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17/02/2015

La noblesse n’est ni un ornement, ni une décoration, ni un préjugé, ni une usurpation

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« On a exagéré les vices ou les défauts dont les nobles ne sont pas plus exempts que les autres hommes ; jamais, que je sache, on n’a donné la véritable raison de la noblesse.
Les uns ont fait de la noblesse un meuble de la couronne, comme le sceptre ou le manteau royal ; les autres en ont fait une illusion de la vanité, ou une usurpation des temps féodaux. La noblesse n’est ni un ornement, ni une décoration, ni un préjugé, ni une usurpation : elle est une institution "naturelle" et nécessaire de la société publique, aussi nécessaire, aussi ancienne que le pouvoir lui-même ; et c’est par cette raison qu’elle existe, comme le pouvoir, sous une forme ou sous une autre, dans tout état de la société, et sous toutes les formes de gouvernement.

(...)

Ainsi, les nobles sont les serviteurs de l’Etat, et ne sont pas autre chose : ils n’exercent pas un droit, ils remplissent un devoir ; ils ne jouissent pas d’une prérogative, ils s’acquittent d’un "service". Le mot "service", employé à désigner les fonctions publiques, a passé de l’Evangile dans toutes les langues des peuples chrétiens, où l’on dit le "service", "faire son service", "servir", pour exprimer que l’on est occupé dans la magistrature ou dans l’armée. Quand Jésus-Christ dit à ses disciples : "Que le plus grand d’entre vous ne soit que le serviteur des autres ; - quel est le plus grand de celui qui sert ou de celui qui est servi ?" Il ne fait que révéler le principe de toute société, ou plutôt de toute sociabilité, et nous apprendre que tout dans le gouvernement de l’Etat, pouvoir et ministère, se rapporte à l’utilité des sujets, comme tout dans la famille, se rapporte au soin des enfants ; que les grands ne sont réellement que les serviteurs des petits, soit qu’ils les servent en jugeant leurs différents, en réprimant leurs passions, en défendant, les armes à la main, leurs propriétés, ou qu’ils les servent encore en instruisant leur ignorance, en redressant leurs erreurs, en aidant leur faiblesse : le pouvoir le plus éminent de la société chrétienne ne prend d’autre titre que "serviteur des serviteurs" ; et si la vanité s’offense des distinctions, la raison ne saurait méconnaître les services. »

Louis de Bonald, Considérations sur la noblesse

 

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