05/08/2014
Quand nous allions par les champs mortuaires et les villages brûlés
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En 1919, Henri Béraud, journaliste reporter, assiste à la Conférence de Paix de Paris...
« Pendant que ces voix paisibles de doyens assermentés bourdonnaient à mes oreilles, je pensais aux heures de la guerre et, un instant, j’ai quitté le palais aux dorures arrogantes pour me retrouver dans ce noir abri du Soissonnais où, durant les nuits d’insomnie et de bombardement, j’évoquais ce congrès que j’avais présentement sous mes yeux. On nous avait tant dit que nous nous battions pour un monde nouveau... Quand nous allions par les champs mortuaires et les villages brûlés, nous ne pensions pas, nous, que le compte de nos travaux serait établi par d’autres que nous. Il nous arrivait de croire que l’ère des vieillards était accomplie et que notre génération avait acquis le droit de parler au nom des aînés…
Je rouvris les yeux. Les lustres resplendissaient. Les soixante plénipotentiaires, assis bien sagement devant leurs soixante buvards, avaient l’air de somnoler.
Et je pensais encore à d’autres choses : aux conseils d’administration qui siègent au-dessus des mines, aux assemblées plénières d’armateurs, qui font, barèmes en main, le solde et le bilan des bateaux en détresse... »
Henri Béraud, Le flâneur salarié
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