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29/05/2014

On eût juré qu'une gigantesque conjuration travaillait à neutraliser par d'obliques moyens les résistances sur lesquelles les Français pouvaient le plus naturellement compter

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

 Voici ce qui s'appelle une charge pleine de rage, de haine et de ressentiment... heureusement qu'il y a le style ! On a du mal à imaginer un Lucien Rebatet jouisseur, joyeux, buveur, solaire... Certes... il ne l'est pas. 

 

« On eût juré qu'une gigantesque conjuration travaillait à neutraliser par d'obliques moyens les résistances sur lesquelles les Français pouvaient le plus naturellement compter. Aucun cas ne semblait être d'une plus dramatique clarté, pour un esprit chrétien, que celui de l'Espagne. Pourtant, nous avions vu des catholiques illustres et même intolérants comme Mauriac et Bernanos devenir les détracteurs les plus acharnés et les plus fielleux de Franco. Ces défenseurs bénits des fusilleurs de Christs et des dynamiteurs de moines étaient habiles à travestir leurs humeurs et leurs perversités intellectuelles en algèbres casuistiques. Leur clientèle était rompue elle aussi à ces exercices. Ajoutez que ces effroyables docteurs, comme pour la condamnation de l'Action Française, parlaient au nom de Dieu, de la foi, des sacrements, de l'Eglise, et brandissaient tous les tonnerres du dogme sur la tête de leurs contradicteurs. Leur religion ne leur fournissait ainsi que des armes déloyales. L'orgueil morbide de ces étranges disciples de Jésus n'admettait pas la moindre retouche à leurs plaidoyers et leurs réquisitoires. On peut invoquer la demi-folie de Bernanos qui dans les pires circonstances demeure du reste digne du nom d'écrivain, avec ses livres embrouillés par les fumées de l’alcool, mais que trouent soudain des pages puissantes, furieuses ou noires. L'autre, l'homme à l'habit vert, le Bourgeois riche, avec sa torve gueule de faux Gréco, ses décoctions de Paul Bourget macérées dans le foutre rance et l'eau bénite, ces oscillations entre l'eucharistie et le bordel à pédérastes qui forment l'unique trame de sa prose aussi bien que de sa conscience, est l'un des plus obscènes coquins qui aient poussé dans les fumiers chrétiens de notre époque. Il est étonnant que l'on n'ait même pas encore su lui intimer le silence.
C'était bien le moindre des châtiments pour un pareil salaud. Lui et ses semblables ont pourri une foule d'esprits, si médiocres et mous que je me demande à vrai dire ce qu’on aurait jamais pu en attendre. Ils insinuèrent chez d’autres le doute. Ils contraignirent leurs adversaires à dépenser une vigueur, un temps et un talent précieux dans des querelles sans issue. Avec leurs paraboles, leurs signes de croix, leurs encres saintes et leur morgue littéraire, ils n’étaient tout vulgairement et bassement que les agents d'une diversion politicienne. »

Lucien Rebatet, Les Décombres

 

16:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (9) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

Pourquoi lisez-vous ces auteurs sulfureux ? Vous partagez leur idées ?

Écrit par : Rémi | 29/05/2014

Aucunement... je me confronte aux textes, moi, cher monsieur !

Écrit par : Nebo | 29/05/2014

C'est curieux!

Écrit par : Rémi | 29/05/2014

Pourquoi peut-on lire Eluard ou Aragon, les étudier à l'école, et pas Rebatet ou Brasillach ? Le communisme : 150 000 000 de morts dans le monde.

Par pitié... sortez de vos postures idéologiques irraisonnées !

Écrit par : Nebo | 29/05/2014

Le problème c'est qu'il a raison (Rebatet)...du moins en ce qui concerne Mauriac qui a mon avis n'est pas un écrivain chrétien, mais un romancier ayant des tics de catholicité....pour Bernanos, c'est autre chose, l’écriture est une éponge toute imprégnée de foi...il serait des lors intéressant de savoir ce que Rebatet pense de bloy?

Écrit par : jerome | 29/05/2014

Et quelles sont les votres idées nebo?

Écrit par : Rémi | 30/05/2014

Rémi, si c'est sur le plan politique, en ce moment, je m'efforce de ne pas en avoir... aucune... et c'est du boulot.

Jérôme... et alors ? Parce qu'il est non chrétien, Mauriac, il faudrait le jeter ?

"Faites accueil à celui qui est faible dans la foi, et ne discutez pas sur les opinions." (Romains 14 : 1)

"Qui es-tu, toi qui juges un serviteur d'autrui ? S'il se tient debout, ou s'il tombe, cela regarde son maître. Mais il se tiendra debout, car le Seigneur a le pouvoir de l'affermir." (Romains 14 : 4)

"Car Christ est mort et il a vécu, afin de dominer sur les morts et sur les vivants.

Mais toi, pourquoi juges-tu ton frère ? ou toi, pourquoi méprises-tu ton frère ? puisque nous comparaîtrons tous devant le tribunal de Dieu.

Car il est écrit : Je suis vivant, dit le Seigneur, Tout genou fléchira devant moi, Et toute langue donnera gloire à Dieu.

Ainsi chacun de nous rendra compte à Dieu pour lui-même.

Ne nous jugeons donc plus les uns les autres ; mais pensez plutôt à ne rien faire qui soit pour votre frère une pierre d'achoppement ou une occasion de chute.

Je sais et je suis persuadé par le Seigneur Jésus que rien n'est impur en soi, et qu'une chose n'est impure que pour celui qui la croit impure." (Romains 14 : 09-14)

Amen...

Écrit par : Nebo | 30/05/2014

....a moins que Nebo , Mauriac ne confesse après quelques explications et examens de conscience, qu'au fond j'avais peut-être pas tort, mais que je voyais son bien mieux que lui...en tout cas merci pour ce chapelet de citations en rappel...bizz
"Voici, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents comme les serpents, et simples comme les colombes." (Matt 10.16).
"Car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et l'on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez." mat.7.2
"Hypocrite, ote premierement de ton oeil la poutre, et alors tu verras clair pour oter le fetu de l'oeil de ton frere." mat 7.5
« N’ayez de dette envers personne, sinon celle de l’amour mutuel. » 1 Co 12, 31

Écrit par : jerome | 30/05/2014

Voilà l'un des secrets de sa force : il ne méprise pas l'adversaire. Pascal avoue qu'il s'adonnerait à la connaissance de soi-même, quand bien même "cela ne servirait pas à trouver le vrai", puisque "cela sert au moins à régler sa vie".

Mauriac, "Blaise Pascal et sa soeur Jacqueline"

Écrit par : Ostia | 31/05/2014

Les commentaires sont fermés.