13/01/2015
Jusqu’à l’instant où la chambre se remplira de cendres
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« La vie est un grand Hymne de Jouissance.
Mon âme éblouie de ténèbres vibre comme une Corde de Guitare en contemplant la Bien-aimée. Demain nous serons déjà des étrangers l’un pour l’autre, mais à présent je ne vis que pour toi, pour le clair jardin sublime qu’est ton corps nimbé de Tendresse.
Nous rêverons ensemble tant que murmurera cette nuit foisonnante jusqu’à l’instant où la chambre se remplira de cendres, et nous brisera le joug d’un jour nouveau et les réverbères se pendront aux carrefours… Ton Front surgit dans la pénombre comme une aurore. Ton front est le miroir bruni qui thésaurise l’ivoire de toutes les nouvelles lunes. Ton front est le drapeau d’ivoire qui doucement ondoiera, disant ta reddition et ma victoire.
O Bien-aimée, nos baisers incendieront la nuit.
Et laisse ouverte la Fenêtre, car je veux convier l’Univers à mes Noces ; je veux que l’Air, la Mer, les Eaux et les Arbres jouissent de tes chairs astrales, jouissent du fébrile bref Festin de ta beauté et de ma force.
A présent mon palais est un joug rouge sous la rouge flamme de la ta langue… L’obscurité se remplit d’aurores.
A présent ton corps, délicieusement, comme une étoile, tremble dans mes bras.
Déjà toutes les ténèbres se sont endormies. »
Jorge Luis Borges, Parenthèse passionnelle, in "Rythmes rouges"
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