28/01/2015
J'aimais la fraîcheur de la conscience qui perlait sans cesse sous la tension spirituelle
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« Comment les faisceaux musculaires, habituellement si lourds, si obscurs, si immuablement statiques, connaissaient-ils l'instant où l'action s'anime d'une passion chauffée à blanc ? J'aimais la fraîcheur de la conscience qui perlait sans cesse sous la tension spirituelle, quelle qu'en fût l'espèce. Je ne pouvais plus croire que ce fut purement en raison d'une mienne vertu intellectuelle que le cuivre de la surexcitation reçut la doublure argentée de la connaissance. C'est cela qui faisait de la passion ce qu'elle était. Car je commençais à croire que c'étaient les muscles – puissants, statiquement si bien ordonnés et silencieux – qui étaient la vraie source de clarté de ma conscience. La douleur musculaire ressentie à l'occasion d'un coup qui passait à côté du bouclier suscitait aussitôt une conscience encore plus résolue qui supprimait la douleur, sentir que l'haleine allait manquer engendrait une fureur qui la dominait. Ainsi, de temps à autre, j'apercevais un autre soleil tout différent de celui qui, si longtemps, m'avait dispensé ses bénédictions, un soleil rempli des flammes sombres et cruelles de la conscience sensible, soleil de mort qui jamais ne brûlerait la peau, bien qu'il rougeoyât de rayons plus étranges encore.
Ce deuxième soleil était dans son essence bien plus dangereux pour l'intellect que n'avait jamais été le premier. Plus que toute autre chose, c'était ce danger où je trouvais mon enchantement. »
Yukio Mishima, Le Soleil et l'Acier
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