Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

05/04/2014

C'est l’existence la plus forte qui se sacrifie le plus volontiers

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

 

 

« Il est profondément significatif que ce soit justement l’existence la plus forte qui se sacrifie le plus volontiers. Mieux vaut s’abîmer comme un météore, dans une gerbe d’étincelles, que de s’éteindre à petit feu vacillant. Le sang des lansquenets ne cessait d’écumer sous les pales tournoyantes de la vie, et pas seulement lorsque l’ivresse de fer du combat les emportait sur la crête des vagues. Il leur fallait exprimer et façonner une vie sauvage et violente, telle qu’elle sourdait continûment en eux depuis les profondeurs. Si jeunesse et virilité leur tenaient lieu d’ivresse et de flamme, le combat, le vin et l’amour les chauffaient à blanc, jusqu’à courir follement à la mort. Chaque heure exigeait d’être remplie, les jours leur coulaient entre les doigts colorés et brûlants, comme les perles d’un chapelet de feu qu’il leur fallait égrener jusqu’au bout pour remplir leur propre mesure. Tout l’être jaillissait flamboyant d’une seule et même source, qu’il se reflétât dans un verre rempli, dans les yeux fous de l’adversaire ou le doux sourire d’une fille. L’ivresse réveillait leur âme de vainqueurs, les cimes de la bataille leur versaient l’ivresse, dans les bras de l’amour tous deux ne leur étaient plus qu’un. »

Ernst Jünger, La guerre comme expérience intérieure

 

 

12:09 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Les commentaires sont fermés.