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01/10/2017

La FEN a fait un choix essentiel : celui d'une société socialiste

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

 

« Voici un demi-siècle, l’école de Jules Ferry était le lieu de la promotion sociale, et ses maîtres demeuraient souvent dans les cœurs et les esprits comme des femmes et des hommes dévoués qui accomplissaient une mission et répondaient à une vocation plus souvent qu’ils n’exerçaient un métier. Chacun sait que leur train de vie était modeste, et un mot du célèbre Hercule Poirot dans un roman d’Agatha Christie en dit assez sur ce point : "Les petits professeurs qui inculquent le latin aux enfants n’ont pas des fins de mois somptueuses." Mais peu importait, car le maître inspirait le respect ; il était celui qui transmettait un savoir indispensable pour s’élever au-dessus de la condition souvent difficile dans laquelle vivaient les familles modestes. Aujourd’hui, la situation a changé. L’école est un produit de consommation, les élèves et les parents en sont en quelque sorte les clients, qui, comme chacun sait, sont les rois, et les maîtres ont été ravalés au rang d’employés ou de prestataires de services auxquels le respect n’est pas forcément dû puisqu’ils sont "payés pour ça".

Le changement des mentalités s’explique aisément par l’évolution de la société, mais aussi par le tourbillon politique qui est né des affres de la seconde guerre mondiale. En réalité, et sans refaire l’histoire de notre système éducatif, il faut retenir une date-clé : 1968. C’est principalement dans les années qui ont suivi qu’une épidémie a commencé à sévir, celle du grand bouleversement. Il n’était plus question de considérer l’école comme un héritage, comme un patrimoine qui formait le socle sur lequel avait pu s’édifier notre République. Il fallait tout changer. Le temps des réformes profondes et révolutionnaires pour abattre l’ancien monde et construire le nouveau était venu. Malheureusement, avec un peu de recul, on s’aperçoit que ces quarante dernières années ont vu naître puis disparaître au gré des modes pédagogiques un florilège de réformes dont la principale caractéristique fut de se contredire les unes les autres. Le vieux navire de l’école, habitué à tracer sa route au milieu des tempêtes, tanguait soudain sous les coups de boutoir d’une politisation effrénée. L’esprit de liberté et d’égalité voulu depuis Condorcet et Jules Ferry pour faire de l’école le creuset de la formation des hommes et des citoyens se trouvait alors asservi par les réformateurs pour promouvoir leur idéologie politique. En 1977, dans le quotidien Le Monde, on pouvait lire le projet pour l’école de la FEN (Fédération de l’Éducation nationale) avec ces mots : "La FEN a fait un choix essentiel : celui d’une société socialiste." L’école, instrumentalisée par le pouvoir politique, devenait la chambre d’enregistrement de toutes les élucubrations des auteurs des nombreuses réformes qui s’ensuivirent, ceux-là mêmes qui inventeront toutes les méthodes destinées à formater les futurs citoyens, j’ai nommé les pédagogistes. Ces personnages font depuis lors la pluie et le beau temps au ministère de l’Éducation, entraînant, par leur démagogie et sous le couvert de propos hypocrites, le vieux navire vers le fond dans un délire permanent. Mais, avec lui, c’est notre école républicaine qui sombre corps et biens et l’acharne- ment de ceux dont l’honneur voudrait au contraire qu’ils missent tout en œuvre pour le renflouer est exemplaire. C’est cette époque, ces quarante années de déséducation massive que j’ai vécues de l’intérieur et dont je souhaite témoigner. »

 

Jean-Noël Robert, Témoin de la déséducation nationale

 

 

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