troisième, le quatrième mâle? On leur donnait un vaste feutre à plumes flottantes, une rapière, une paire de grandes bottes montantes, le fameux havresac de cuir, et, dans le meilleur des cas, un brave cheval extrait de l’écurie paternelle. Ils pouvaient alors prendre la route et chercher fortune ailleurs. Et c’est ce que faisaient les plus jeunes fils des chevaliers, devenus chevaliers de fortune. Pour bien unique ils avaient la noblesse dans leur sang, mais sachant que tous l’ignoraient en dehors d’eux, ils s’arrogeaient comme par défi un point d’honneur particulier. Ils s’en allaient par le monde, faisant sonner leurs éperons, le regard torve et soupçonneux, prêts à tout instant à tirer la rapière du fourreau brinquebalant. […]
On les rencontrait sur toutes les routes de l’Europe, car ce que furent les cadets de la gaillarde Gascogne, les hidalgos l’ont été pour l’Espagne, les “Schlachzigs” pour la Pologne. Partout ces temps troublés donnèrent les mêmes moissons. Et cette sorte particulière de jeunesse dorée, cette chevalerie devenue au cours des ans une pépinière de reîtres et un véritable fléau national. »
Ernst von Salomon, Les Cadets
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