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28/09/2014

Le saoudien Salem Alyâmi et le malaise des intellectuels arabo-musulmans

=--=Publié dans la Catégorie "PARENTHÈSE"=--=

 

Depuis le 11 septembre 2001, de nombreux intellectuels arabo-musulmans ont brisé les tabous. Ils débattent de tous les thèmes : religion, civilisation, terrorisme, djihad, droits de l’homme, etc. La vague de contestation gagne tous les pays. Le nombre des contestataires s’accroît et se multiplie par milliers. Ils remplissent la presse classique et électronique d’articles véhéments qui critiquent leurs croyances et leurs valeurs traditionnelles et dénoncent le bourrage de crânes qu’ils ont subi dans les écoles, les mosquées et les différentes institutions de leurs pays. Ils stigmatisent, chacun à sa manière, le mal-être dont ils sont victimes.

Le cas d’un universitaire saoudien qui a fait ses études aux États-Unis dans les années 80 du siècle dernier, illustre ce phénomène de façon frappante. Il y retourne cette année, exprime son malaise et décrit ses impressions quant à la réalité de la civilisation arabo-musulmane.

Dans un de ses articles publiés sur le site du journal électronique Elaph.com, il nous relate un fait remarquable qui a provoqué chez lui un grand choc et marqué radicalement son parcours intellectuel et existentiel.

Il nous raconte qu’ils étaient quatre étudiants originaires des pays arabes ainsi que quelques autres venant de pays asiatiques et sud-américains qui suivaient ensemble un cours d’anglais aux États-Unis.

Lors de l’étude d’un texte sur l’art cinématographique, l’enseignante demande à chacun d’entre eux de citer un acteur de cinéma qu’il connaît. L’étudiant saoudien lui cite le célèbre acteur arabe Omar Charif. Aussitôt une étudiante hispanophone pousse un cri et s’interroge avec répugnance : Omar Charif est-il arabe ?

Emporté par une fougue typiquement arabe, le saoudien se lève impulsivement et lui demande avec un air fier et hautain :

« Y a-t-il un problème si Omar Charif est arabe ? Nous, les Arabes, nous sommes les artisans de la civilisation ! La civilisation occidentale n’est rien qu’un plagiat de la civilisation arabo-islamique qui a envahi le monde tout entier ! Ne savez-vous pas qu’Averroès, Avicenne, Al-Razi, Al-khawarizmi, Al-Farabi et d’autres était des génies arabo-musulmans ? »

A côté de lui, un collègue iraquien était assis. Il s’appelait Sabah. Il lui fait signe de la main et lui dit tout bas :

« Es-tu fou ? Ne sais-tu pas que tous ces gens que tu viens de citer étaient des athées (Zanâdiqa), des mécréants condamnés par l’islam ? Ils ont contesté et dénoncé ses enseignements. Tu ne peux pas du tout en être fier ! »

Le saoudien lui répond :

« Tant pis ! Ils étaient considérés comme athées et mécréants dans nos conflits interreligieux seulement. Mais devant l’Occident nous devons en être fiers et les considérer comme des grands savants arabo-musulmans ayant marqué la civilisation humaine par leurs œuvres créatives, humaines et philosophiques. Sinon, où peux-tu trouver des génies pour vanter notre fierté devant l’Occident ?

L’enseignante de l’anglais remarque son embarras et sa recherche avec son voisin Sabah d’une formule satisfaisante leur permettant de discréditer l’étudiante hispanophone qui ne pouvait pas imaginer que le fameux acteur Omar Charif puisse être arabe, comme si les Arabes n’étaient qu’un groupe d’individus n’ayant aucun rapport avec la civilisation humaine.

Ce qui est étrange, c’est que l’enseignante américaine, choquée par son chauvinisme arabo-musulman, se dresse alors devant lui comme un chef militaire qui cherche à donner des leçons de discipline et de rigueur comportementale à un nouvel étudiant qui ignore les préceptes militaires. Elle lui tient alors un discours assez ferme :

« Lorsque tu parles de n’importe quel sujet, il faut donner des arguments et des preuves, afin qu’il soit logiquement acceptable.

« Toi, tu parles du passé et tu clames, haut et fort, que vous étiez des artisans de civilisation il y a déjà 800 ans, alors que c’est l’âge de la révolution industrielle libérale occidentale.

« Si vous étiez vraiment des artisans de civilisation, nous aurions pu bénéficier aujourd’hui de ses fruits.

« Est-ce que c’est vous, les arabo-musulmans, qui avez inventé le train, l’avion, la voiture, découvert les médicaments pour traiter les différentes maladies qui ravagent l’humanité ?

