12/01/2018
Politiquement incorrectes, les réformes de Trump sont un succès pour l'économie américaine
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Un an après l'arrivée fracassante du nouvel occupant de la Maison-Blanche, l'économie américaine est au beau fixe. Nicolas Lecaussin décrypte les réussites de la politique fiscale de Trump.
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Nicolas Lecaussin est directeur de l'IREF (Institut de Recherches Économiques et Fiscales, Paris).
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Dans un éditorial publié en 2016, avant le changement à la Maison Blanche, l'économiste Paul Krugman, titulaire du prix Nobel, écrivait: «Si Trump est élu, l'économie américaine va s'écrouler et les marchés financiers ne vont jamais s'en remettre». Un an après sa prise de fonction, le président Trump est à la tête d'un pays en plein boom économique, et dont l'indice boursier a battu tous les records.
On m'objectera que Trump est provocateur, imprévisible, irascible. Qu'il ne peut pas s'empêcher de tweeter tout (et surtout n'importe quoi). Mais si l'on regarde les faits, et uniquement les faits, un constat s'impose : on ne peut pas trouver dans l'histoire récente des Etats-Unis un président ayant mené à bien autant de réformes en un laps de temps si court. Même Reagan a mis trois ans à réformer la fiscalité américaine! Trump, lui, l'a fait en quelques mois.
Alors certes, « The Donald » n'a pas réussi à démanteler complètement l'Obamacare, suite aux oppositions rencontrées dans son propre parti ; mais sa réforme fiscale inclut la fin du «mandat individuel», cette fameuse obligation de souscrire à une assurance santé. Plus exactement, l'amende pour le non-respect de cette obligation est supprimée par la réforme.
Cette mesure était nécessaire. En 2009, les conséquences de cette mesure coercitive, emblématique de la présidence d'Obama, ne s'étaient pas fait attendre. Il y avait eu d'énormes bugs informatiques qui ont découragé des millions de personnes de souscrire en ligne. Puis des millions d'Américains ont été contraints de résilier leur assurance privée, alors que nombre d'entre eux n'en ressentaient nullement l'envie. Depuis 2009, plus de 2 400 pages de réglementations se sont accumulées pour réguler le fonctionnement du système. Le président Obama avait promis de baisser les franchises de santé grâce à ce programme, mais ce fut tout le contraire: elles ont augmenté de 60 % en moyenne. Les primes d'assurance ont bondi dans l'ensemble de 25 % (et même jusqu'à 119 % dans l'état d'Arizona).
Les assureurs ne s'en sortaient plus à cause des réglementations très strictes qui leur ont été imposées. Obama avait aussi promis de baisser le prix de l'assurance santé d'environ 2 500 dollars par famille et par an ; en réalité, le prix a augmenté de 2 100 dollars! Trump met fin à cette dérive en ouvrant le système un peu plus à la concurrence et en donnant aux Américains la liberté de choisir.
Ce n'est pas tout. La réforme fiscale adoptée par le Congrès des États-Unis contient de nombreuses mesures audacieuses, que les Américains attendaient. Par exemple la baisse de la taxe sur les bénéfices des entreprises (de 35 % à 21 %), qui s'accompagne d'une déduction fiscale généreuse pour les entreprises dont les profits ne sont déclarés qu'au travers des revenus de leurs propriétaires. Plusieurs taxes ont par ailleurs été supprimées, comme la taxe minimum de 20 % sur les bénéfices effectifs.
Surtout, le président Trump a entamé une vaste opération visant à rapatrier entre 2 000 et 4 000 milliards de dollars de profits placés à l'étranger, en diminuant la taxe sur ces profits de 35 % à moins de 15 %.
Autre mesure symbolique: la suppression de la taxe sur les héritages au-dessous de 10 millions de dollars satisfait une large partie de l'électorat républicain.
Certains Etats dont la fiscalité est particulièrement élevée, comme la Californie, seront également obligés de se réformer pour faire face à la suppression de certaines déductions fiscales. Leurs habitants ne pourront plus en effet déduire l'impôt sur le revenu local de leurs impôts fédéraux.
Plusieurs mesures abolissent l'interdiction des forages de pétrole en Alaska. À l'heure actuelle, Trump a ouvert toutes les possibilités d'exploitation sur le continent américain, ce qui fera du pays l'un des principaux exportateurs de matières premières. Trump se positionne ainsi en ennemi du politiquement correct et reste méfiant à l'égard des gourous du réchauffement climatique. Il a été le seul à avoir le courage de se retirer de la COP 21, cette mascarade coûteuse qui consiste à organiser de gigantesques réunions de chefs d'État aux frais des contribuables. Il a supprimé la prime à la voiture électrique (pour une économie de 7 milliards de dollars) ainsi que les subventions aux parcs d'éoliennes.
Enfin, Trump s'est attaqué aux réglementations. Entre janvier et décembre 2017, il a supprimé la moitié (45 000) des pages que contient le Code des réglementations. Plus de 1 500 réglementations importantes ont été abolies, dont beaucoup dans le domaine de l'environnement. Les économies obtenues sont estimées à plus de 9 milliards de dollars. Faisant fi des protestations, il a libéré le secteur d'internet de plusieurs contraintes anachroniques.
Au plan international, Trump s'oppose à la Chine dont les pratiques commerciales douteuses ont fait l'objet d'enquêtes de la part de Washington. Mais cette position juste face aux Chinois ne devrait pas conduire la Maison Blanche à cautionner des mesures restrictives de la liberté du commerce et des échanges, qui risqueraient de peser sur la croissance américaine et même mondiale. On songe ici à la proposition faite par la Chambre des Représentants de faire payer aux multinationales une taxe de 20 % sur les achats faits à des filiales étrangères de leur groupe. Ou encore, celle du Sénat de réimposer les sociétés américaines au taux de 13 % sur les services facturés de l'étranger par les sociétés du groupe.
En tout état de cause, en ce début janvier 2018, l'économie américaine semble partir sur des bases solides. Le troisième trimestre de croissance s'est élevé à plus de 3 %, et le taux de chômage est au plus bas, à seulement 4.1 % (2.1 millions d'emplois créés en une année, du jamais vu depuis 1990), et même à 6.8 % pour la population noire, un taux qui n'a jamais été si faible depuis 1973.
Les effets des baisses d'impôt se font d'ores et déjà sentir: des entreprises comme AT&T, Comcast, Wells Fargo, Boeing, Nexus Services ont annoncé des primes et des hausses de salaires.
Le pire ennemi de Trump est certainement lui-même. Cet homme d'affaires n'est pas un politicien professionnel. Saura-t-il alors se contrôler, pour continuer à remettre l'Amérique sur les rails et mépriser l'idéologiquement correct, sans se laisser aller à des provocations futiles ?
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Source : Nicolas Lecaussin pour Le Figaro le 09/01/2018
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