01/09/2015
La satisfaction d’être un bon client et un bon citoyen en dépensant son argent
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« Nous en sommes arrivés, sans nous en rendre compte, à un régime où il n’est pas permis de penser incorrectemernt, et où il n’est pas permis non plus de vivre incorrectement. Comme le marxisme, la démocratie tient qu’il existe une vérité morale parce qu’elle croit comme le marxisme à un progrès de l’humanité et par conséquent à un sens de l’histoire. Quiconque admet ce credo doit en accepter le corollaire : s’il y a un sens de l’histoire, tout ce qui va dans ce sens, pensées, jugements, aspirations, est bon, et tout ce qui va dans le sens contraire, réflexes, regrets, répugnances, est erroné. Comme les marxistes, les démocrates distinguent donc des idées qui sont correctes et d’autres qui ne le sont pas : et aussi des attitudes qui sont correctes et d’autres qui ne le sont pas. L’idée et l’attitude deviennent inséparables, car l’attitude est l’incarnation de l’idée dans la vie, dans ce que les marxistes appellent la praxis et les démocrates, moins savants, la conduite. L’alignement sur une pensée correcte entraîne donc nécessairement la soumission à une attitude correcte, laquelle dans la société de consommation, comprend la bonne volonté, l’optimisme, le désir d’acheter, l’ambition d’être aujourd’hui semblable à son collègue et demain pareil à son chef de bureau, la satisfaction d’être un bon client et un bon citoyen en dépensant son argent au guichet où il est indiqué, dans l’intérêt général, de le dépenser. Ainsi, la conscience industrielle est complétée par une éducation industrielle qui fait de nous, non des citoyens à part entière, mais des consommateurs intégralement téléguidés. »
Maurice Bardèche, Sparte et les Sudistes
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