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14/05/2015

Céline médecin et écrivain

=--=Publié dans la Catégorie "PARENTHÈSE"=--=

 

Une émission du Canal Académie, consacrée à Louis-Ferdinand Céline.

podcast

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Se mettre à genoux devant l’or et devant la merde !

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« Que demande toute la foule moderne ? Elle demande à se mettre à genoux devant l’or et devant la merde !… Elle a le goût du faux, du bidon, de la farcie connerie, comme aucune foule n’eut jamais dans toutes les pires antiquités… Du coup, on la gave, elle en crève… Et plus nulle, plus insignifiante est l’idole choisie au départ, plus elle a de chances de triompher dans le coeur des foules… mieux la publicité s’accroche à sa nullité, pénètre, entraîne toute l’idolâtrie… Ce sont les surfaces les plus lisses qui prennent le mieux la peinture. »

Louis-Ferdinand Céline, Bagatelles pour un massacre

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Plus c’est cul et creux, mieux ça porte

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« N’importe quel trou du cul peut devenir, bien enculé de publicité, un immense n’importe quoi, l’objet d’un culte, une suprêmissime vedette, un criminel horriblissime, une léviathane catastrophe, un film dantesque, une pâte à rasoir cosmique, un transatlantique qui fait déborder la mer, un apéritif qui fait tourner la terre, le plus grand Lépidaure des Ages, le Président du Conseil qui bouffe les casquettes vivantes. Plus c’est cul et creux, mieux ça porte. Le goût du commun est à ce prix. Le “bon sens” des foules c’est : toujours plus cons.  »

Louis-Ferdinand Céline , Bagatelles pour un massacre

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RELIGION OF PEACE

=--=Publié dans la Catégorie "Brèves"=--=

 


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Une éclaboussure de magie et de fascination

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« Ce qui lui plaisait dans ce bistrot, c’étaient les couleurs. Il y avait un bon peintre qui avait vécu par ici et qui avait laissé une trace heureuse. Ce peintre était fou de bleu et Constant aussi. Sans doute ce peintre avait-il touché ces murs au début de la guerre quand Paris était soudain devenu tout bleu, d’un bleu secret et délicat de solitude qui se complait doucement et chaudement en elle-même et qui nie avec un entêtement rusé et délicieusement absurde les traînées de froid et de rigueur qui s’approchent de tous les lointains. Ce peintre aimait sans doute le bleu auparavant, mais la circonstance lui avait enjoint de se repaître de sa préférence. Peut-être maintenant, s’il n’était pas mort, aimait-il une autre couleur ? Mais Constant qui n’était pas peintre aimerait toujours le bleu. Il haïssait le verre et mépriser le violet. Avec quelque complaisance pour le jaune, il appréciait le rouge dans la mesure où il se mariait, divorcée et se remarier avec le bleu. Il y avait aussi des terres de Sienne, des cobalts qui le nourrissait bien. Il était goinfre et aimait à se gaver. Il était amoureux des choses. Quelquefois il se disait qu’il aurait pu se passer des gens ; il savait pourtant que les choses ne vivent que par les gens et que jouer des choses est le dernier moyen de communiquer avec les gens : à travers les choses on échange des messages. Et c’est ainsi que lui, Constant, venait causer dans ce bistrot avec un type qui lui disait des paroles bleues comme on en entend pas de bouche à oreille.

 
Dans un coin près du comptoir il y avait une silhouette de femme pétrie dans un bleu de Prusse qui vous saturait le sang. La ligne ajoutait aux bienfaits de la couleur un autre bienfait. Cela faisait deux bienfaits en même temps : on n’avait pas se plaindre, on avait de quoi se réjouir profondément dans les entrailles de son ventre et de son imagination. Tout cela ne tombe pas du ciel, mais c’était doucement sué par la terre qui était sous ce quartier de bitume et de plâtras et sous ce bistrot de marchandage et de bavardage. Constant rigolait doucement en songeant au bon tour que la terre, la couleur bleue et un copain inconnu jouaient à tous ces idiots crasseux et gentils qui ne savaient pas qu’ils nageaient dans le bleu, dans le suc que le plus raffiné. Pourtant, de temps en temps l’un d’eux semblait une seconde se méfier, s’inquiéter et, interrompant une phrase, suspendant son verre, demeurait bouche bée devant une tâche, une éclaboussure de magie et de fascination. Constant connaissait bien la terre. Bien qu’il fût de Paris, il connaissait la terre. Il ne l’avait jamais ignorée ; il l’avait toujours soupçonné, devinée, décelée sous les quartiers. Il n’avait aimé rien tant que les travaux de voirie qui, tout d’un coup, fendaient le bitumes et l’asphalte, cassaient le ciment et autour des tuyaux faisaient resurgir la chair vive, non pas seulement cette matière rapportée et sableuse qui est tout de suite sous le pavé, mais plus en dessous, le terreau même. »

Pierre Drieu la Rochelle, Les Chiens de paille

 

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Supprimer la transgression tue l'érotisme

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« La volonté de supprimer la transgression tue pareillement l'érotisme. Car il y a bien des normes en matière sexuelle, comme il y en a en toutes choses. L'erreur est de croire que ce sont des normes morales, l'autre erreur étant de s'imaginer que n'importe quelle conduite peut être érigée en norme, ou que l'existence d'une norme délégitime du même coup tout ce qui est hors-normes. L'érotisme implique la transgression, pour autant que cette transgression reste possible sans cesser d'être transgression, c'est-à-dire sans être posée comme norme.

