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27/09/2014

Pour Michel Onfray ? Oui, mille fois

=--=Publié dans la Catégorie "PARENTHÈSE"=--=

 

Dans son édition devenue fameuse du 22 octobre 1932, le Völkischer Beobachter (organe de presse du Parti national-socialiste des travailleurs allemands) publie sous la plume de Thilo von Trotha une analyse du Travailleur d’Ernst Jünger ponctuée par un avertissement solennel : Jünger se rapproche "de la zone des balles dans la tête". Mutatis mutandis, il est à craindre que la situation de Michel Onfray soit comparable à celle de l’auteur des Chasses subtiles. Certes, les Jivaros de Saint-Germain-des-Prés ne manient pas encore le Luger, mais ils apprennent vite.

À défaut de parchemins universitaires, Onfray disposa tout d’abord des trois brevets qui, dans le Paris "intellectuel", ouvrent toutes les portes : de gauche, athée et anti-chrétien. Il avait tout pour plaire ; on le porta donc sur les fonts baptismaux. Las, Michel, que devais-tu faire de ton baptême ? Il se brouilla avec les Saints-Pères des Éditions Grasset et fut dans la ligne de mire de Botul, auprès duquel von Trotha passerait presque pour un plaisantin.

Michel Onfray – quel ingrat – persista ensuite à suivre ses chemins de la liberté qui, manifestement, ne croisaient pas ceux de Poulou. Il aggrava donc son cas. Il publia dans Le Point du 7 juin 2012 un plaidoyer pour l’admirable Jean Soler, bien connu des services de police de la pensée dont les fiches sont à jour et, plus récemment, commit quelques tweets douteux dont : "Et si, à l’école, au lieu de la théorie du genre et de la programmation informatique, on apprenait à lire, écrire, compter, penser ?" mais, aussi, "Les couvertures de la presse de droite contre Najat VB ? Du droit pour la presse de droite à l’outrance qu’utilise la presse de gauche." Non mais, on croit rêver ! Pour qui se prend-il, le Normand vichyste ? Misère de la province, des binious et des terroirs, comme des élégants l’écrivirent jadis dans feue la revue Globe, qui nous manque tant.

Mais l’animal s’est montré encore plus sauvage (j’ai l’air de le dénoncer à la Kommandantur, je sais, mais on ne se refait pas, c’est mon côté agricole) : dans un très bel entretien avec notre confrère Philippe Bilger, pour Figaro Vox, Onfray cite élogieusement Spengler, Jünger, Toynbee, Julien Freund. Là, les bras m’en tombent : à quand Julius Evola, voire, pour les plus téméraires, Alain Finkielkraut ?

Avec Michel Onfray, c’est comme avec la crise ou François Hollande : on croit avoir touché le fond, mais non, le sol se dérobe toujours plus profondément. Ne voilà-t-il pas qu’il consacre sa chronique mensuelle du mois de septembre, sur son site, à la "tyrannie démocratique", lecture presque émerveillée de la critique platonicienne de la démocratie ? En vertu de ce si beau proverbe occitan, raça raceja (que l’on pourrait traduire par "bon sang ne peut mentir"), Michel Onfray s’est sans doute souvenu de Charles Péguy pour qui "c’est qu’il n’y a que d’être peuple, encore, qui permette de n’être pas démocrate".

En tout cas, lorsque je lis Michel Onfray, je pense toujours à Péguy et à Camus, auxquels il ressemble tant parce que demeure en lui un petit garçon français pauvre, un petit garçon de province — peu importe qu’elle soit normande, beauceronne ou algérienne — que sa fidélité et son honneur lui interdisent d’oublier. Et comme tous les petits garçons français pauvres, il a gardé un fond de sérieux, dans la vie et dans les textes, une gravitas — si noble vertu romaine — vers quoi les histrions qui le condamnent ne peuvent même pas envisager, un jour, de tendre.

Pour Michel Onfray ? Oui, mille fois.

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Source : Rémi Soulié pour Boulevard Voltaire

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