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25/07/2014

Toutes ces choses, qu'on entend déjà galoper vers nous

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Il est vrai qu'on n'a pas encore abattu toutes les croix, ni remplacé les cérémonies du culte par des spectacles antiques de prostitution. On n'a pas non plus tout à fait installé des latrines et des urinoirs publics dans les cathédrales transformées en tripots ou en salles de café-concert. Evidemment, on ne traîne pas assez de prêtres dans les ruisseaux, on ne confie pas assez de jeunes religieuses à la sollicitude maternelle des patronnes de lupanars de barrière. On ne pourrit pas assez tôt l'enfance, on n'assomme pas un assez grand nombre de pauvres, on ne se sert pas encore assez du visage paternel comme d'un crachoir ou d'un décrottoir... Sans doute. Mais le régime actuel va nous donner toutes ces choses, qu'on entend déjà galoper vers nous. »

Léon Bloy, Le Christ au dépotoir in numéro 4 du Pal

 

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Commentaires

Ah, Nebo, quel bonheur de voir citer Le pal, qui fut, avec les écrits de Paul Louis Courrier (dans un genre prodigieusement différent) la série de pamphlets la plus sublime de violence qui soit, "joaillier de malédictions", Bloy est un lapidaire magnifique dans l'art de tailler l'apostrophe. Du vitriol, pur et niagaresque chez lui, distillé et distribué au vaporisateur par Courrier, avec une élégance de phrase qui paraît badiner avec la zébrure du coup de fouet. La flagellation des puissants -surtout que Courrier vise un régime précis - s'est avérée finalement bien plus dangereuse que l'écrasement des cloportes littéraires et la sonnerie du glas d'une société pourrie de bas matérialisme: Courrier fut retrouvé assassiné http://fr.wikipedia.org/wiki/Paul-Louis_Courier#L.27assassinat. .

Il me faut bien avouer qu'il n'est pas difficile de m'attirer avec du Bloy. J'étais pourtant parti pour intervenir bien avant à propos d'un joli morceau sur Maurras qui tombait à point alors même qu'on attaquait ce grand poète, éditorialiste, écrivain et politique - qu'on l'aime ou pas, il reste d'une importance capitale pour comprendre la politique européenne, de la venue au pouvoir de Mussolini à la guerre d'Espagne et la politique du premier Vichy (pas celui de Laval, ancien socialiste). Au delà même du pur (plutôt impur) domaine politique pur, il fut un animateur incomparable de la vie intellectuelle et même littéraire via les pages éponymes de L’Action française (section littéraire du journal qu'il laissait entièrement libre : on put ainsi y publier un article dithyrambique de Léon Daudet sur Céline, alors même que « Le voyage » était perçu comme de gauche voir d'extrême gauche). S'il était besoin de se justifier -ce qui n'est pas le cas -l'objectivité nous inviterait à reconnaître l'importance d'un Maurras comme elle oblige à reconnaître celle d'un Lénine, (qui de par son exemple même révoque la théorie marxiste de la non-importance de l'individu en histoire) Lénine qui a par contre infiniment plus de morts sur la conscience quand Maurras n'a tué que par Milice interposée et par la main de gens qui ne lui ont pas demandé son avis. Je doute qu'il les eut justifiés, pour Mandel notamment et même pour la plupart des autres tombés pour une France qui, hélas, les a oubliés. La France est très oublieuse, sélective dans ses souvenirs de commémoration et d'amitiés, Les Serbes en savent quelque chose, honte sur nous pour cela. Par contre, Maurras a approuvé les bombardements et les gaz moutardes des italiens lâchés sur l’Éthiopie et cela, c'est une honte. « 15 % de la population éthiopienne décède de mort violente entre 1935 et 1941 » (source Wiki, pas le temps de recouper).

A côté de toutes ces horreurs, les raisons qui m'ont fait désirer d'intervenir sont inintéressantes au possible...enfin... Il se trouve que Maurras, d'une culture fabuleuse et dont le talent d'écrivain et d'analyste n'est plus à prouver était violemment et partialement attaqué dans les pages d'Ilys -c'était signé XP évidemment , qui cherchait à faire cingler la diatribe vers les hautes mers de la polémique. Je n'avais pas le temps de rompre une lance avec l'un de mes contradicteurs préférés (c'est plutôt l'inverse d'ailleurs) que j'aime pour son irrévérence et parce que ses goûts sont bien les siens. Mais le message s'est effacé avant l'envoie et le temps accouplé à la fainéantise m'ont interdit de le retaper. Ce qui me vaut le bonheur d'écrire aujourd'hui dans Incarnation qui reste très cher à mon cœur. IL est des choses qu'on oublie pas et l'accueil autant que l'atmosphère d'Incarnation sont de celles-là, oh combien. Je salue bien évidemment chaleureusement Nebo à qui j'en dois plus d'une, je fais ma plus belle révérence à Marie pour qzui j'épuiserais en vain mes adjectifs les plus laudateurs sans toucher à sa vérité qui est de droiture et d'intelligence, mais je salue aussi très cordialement Orpheus, Henry, Rex et que les autres me pardonnent mon tropisme trinitaire. See you (read you) soon happy tax payer.

Écrit par : Restif | 26/07/2014

Ah Restif... merci... pour ton intervention, majestueuse, comme d'hab'... et ta présence en ces lieux, toujours lumineuse.

D'ailleurs ILYS... que deviennent-ils ? Disparu le blog ! Pfuiiiit ! Auraient-ils fait le tour de la question ? Ou pause d'été ?

XP ? Un commentaire ?

Écrit par : Nebo | 28/07/2014

J'oubliais... sorry... Merci Serge pour ce lien...

Écrit par : Nebo | 28/07/2014

Voilà des mots qui touchent...tout bonnement, très simplement et pour ce tout ce qui pourrait être ajouté je serai, comme Corto, un grand silencieux par pudeur. D'ailleurs il y a des lieux qui vous grandissent, la majesté vient de l'endroit, on vous y prête sa lumière.
Tu m'apprends la disparition d'Ilys que je viens de vérifier. Je vais tenter quelques écrits mais la période n'est pas aux réponses. Cela vaut peut-être mieux...Je crois que c'est Nicolas qui était le grand architecte de cet univers baroque et dandy, il a du se lasser de voir que le silence en arrivait à s’amonceler comme neige incessante sur ce qui commençait à ressembler à un cimetière numérique. J'aimerai bien entendre la version d'XP sur cette immersion dans les profondeurs des mers wébéennes, mais peut-être a-t-il choisi le silence pour des raisons qui l'honorent...
Je reste à roder dans le coin, à musarder parmi les mots ... adhonc à plus !
PS Je suis foutrement heureux qu'Incarnation nous reste. (un brin de parler rugueux, juste un masque de mot.).

Écrit par : Restif | 29/07/2014

Les commentaires sont fermés.