Entre les "jeunes des cités" pour qui les femmes ne sont que des trous avec de la viande autour, les suceuses professionnelles aux formes siliconées et les magazines féminins transformés en manuels de sexologie pubo-coccygienne, l'érotisme apparaît ainsi verrouillé de toutes parts. Les jeunes, en particulier, doivent faire face à une société qui est à la fois beaucoup plus permissive et beaucoup moins tolérante que par le passé. De même que la domination débouche sur la dépossession, la prétendue libération sexuelle n'a finalement abouti qu'à de nouvelles formes d'aliénation. Mais le sexe, parce qu'il est avant tout le domaine de l'incertitude et du trouble, se dérobe toujours à la transparence. »

Robert de Herte, Magazine "Eléments" n°102, septembre 2001

 

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L’avilissement des cœurs...

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« Le monde va finir. La seule rai­son, pour laquelle il pour­rait durer, c’est qu’il existe. Que cette rai­son est faible, com­pa­rée à toutes celles qui annoncent le contraire, par­ti­cu­liè­re­ment à celle-ci : Qu’est-ce que le monde a désor­mais à faire sous le ciel? — Car, en sup­po­sant qu’il conti­nuât à exis­ter maté­riel­le­ment, serait-ce une exis­tence digne de ce nom et du Dic­tion­naire his­to­rique? Je ne dis pas que le monde sera réduit aux expé­dients et au désordre bouf­fon des répu­bliques du Sud-Amérique, que peut-être même nous retour­ne­rons à l’état sau­vage, et que nous irons, à tra­vers les ruines her­bues de notre civi­li­sa­tion, cher­cher notre pâture, un fusil à la main. Non; car ces aven­tures sup­po­se­raient encore une cer­taine éner­gie vitale, écho des pre­miers âges. Nou­vel exemple et nou­velles vic­times des inexo­rables lois morales, nous péri­rons par où nous avons cru vivre. La méca­nique nous aura tel­le­ment amé­ri­ca­ni­sés, le pro­grès aura si bien atro­phié en nous toute la par­tie spi­ri­tuelle, que rien, parmi les rêve­ries san­gui­naires, sacri­lèges ou anti­na­tu­relles des uto­pistes, ne pourra être com­paré à ses résul­tats posi­tifs. Je demande à tout homme qui pense de me mon­trer ce qui sub­siste de la vie. De la reli­gion, je crois inutile d’en par­ler et d’en cher­cher les restes, puisque se don­ner la peine de nier Dieu est le seul scan­dale, en pareilles matières. La pro­priété avait dis­paru vir­tuel­le­ment avec la sup­pres­sion du droit d’aînesse ; mais le temps vien­dra où l’humanité, comme un ogre ven­geur, arra­chera leur der­nier mor­ceau à ceux qui croient avoir hérité légi­ti­me­ment des révo­lu­tions. Encore, là ne serait pas le mal suprême.

L’imagination humaine peut conce­voir, sans trop de peine, des répu­bliques ou autres États com­mu­nau­taires, dignes de quelque gloire, s’ils sont diri­gés par des hommes sacrés, par de cer­tains aris­to­crates. Mais ce n’est pas par­ti­cu­liè­re­ment par des ins­ti­tu­tions poli­tiques que se mani­fes­tera la ruine uni­ver­selle, ou le pro­grès uni­ver­sel ; car peu m’importe le nom. Ce sera par l’avilissement des cœurs. Ai-je besoin de dire que le peu qui res­tera de poli­tique se débat­tra péni­ble­ment dans les étreintes de l’animalité géné­rale, et que les gou­ver­nants seront for­cés, pour se main­te­nir et pour créer un fan­tôme d’ordre, de recou­rir à des moyens qui feraient fris­son­ner notre huma­nité actuelle, pour­tant si endurcie ? — Alors, le fils fuira la famille, non pas à dix-huit ans, mais à douze, éman­cipé par sa pré­co­cité glou­tonne ; il la fuira, non pas pour cher­cher des aven­tures héroïques, non pas pour déli­vrer une beauté pri­son­nière dans une tour, non pas pour immor­ta­li­ser un gale­tas par de sublimes pen­sées, mais pour fon­der un com­merce, pour s’enrichir, et pour faire concur­rence à son infâme papa, fon­da­teur et action­naire d’un jour­nal qui répan­dra les lumières et qui ferait consi­dé­rer le Siècle d’alors comme un sup­pôt de la super­sti­tion. — Alors, les errantes, les déclas­sées, celles qui ont eu quelques amants et qu’on appelle par­fois des Anges, en rai­son et en remer­cie­ment de l’étourderie qui brille, lumière de hasard, dans leur exis­tence logique comme le mal, — alors celles-là, dis-je, ne seront plus qu’impitoyable sagesse, sagesse qui condam­nera tout, fors l’argent, tout, même les erreurs des sens! Alors, ce qui res­sem­blera à la vertu, que dis-je, tout ce qui ne sera pas l’ardeur vers Plu­tus sera réputé un immense ridi­cule. La jus­tice, si, à cette époque for­tu­née, il peut encore exis­ter une jus­tice, fera inter­dire les citoyens qui ne sau­ront pas faire for­tune. Ton épouse, ô Bour­geois! ta chaste moi­tié, dont la légi­ti­mité fait pour toi la poé­sie, intro­dui­sant désor­mais dans la léga­lité une infa­mie irré­pro­chable, gar­dienne vigi­lante et amou­reuse de ton coffre-fort, ne sera plus que l’idéal par­fait de la femme entre­te­nue. Ta fille, avec une nubi­lité enfan­tine, rêvera, dans son ber­ceau, qu’elle se vend un mil­lion, et toi-même, ô Bour­geois, — moins poète encore que tu n’es aujourd’hui, — tu n’y trou­ve­ras rien à redire ; tu ne regret­te­ras rien. Car il y a des choses, dans l’homme, qui se for­ti­fient et pros­pèrent à mesure que d’autres se déli­ca­tisent et s’amoindrissent; et, grâce au pro­grès de ces temps, il ne te res­tera de tes entrailles que des vis­cères! — Ces temps sont peut-être bien proches ; qui sait même s’ils ne sont pas venus, et si l’épaississement de notre nature n’est pas le seul obs­tacle qui nous empêche d’apprécier le milieu dans lequel nous respirons ?

