Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

09/08/2014

Deux passions politiques

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Ceux qui ont étudié attentivement la France au XVIIIème siècle, ont pu voir naître et se développer dans son sein deux passions politiques. [...]

L'une, plus profonde et venant de plus loin, est la haine violente et inextinguible de l'inégalité. Celle-ci était née et s'était nourrie de la vue de cette inégalité même, et elle poussait depuis longtemps les français, avec une force continue et irrésistible, à vouloir détruire jusque dans leurs fondements tout ce qui restait des institutions de Moyen-Âge, et, le terrain vidé, à y bâtir une société ou les hommes fussent aussi semblables et les conditions aussi égales que l'humanité le comporte.

L'autre, plus récente et moins enracinée, les portait à vouloir vivre non seulement égaux, mais libres.

Vers la fin de l'Ancien Régime ces deux passions sont aussi sincères et paraissent aussi vives l'une que l'autre. A l'entrée de la Révolution, elles se rencontrent ; elles se mêlent alors et se confondent un moment, s'échauffent l'une l'autre dans le contact, et enflamment enfin à la fois tout le coeur de la France. C'est 89, temps d'inexpérience sans doute, mais de générosité[...]Alors les Français furent assez fiers de leur cause et d'eux-mêmes pour croire qu'ils pouvaient être égaux dans la liberté. [...]Ils réduisirent en poussière cette législation surannée qui divisait les hommes en castes, en classes, et rendaient leurs droits plus inégaux encore que leurs conditions.[...]

Mais [...] lorsque, [...] l'amour de la liberté se fut découragé et alangui au milieu de l'anarchie et de la dictature populaire, et que la nation éperdue commença à chercher comme à tâtons son maître, le gouvernement absolu trouva pour renaître et se fonder des facultés prodigieuses, que découvrit sans peine le génie de celui qui allait être tout à la fois le continuateur de la Révolution et son destructeur. »

Alexis de Tocqueville, L’Ancien Régime et la Révolution

 

13:56 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Les commentaires sont fermés.