« Êtes-vous des défenseurs des droits de l’homme… de la propreté de l’environnement... des droits de la femme... de la liberté... de la démocratie ?

« Est-ce que votre civilisation que tu accuses l’Occident de l’avoir plagiée, a-t-elle laissé des traces ou des marques qui confirment que vous êtes les créateurs de la civilisation et pas l’Occident ? »

Le saoudien se tourne alors vers son ami Sabah et les deux autres collègues arabo-musulmans. Aucun d’entre eux n’était en mesure de le soutenir sérieusement avec des arguments convaincants. En tant que jeune homme ne disposant d’aucune preuve et observant de visu que tous les produits civilisationnels sont fabriquées en Occident et pas dans le monde arabo-musulman, la frustration s’empare profondément de lui. Alors il s’assoie, totalement abattu.

Remarquant rapidement son pitoyable état d’âme, l’enseignante lui manifeste une certaine compassion, car, elle s’est rendu compte qu’on lui a ingurgité des informations historiques exagérées et excessives. Aujourd’hui, et face à une discussion logique et rigoureuse, il constate que ces informations ne sont que des propos vaniteux et inutiles.

Vu son état d’effondrement psychique, l’enseignante reprend son rôle d’éducatrice et manifeste une certaine pitié à son égard. Elle lui dit :

« Il ne faut pas avoir honte, si on vous a appris des choses erronées. Ce n’est pas du tout ta faute, mais celle de l’école qui a bourré ton cerveau d’informations inexactes. »

Puis, elle ajoute :

« La culture la plus néfaste et la plus dangereuse, c’est celle qui fait croire à ses enfants qu’ils sont les meilleurs et les plus qualifiés, alors qu’en réalité ils se terrent au plus bas des civilisations. Ce type d’instruction ressemble à une drogue qui incruste dans la mentalité des gens une belle image d’un phénomène malsain, et de l’héroïsme pour un acte vil et lâche. Lorsque les enfants confrontent la réalité des choses et découvrent sa vérité, alors leur aliénation psychique éclate et les rend malades et agressifs contre tout ce qui est beau, innocent et culturel. »

Le saoudien s’est rendu compte de cette « drogue » qu’on lui a administrée systématiquement dans les écoles en vertu d’une « ignorance sacrée » qui s’est institutionnalisée spontanément dans sa vie par la force d’une méconnaissance instinctive.

Ainsi s’aperçoit-on que plus le bourrage de crâne se perpétue, plus la nation s’engouffre dans le précipice qui la conduira inéluctablement vers sa disparition.

Reprenant son état d’esprit, il dit à l’enseignante, mais à voix toute basse : « Nous sommes tout de même les créateurs d’une civilisation. »

Alors, elle tente de calmer sa pudeur et d’édulcorer sa honte. Elle met sa main sur son épaule qui penchait vers le sol :

« Mon cher, si tu as l’impression que ta nation est créatrice d’une civilisation ou non, c’est un fait qui ne m’intéresse pas. Ce qui m’importe par contre, c’est que ton comportement, ton travail et ta créativité soient le reflet de ce que tu prétends être. Toi et moi, nous vivons le présent qui nous confirme que l’Occident est créateur de la civilisation depuis des siècles. Nous n’avons rien observé ni trouvé ce qui prouve que vous êtes des artisans d’une civilisation. Tout ce que je sais à propos de la nation arabo-musulmane, c’est qu’elle consomme ce que l’Occident lui fournit et qu’elle ne produit rien. L’Histoire ne vous attribue aucune invention. Si j’ignore que vous produisez quelque chose, je te prie de corriger mes informations. »

Il tente alors de se rappeler de quelque chose. Hélas ! Il n’a rien trouvé.

Cet épisode s’est déroulé dans les années 80 du siècle dernier. Etant de retour ces jours-ci aux États-Unis, l’étudiant saoudien, devenu écrivain, s’est dit : « S’il m’arrive de rencontrer quelque part mon ancienne enseignante d’Anglais et si elle m’interroge à propos du progrès qui s’est produit dans notre monde arabo-musulman ou si nous avons excellé dans la création de quelque chose nouveau, hélas ! je ne trouverai rien à lui dire autre chose que « Daesch » ou « l’Etat islamique en Irak et au Levant » (EIIL), « Akmi », « Al-Nosra », « Al-Qaïda », et leurs consœurs, ainsi que les multiples organisations terroristes islamistes, parsemées dans le monde entier. »

Certes, sans les Arabes et les musulmans, conclut-il, la vie sera plus belle et plus agréable sur notre planète terre.

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Source : Malek Sibali, pour Riposte Laïque

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