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15/03/2014

Quelle différence, au fond, entre un national-socialisme et le socialisme dans un seul pays ?

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

 

 

 

Un communiste et un SS tapent la causette... Staline et Hitler, même combat...

 

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« - Finalement, nos deux systèmes ne sont pas si différents. Dans le principe du moins.

- C’est là un propos curieux pour un communiste.
- Pas tant que ça, si vous y réfléchissez. Quelle différence, au fond, entre un national-socialisme et le socialisme dans un seul pays ?
- Dans ce cas, pourquoi sommes-nous engagés dans une telle lutte à mort ?
- C’est vous qui l’avez voulu, pas nous. Nous étions prêts à des accommodements. (…) Après tout, vous nous avez tout pris, même si ce n’était qu’en caricaturant (…). Je parle des concepts les plus chers à votre Weltanschauung.
- Dans quel sens l’entendez-vous ?
(…)
- Là où le Communisme vise une société sans classe, vous prêchez la Volksgemeinschaft, ce qui au fond est strictement la même chose, réduit à vos frontières. Là où Marx  voyait le prolétaire comme le porteur de la vérité, vous avez décidé que la soi-disant race allemande est une race prolétaire, incarnation du Bien et de la moralité ; en conséquence, à la lutte des classes, vous avez substitué la guerre prolétarienne allemande contre les Etats capitalistes. En économie aussi vos idées ne sont que des déformations de nos valeurs.
(…)
Parce que vous n’avez pas imité  le Marxisme, vous l’avez perverti. La substitution de la race à la classe, qui mène à votre racisme prolétaire, est un non-sens absurde.
- Pas plus que votre notion de la guerre des classes perpétuelles. Les classes sont une donnée historique ; elles sont apparues à un certain moment et disparaîtrons de même, en se fondant harmonieusement dans la Volksgemeinschaft au lieu de s’étriper. Tandis que la race est une donnée biologique, naturelle et donc incontournable.

Il leva la main  :

- Ecoutez, je n’insisterai pas là-dessus, car c’est une question de foi, et donc les démonstrations logiques, la raison, ne servent à rien. Mais vous pouvez au moins être d’accord avec moi sur un point :  même si l’analyse des catégories qui jouent est différentes, nos idéologies ont ceci de fondamental en commun, c’est qu’elles sont toutes deux essentiellement déterministes ; déterminisme racial pour vous, déterminisme économique pour nous, mais déterminisme quand même. Nous croyons tous deux que l’homme ne choisit pas librement son destin, mais qu’il lui est imposé par la nature ou l’histoire. Et nous en tirons tous les deux la conclusion qu’il existes des ennemis objectifs, que certaines catégories d’êtres humains peuvent et doivent légitimement être éliminées non pas pour ce qu’elles ont fait ou même pensé, mais pour ce qu’elles sont (…). Au fond, c’est la même chose ; nous récusons tous deux l’homo economicus des capitalistes, l’homme égoïste, individualiste, piégé dans son illusion de liberté, en faveur de l’homo faber : Not a  self-made man but a made man (…). Et cet homme à faire justifie la liquidation impitoyable de tout ce qui est inéducable, et justifie donc le NKVD et la Gestapo, jardiniers du corps social, qui arrachent les mauvaises herbes et forcent les bonnes à suivre leurs tuteurs. »

Jonathan Littell, Les Bienveillantes

 

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