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10/03/2014

Peuple qui lève la tête

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Quelques saints marchent en tète. Et le grand cortège des pécheurs suit derrière. Ainsi est faite ma chrétienté.
C'est ainsi qu'on obtient les grandes processions.
Quelques pasteurs marchent devant. Et le grand trou- peau suit derrière. Ainsi est fait le cortège de ma chrétienté.

Comme leur liberté a été créée à l'image et à la ressemblance de ma liberté, dit Dieu,
Comme leur liberté est le rellet de ma liberté.
Ainsi j'aime à trouver en eux comme une certaine gratuité
Qui soit comme un lellet de la gratuité de ma grâce,
Qui soit comme créée à l'image et à la ressemblance de la gratuité de ma grâce.

J'aime qu'en un sens ils prient non seulement librement mais comme gratuitement.
J'aime qu'ils tombent à genoux non seulement libre- ment mais comme gratuitement.

J'aime qu'ils se donnent et qu'ils donnent leur cteur et qu'ils se remettent et qu'ils s'apportent et qu'ils estiment non seulement librement mais comme gratuitement.
J'aime qu'ils aiment enfin, dit Dieu, non seulement librement mais comme gratuitement.
Or pour cela, dit Dieu, avec mes Français je suis bien seirvi.
C'est un peuple qui est venu au monde la main ouverte et le Coeur libéral.
Il donne, il sait donner. Il est naturellement gratuit.
Quand il donne, il ne vend pas, celui-là, et il ne prête pas à la petite semaine.
Il donne pour rien. Autrement est-ce donner.
Il aime pour rien. Autrement est-ce aimer.
Il ne me propose point toujours des marchés généralement honteux.
Peuple libre, peuple gratuit, et non plus seulement peuple jardinier.
Peuple gratuit, peuple gracieux.
Peuple de barons français, peuple qui lève la tête, peuple qui sais parler aux grands
Et par conséquent à moi le Très-Grand. Ceux qui baissent toujours la tête
On ne voit pas qu'ils baissent aussi la tête
A l'Offertoire et à l'Elévation du Corps de mon Fils.
Mais ces Français qui lèvent toujours la tête,
Qui ont toujours la tête droite
Et haute.
Quand dans une église cent cinquante ou deux cents rangées de Français à genoux
Baissent la tête ensemble en même temps trois fois aux trois coups de la sonnette
Pour Toffrande et Toffertoire
Et pour la consécration et pour Télévation du corps de mon fils,
Ça se voit, qu'ils baissent la tête et tout le monde comprend
Que ça en vaut la peine,
Que c'est un instant solennel et le plus grand mystère et le plus grand instant qu'il y ait dans le monde. »

Charles Péguy, Le Mystère des Saints Innocents

 

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