Quant à moi, qui sens quel­que­fois en moi le ridi­cule d’un pro­phète, je sais que je n’y trou­ve­rai jamais la cha­rité d’un méde­cin. Perdu dans ce vilain monde, cou­doyé par les foules, je suis comme un homme lassé dont l’œil ne voit en arrière, dans les années pro­fondes, que désa­bu­se­ment et amer­tume, et, devant lui, qu’un orage où rien de neuf n’est contenu, ni ensei­gne­ment ni dou­leur. Le soir où cet homme a volé à la des­ti­née quelques heures de plai­sir, bercé dans sa diges­tion, oublieux — autant que pos­sible — du passé, content du pré­sent et rési­gné à l’avenir, enivré de son sang-froid et de son dan­dysme, fier de n’être pas aussi bas que ceux qui passent, il se dit, en contem­plant la fumée de son cigare : "Que m’importe où vont ces consciences ?"

Je crois que j’ai dérivé dans ce que les gens du métier appellent un hors-d’œuvre. Cepen­dant, je lais­se­rai ces pages, — parce que je veux dater ma colère. »

Charles Baudelaire, Fusées

 

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"Cosmopolites"...

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« La lutte contre la "servilité devant l'Occident" rejoignait la campagne de "lutte contre le cosmopolitisme", comme on disait ; il s'agissait, en fait, d'un antisémitisme pur et simple. B.L. Vannikov, juif lui-même, amusait ses interlocuteurs de l'appareil par des blagues du genre de celle-ci : Si tu ne veux pas être antisémite, appelle les Juifs "cosmopolites". »

Andreï Sakharov, Mémoires

 

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Il se masque son gouffre

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« Et il prononce lui-même à ce sujet le mot de stoïcisme. Ces règles minutieuses et tatillonnes, il se les impose d’abord pour mettre un frein à son insondable liberté. Par des obligations constamment renouvelées, il se masque son gouffre : il est d’abord dandy par peur de soi : c’est l’ "askèsis" des Cyniques et de la Stoa. Notons que le dandysme, par sa gratuité, par la libre position de valeurs et d’obligations, s’apparente au choix d’une Morale. Il semble que, sur ce plan, Baudelaire ait donné satisfaction à cette transcendance qu’il a découverte en lui dès l’origine. Mais c’est une satisfaction truquée. Le dandysme n’est que l’image affaiblie du choix absolu de Valeurs inconditionnelles. En fait il se tient dans les limites du Bien traditionnel. Il est gratuit, sans doute, mais il est aussi parfaitement inoffensif. Il ne bouleverse aucune des lois établies. Il se veut inutile et, sans doute, il ne sert pas ; mais il ne nuit pas non plus ; et la classe au pouvoir préférera toujours un dandy à un révolutionnaire, de la même façon que la bourgeoisie de Louis-Philippe tolérera plus volontiers les outrances de l’Art pour l’Art que la littérature engagée de Hugo, de Sand et de Pierre Leroux. C’est un jeu d’enfant, que les adultes considèrent avec indulgence ; ce sont des obligations supplémentaires que Baudelaire s’inflige en plus de celles que lui impose la Société. Il en parle avec emphase, avec insolence, mais aussi avec un léger sourire de coin. Il ne souhaite pas qu’on le prenne tout à fait au sérieux. »

Jean-Paul Sartre, Baudelaire

 

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