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13/02/2015

La civilisation actuelle confère à tout un air de ressemblance...

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« La civilisation actuelle confère à tout un air de ressemblance. Le film, la radio et les magazines constituent un système. Chaque secteur est uniformisé et tous le sont les uns par rapport aux autres. Même les oppositions politiques dans leur manifestation esthétiques sont unanimes pour chanter les louanges du rythme d’airain de ce système. Des pays totalitaires aux autres pays, les bâtiments administratifs et les centres d’expositions industrielles se ressemblent presque tous par leur décoration. […]. Les maisons plus anciennes autour des centres urbains de béton ressemblent déjà à des slums et les nouveaux bungalows en bordure des villes sont comme les fragiles constructions des foires internationales, monuments élevés au progrès technique et invitant à s’en débarrasser après une brève période d’utilisation, comme on se débarrasse de boites de conserve vides.
Mais les projets d’urbanisme qui, dans de petits logements hygiéniques, devraient assurer la pérennité de l’individu comme être indépendant, le soumettant d’autant plus totalement au pouvoir absolu du capital qui est en fait son ennemi. De même que les habitants sont expédiés dans les centres des villes pour y travailler et s’y divertir en tant que producteurs et consommateurs, de même les cellules d’habitation s’agglomèrent en complexes bien organisés. […]. Le film et la radio n’ont plus besoin de se faire passer pour de l’art. Ils ne sont plus que business : c’est là leur vérité et leur idéologie qu’ils utilisent pour légitimer la camelote qu’ils produisent délibérément ».

ADORNO & HORKEIMER, Dialectique de la raison

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Glaive et charrue

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« A première vue, il est facile de faire la distinction entre technologie salutaire et technologie néfaste ; il suffit, semble-t-il, de voir la fin propre de chaque outil technique. Ainsi, les charrues sont bonnes et les glaives sont mauvais. Avec l’avènement de l’ère messianique, dit l’Ancien Testament, les glaives seront fondus en socs de charrue. En traduisant cette comparaison dans le contexte de la technologie moderne, on dira que la bombe atomique est mauvaise tandis que les engrais chimiques sont bons, puisqu’ils aident à subvenir aux besoins nutritifs de l’humanité.

Cependant, on voit immédiatement que la technologie moderne nous enferme dans un dilemme irritant. Ses "charrues" à elle peuvent être, à long terme, aussi nuisibles que ses "glaives" ! (Et le "long terme" des effets cumulatifs est […] inhérent à la mise en œuvre de cette technologie). Mais alors, ce sont elles, les "charrues" salutaires, qui sont le véritable problème. Car, si on peut laisser le glaive au fourreau, on ne peut laisser les charrues dans la grange. Une guerre atomique totale aurait certes des conséquences effroyables ; or, bien qu’elle puisse se déclancher à tout moment et que cette possibilité pèse sur notre avenir comme un cauchemar, elle ne doit pas se produire nécessairement. En effet, l’écart salvateur entre potentialité et actualisation, entre la possession de l’outil et son emploi, est encore préservé dans ce cas – ce qui permet d’espérer que cet emploi pourra être évité (cette non-utilisation étant la fin paradoxale de la possession de cette technologie précise). Mais il y a là, par ailleurs, de nombreuses choses qui cachent sous leur apparence pacifique un potentiel de dangers apocalyptiques, et que nous somme pourtant obligés d’accomplir, tout simplement pour survivre. Pendant que le mauvais frère Caïn – la bombe – repose dans sa caverne, le bon frère Abel – le réacteur nucléaire pacifique – produit, sans susciter de drame, ses sédiments de poison pour les millénaires futurs. »

Hans JONAS, La technique moderne comme sujet de réflexion éthique

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Le Centre

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« Aujourd’hui,(...), l’adhésion aux modèles imposés par le Centre est totale et sans conditions. Les modèles culturels réels sont reniés. L’abjuration est accomplie. On peut donc affirmer que la "tolérance" de l’idéologie hédoniste, défendue par le nouveau pouvoir, est la plus terrible des répressions de l’histoire humaine. Comment a-t-on pu exercer pareille répression ? A partir de deux révolutions, à l’intérieur de l’organisation bourgeoise : la révolution des infrastructures et la révolution du système des informations. Les routes, la motorisation, etc. ont désormais uni étroitement la périphérie au Centre en abolissant toute distance matérielle. Mais la révolution du système des informations a été plus radicale encore et décisive. Via la télévision, le Centre a assimilé, sur son modèle, le pays entier, ce pays qui était si contrasté et riche de cultures originales. Une œuvre d’homologation, destructrice de toute authenticité, a commencé. Le Centre a imposé - comme je disais - ses modèles : ces modèles sont ceux voulus par la nouvelle industrialisation, qui ne se contente plus de "l’homme-consommateur", mais qui prétend que les idéologies différentes de l’idéologie hédoniste de la consommation ne sont plus concevables. Un hédonisme néo-laïc, aveugle et oublieux de toutes les valeurs humanistes, aveugle et étranger aux sciences humaines. »

Pier Paolo Pasolini, Écrits corsaires

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On s’est fait des "Situâtions" dans la purification

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« Les haines partisanes sont "alimentaires" !... oubliez jamais ! on s’est fait des "Situâtions" dans la purification, les mises en fosse des "collabos"... des gens qu’étaient juste que de la crotte sont devenus des "terribles seigneurs"... "vengeurs"... avec de ces énormes privilèges !... vous parlez qu’ils "résisteront" jusqu’à leur dernier quart de souffle !... jusqu’à leur dernière petite-fille se soit très gentiment mariée ! le pire malheur des collabos, la providence qu’ils ont été pour la pire horde des bons à lape... dites-moi, Vermersh, Triolette, Madeleine Jacob, qu’est-ce que ça vaut devant une fraiseuse, une feuille de papier ? un balai ?... à la niche, hyènes ! catastrophes ! des aubaines, pas une fois par siècle ! surprise-stupre des épiloconnes ! c’est pas demain qu’ils vont renoncer à être les Très-Hautes-Puissances-Paladines de la plus formid’ colique 39 !... »

Louis-Ferdinand Céline, D’un château l’autre

 

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