03/08/2014
"Je veux avoir à Paris cent familles, toutes s’étant élevées avec le trône et demeurant seules considérables..."
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« Bonaparte savait parler famille non comme d’une entité mais comme d’une réalité quand cela lui était utile. Il suffit de l’écouter lui-même. La fameuse lettre du 5 juin 1806 au roi de Naples, Joseph, son frère, ne va pas chercher le père, la mère, l’enfant, il part tout à trac de la réelle entité domestique de la famille, mot et chose, et en tire tout ce qu’il faut pour un ordre politique et social favorable à son intérêt et à celui de sa dynastie. Ecoutez, ou plutôt lisez comme il écrivait :
"Je veux avoir à Paris cent familles, toutes s’étant élevées avec le trône et demeurant seules considérables, puisque ce ne sont que des fidéicommis et que, ce qui ne sera pas à elles va se disséminer par l’effet du Code Civil. Etablissez le Code civil à Naples, il consolidera votre puissance, puisque, par lui tout ce qui n’est pas fidéicommis tombe, et qu’il ne reste de grandes maisons que celles que vous érigez en fiefs…".
Il n’est pas douteux que les dispositions du Code civil ont été lourdement aggravées par la suite. Le Code civil avait liquidé l’héritage : la démocratie populaire succédant à la démocratie consulaire s’arrangea pour dissoudre entre les héritiers les biens juridiques et moraux qu’on avait maintenus : c’est dans la logique du système individualiste et révolutionnaire. Mais c’est une autre question qui laisse intacte la première : "Je veux avoir à Paris cent familles... Etablissez le Code civil à Naples... par lui tout ce qui n’est pas fidéicommis tombe". Cent majorats d’une part, le reste tombant en poussière, d’autre part ! Ce n’est pas seulement un programme pour la ruine d’un pays, c’était la prophétie de son exécution.
Le "réalisme" impérial s’était brillamment exercé dans l’intérêt de son Etat révolutionnaire, mais à rebours de l’intérêt national. »
Charles Maurras, L'Action Française, 4 novembre 1943
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