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08/10/2015

L'avachissement

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« Si, bien que le mot m'horripile, je n'ai rien contre la "décontraction", je ne supporte pas l'avachissement. C'est signe de mauvaise santé, pour une société.
Somerset Maugham a écrit, sur ce sujet, une nouvelle qui mérite d'être lue et méditée. C'est l'histoire d'un jeune fonctionnaire colonial anglais, nommé à Bornéo, au fin fond de la jungle. Il est le seul Blanc, et commande à une demi-douzaine d’ “indigènes. Soucieux de tenir son rang, il revêt tous les soirs son smoking et, après avoir levé son verre de whisky à la santé de Sa Majesté, il dîne, en solitaire, servi par ses deux boys. Les semaines passent. Il commence à trouver le temps long. La chaleur, les moustiques, le travail fastidieux … Il se laisse aller. Il ne se rase plus, se lave à peine, se met à pinter, et quand, le soir, il se traîne jusqu'à la table, il garde sa tenue de brousse qui, peu à peu, prend un aspect lamentable. Il sent monter autour de lui le mépris de ses boys, et bientôt, ce sera la chute. 
Mais, non : dans un sursaut de dignité, il réapparaît un soir dans son costume blanc et lève son verre à la santé du roi. Il sera à nouveau respecté et sa vie, aussi pénible soit-elle, retrouvera son sens.
C'est sans doute idiot, mais cela porte un nom qui ne l'est pas : le respect de soi. »

Christian Millau, Journal impoli

 

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Toute économie rationaliste, comme tout racisme conséquent, devrait mener au cannibalisme.

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« Certaines légendes, que l'on trouve partout sur notre planète, sont pleines de sens ; elles nous font entrevoir que le cannibalisme est vaincu par des sacrifices d'ordre plus haut (...) Depuis des temps extrêmement anciens, il faut qu'un tabou effroyable ait interdit aux Indo-Européens la consommation de la chair humaine ; nos contes y font allusion. (...) On peut mesurer la force de cet interdit au fait que même cette guerre, qui remue les bas-fonds, ne l'a presque pas ébranlé, trait digne d'être noté, pour qui connaît les esprits qui la mènent. Au fond, toute économie rationaliste, comme tout racisme conséquent, devrait mener au cannibalisme. (...) Dans le Brave New World d'Huxley, on récupère le phosphore des cadavres pour le remettre dans le cycle de l'économie nationale. »

Ernst Jünger, Journal, 3 novembre 1944

 

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Dans les provinces les plus pauvres de la vie spirituelle

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« Il y a dans le nihilisme des conceptions qui dissolvent tout en hasard. C'est à cela que se rapporte la ridicule terreur qu'éprouve l'homme moderne en présence des microbes ; elle se rencontre surtout dans les provinces les plus pauvres de la vie spirituelle, et correspond au délire collectif de la sorcellerie et de la démonologie aux XVe et XVIe siècles. S'y rattachent également maintes abstractions de la physique moderne qui libère, en tant que scienzia nuova, beaucoup d'énergies du hasard, et que seule remettra à son juste rang la reine des sciences - la théologie. Voilà pourquoi il importe tant que nos meilleurs esprits se consacrent à son étude, qui est entièrement tombée en décadence. Les bouche-trous n'y sont évidemment pas à leur place. Les rapports étroits du savoir et de la foi, si clairement propres à notre époque, nous amènent à souhaiter qu'avant d'être promu maître, magister, chacun soit, tout d'abord, reçu compagnon dans l'une des branches de la science. (...) Ainsi, au point où en sont les choses, dès demain peut-être, en Russie comme en Europe, l'espoir subsiste que naissent des mondes spirituels, enfantement dont les douleurs ont déjà commencé pour nous. Alors se dissipera le cauchemar qui prive aujourd'hui tant d'êtres de la joie de vivre : la sourde sensation d'oeuvrer dans l'absurde, dans les espaces de la destruction, du pur hasard. »

Ernst Jünger, Journal, 7 mars 1944

 

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