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14/03/2014

Parce que c’est la terreur qu’ils veulent exercer

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Ces phénomènes londoniens se manifestent aussi sur d’autres plans : un homme, un professeur, est entouré dans la rue par une quinzaine de petits voyous, tels de jeunes ss, entre quatorze et seize ans, qui l’insultent, lui crachent à la figure, urinent sur ses chaussures. A l’église pendant la nuit de Noël, ou au temple, une autre va faire ses besoins au pied ou sur les objets du culte. La désacralisation est envisageable, bien entendu. Les démystifications et démythifications peuvent aussi être pensées. C’est à débattre, comme on dit, et les profanations sont une tendance très profonde de la nature humaine dont tous les psychologues nous ont parlé. Comme à peu près partout à Londres les étudiants gueulent dans les universités. Mais alors pourquoi accepter, sans discernement les nouveaux testaments rouges, très rudimentaires, et pourquoi, si l’on exècre les rituels, se rendre aux cérémonies maoïstes avec la plus grande obéissance, sans le moindre esprit critique, en se levant rituellement et cérémonieusement pour saluer, chaque fois qu’il est prononcé, le nom du père monstrueux et tyran, alors qu’on abhorre les pères débonnaires ? Parce qu’ils sont débonnaires, justement. Parce que c’est la terreur que veulent inconsciemment ces gens, une terreur qu’ils veulent exercer mais qu’ils veulent aussi qu’on leur fasse subir, car on est masochiste. »

Eugène Ionesco, Le Figaro littéraire, 1969, in "Antidotes", Gallimard, 1977

 

 

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