26/11/2014
Le siècle de la camelote
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« Plus que de la laideur, à mon avis, le XXe siècle fut le siècle de la camelote. Et rien n’en témoigne mieux que tous ces pavillons qui éclosent le long de toutes les routes et à l’entrée de toutes les villes, petites ou grandes. Ce ne sont pas des maisons, ce sont des idées de maisons. Elles témoignent pour une civilisation qui ne croit plus à elle-même et qui sait qu’elle va mourir, puisqu’elles sont bâties pour ne pas durer, pour dépérir, au mieux pour être remplacées, comme les hommes et les femmes qui les habitent. Elles n’ont rien de ce que Bachelard pouvait célébrer dans sa poétique de la maison. Elles n’ont pas plus de fondement que de fondation. Rien dans la matière qui les constitue n’est tiré de la terre qui les porte, elles ne sont extraites de rien, elles sont comme posées là, tombées d’un ciel vide, sans accord avec le paysage, sans résonance avec ses tonalités, sans vibration sympathique dans l’air. »
Renaud Camus, Du sens
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (2) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Commentaires
Magnifique !
Écrit par : fredi maque | 28/11/2014
Oui, très beau... et assez vrai... en partie seulement.
Car néanmoins, heureux temps que celui où un ouvrier peut se payer sa maison à crédit en lieu et place d'un loyer, fut-ce un vulgaire pavillon ressemblant aux autres. Qu'il pourra, ensuite, léguer à ses enfants qui, eux, avec un peu de chance et beaucoup de volonté, amélioreront leur situation.
Et puis les maisons, de nos jours, même les moins chères, sont loin d'être de la camelote. Il faut juste choisir les bonnes entreprises et les bons ouvriers. Les avoir à l'oeil durant la construction ou le montage.
Par les joies du Vilain Libéralisme, il est même des architectes qui proposent des maisons à 100 000 € surprenantes. Google est votre ami.
Mais il faut être un prolétaire pour comprendre cela. Ce que n'est pas monsieur Camus qui est néanmoins pertinent et un grand écrivain.
Écrit par : Nebo | 28/11/2014
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